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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 20 juin 2006
paru le 17 mai 2006 (The Echo Label / PIAS)
Les gens en font une montagne : un best of pour un groupe aussi jeune et aussi tendre, sacrilège, etc... En quelques quinze années de répétitions, de musique et de succès en Grande-Bretagne, Feeder a acquis une réputation bien méritée d’honorable dilettante. C’est pourquoi le choix ne manquait pas d’être difficile pour cette compilation de singles. Rappelons qu’il y a des années-lumière de cela, pour les paléontologues de la presse britannique, Grant Nicholas et ses deux fidèles lieutenants n’étaient qu’un de ces sous-produits d’une chose alors à la mode, le rock US, et dont les poissons pilotes étaient The Smashing Pumpkins et Weezer. Descendus en flèche à l’export alors qu’ils jouissaient d’une agréable popularité chez eux, ces garçons avaient pourtant de quoi attirer l’attention : un solide noyau de fans dès les tous débuts du combo et un bassiste japonais (Taka Hirose) qui apportait une touche d’exotisme à l’ensemble.
Mais voilà, un constat s’impose : Feeder est trop respectable. Pas dans le genre où le monde se doit de s’agenouiller devant ces demi-dieux, mais plutôt dans leurs ambitions. Suite à un premier album aguicheur (Polythene en 1997), les trois gaillards sont devenus convenus et se mirent alors à distiller leurs titres calibrés pour les radios, alternant sous-Sum 41 et berceuses façon Fountains Of Wayne. Toutes les conditions sont donc réunies pour que The Singles se vende très bien en Grande-Bretagne, moins bien en Europe et pas du tout en Afrique (ces gens-là ont du goût et de l’instinct). Et l’on peut déjà visualiser la trajectoire qu’a parcourue Feeder : Cardiff - Glastonbury via Top Of The Pops.
Ce qu’on appelle ici de la musique moderne britannique sonne en fait comme du rock capitaliste que l’on écoute dans la Pontiac, entre l’aéroport et l’hôtel, histoire de faire bon genre. Tout n’est pas mauvais : Buck Rogers, Pushing The Senses et Yesterday Went Too Soon font office de bonnes chansons mais ne développent malheureusement pas de thèmes suffisamment consistants pour charmer l’auditeur. À la limite, leur meilleur titre serait le single paru en grande pompe pour cette occasion (celle qui consiste à compiler un groupe lorsque son contrat discographique arrive à expiration. Ridicule !) Lost & Found, nerveux comme un titre de The Cars et possédant une flamme que le reste des titres proposés ne recèle pas.
Peut-être y a-t-il des frissons à revivre le cauchemar de Stereophonics récitant, candide, son boogie à longueurs d’albums. Qui sait ? On devine que sans un renouvellement au niveau de la formule (toujours ce son punk rock californien et ce ne sont pas les quelques giclées maladroites de guitares qui arrangeront ici les choses) ou du répertoire (en fait, Feeder compose toujours les deux mêmes chansons), le combo risque de se retrouver dans une voie sans issue. Comme quoi, dans le domaine du rock aussi les meilleures choses ont une fin. En tout cas, les braqueurs se rabattront quant à eux sur autre chose de plus sincère plutôt que de replonger dans cette citerne d’eaux usées.
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