Olivier Alary n’en est pas à son premier coup d’essai. Triturer les sons, il connaît. Il avait collaboré avec Björk pour ses albums Vespertine et Medùlla.
Ensemble est une expérimentation sonore douce et apaisante, renfermant en son sein des collaborations lascives avec Lou Barlow et Cat Power. Disque à ambiances, véritable petit cocon, l’album aux huit titres éthérés, est une invitation au repos.

« C’est un trou de verdure où chante une rivière,

...

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,

Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. » *

Mélancolie et vague à l’âme troublent donc ce doux nirvana. Pianos, nappes jazzy, arrangements grésillants, fragilité des voix, malaise. La légèreté du titre d’ouverture Summerstorm est mise à mal en ses derniers instants. L’électronique se fait plaintive, écrasant la guitare acoustique, noyant la tendre voix de Dame Mileece, et l’on sort bousculé de ce tunnel sonore.

Au-delà des compositions minimalistes, Still et Unrest (davantage des plages de transitions ambient), l’auditeur est emmené dans un maelström d’émotions fortes.
Rêves éveillés, hallucinations auditives, la dream pop d’Olivier Alary réserve mille et une nuits de surprises.
One Kind, Two Minds résume assez bien le processus créatif. Il n’y a pas qu’une seule lecture. Derrière les beats aériens, se terrent des affections insoupçonnées.
Collection homérique, Ensemble, vous convie à ne faire qu’un avec la musique. Ensemble, elle et vous vagabonderaient jusqu’à l’abattement, le souffle élégiaque de la dernière piste vous signifiant la fin du voyage. Vous êtes six pieds sous terre.

* Arthur RIMBAUD (1854-1891)