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Red Album

Red Album

Weezer

par Parano le 1er juillet 2008

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Paru le 3 juin 2008 (Geffen)

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Les établissements Interscope (Holding Geffen) sont fiers de nous annoncer la sortie de leur nouveau produit estival : le Red Album de Weezer. Ce produit est le fruit de trois ans de recherche, et doit remplacer, à terme, les versions antérieures de la machine à tube Weezer, sur le marché saturé de l’industrie musicale.

Rappelons l’historique du produit : En 1994, Geffen lançait un nouveau groupe destiné aux adolescents blancs de la classe moyenne occidentale, le Weezer. Le succès fut immédiat, dépassant les projections les plus optimistes. Le pari des ingénieurs était, certes, audacieux, mais la formule avait fait ses preuves : associer, dans un même packaging, mélodies sucrées et grosses guitares. La touche de génie résidait dans l’incorporation d’un composant totalement innovant, une technologie à la marge : la Geek attitude (Geek rules, Geek Power, Revenge Of The Nerds, si vous ne connaissez pas, demandez à un boutonneux à lunettes). La première version du produit, dite Blue Album, remporta l’adhésion du public cible, et renforça le capital crédibilité de la marque. L’enthousiasme faiblit un peu avec la version suivante, appelé Pinkerton. Les ajustements, destinés à faire entrer Weezer dans les produits vaches à lait, ne furent pas convaincants. Pourtant, ce semi échec auprès du grand public renforça le potentiel commercial du produit, auprès d’un segment de cible, jusqu’alors négligé : Les Emo (tifs, statiques et roïdes).

Les versions suivantes du produit Weezer furent médiocres, jamais innovantes, et la qualité s’en ressentit. Pourtant, le public continua de plébisciter la Geek attitude. Ce phénomène de fidélité à une franchise commerciale conforta l’attitude attentiste des ingénieurs de Geffen.
En 2005, la firme sortit ce qui devait constituer l’ultime version du prototype. C’est en tout cas ainsi qu’il fut vendu à une clientèle brusquement inquiète. Qu’y aurait-il après leur Weezer ? En dépit de l’inutilité flagrante du Make Believe, le succès fut encourageant, et la direction commerciale d’Interscope décida de pomper la Geek Attitude jusqu’à la moelle. Pour séduire une clientèle accroc mais capricieuse, elle demanda à ses ingénieurs de penser à quelques innovations.

Le Red Album se présente donc dans un emballage dérivé du pétrole (140 $ le baril) de couleur rouge, qui situe le produit dans la lignée de ses prédécesseurs (Blue Album, Green Album, Shit Album). La charte graphique propre à Weezer est respectée, puisqu’on peut voir nos quatre lascars, déguisés en village people, grimaçants sur la pochette, sous leur logo d’albâtre. Le message est d’une relative complexité : Le nouveau produit de la Geek Attitude est innovant, mais conserve les caractéristiques essentielles qui ont assuré son succès. Les équipes marketing ont bossés 6 semaines sur ce concept de « rupture dans la continuité » (piqué au parti socialiste français, groupuscule ésotérique d’un obscur pays d’Europe).

A l’usage, le Red Album ne déconcertera pas les utilisateurs habituels de la marque Weezer. L’ergonomie et l’architecture générale restent les mêmes (touche 1 bubble gum, touche 2 heavy rock, molette de réglage mélodique, le tout dans un format court en acier brossé). On notera tout de même quelques évolutions : processeur polyphonique corrigé (le composant Cuomo partage désormais la fonction « vocale » avec les autres modules du groupes). On trouvera également un switch révolutionnaire, qui permet d’enclencher un mode expérimental plutôt vain (The Greatest Man That Ever Lived), une manette hip hop, identique à celle des consoles Beastie Boys, et un module Fashion (Everybody Gets Dangerous, réplique du module Can’t Stop des Red Hot Chili Peppers). Pour le reste, l’utilisateur est en terrain connu : mode rock FM (Trouble Maker), mode acoustique (The Angel & The One), et contrôle turbo booster à destination des hit parades (Pork & Beans).

Reste à convaincre le public de claquer quinze euros dans un produit pas vraiment raté, mais totalement superflu. (Un conseil, ne jetez pas vos vieux Blue Album, ils peuvent encore servir.)



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Tracklisting :
 
1. Troublemaker (2’44")
2. The Greatest Man That Ever Lived (Variations on a Shaker Hymn) (5’52")
3. Pork and Beans (3’09")
4. Heart Songs (4’06")
5. Everybody Get Dangerous (4’03")
6. Dreamin’ (5’12")
7. Thought I Knew (3’01")
8. Cold Dark World (3’51")
9. Automatic (3’07")
10. The Angel and the One (6’46")
 
Durée totale : 33’15"