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When The Going Gets Dark

When The Going Gets Dark

Quasi

par Psychedd le 27 juin 2006

4,5

sorti le 20 mars 2006 (PIAS)

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En toute sincérité, je ne connais absolument pas Quasi. C’était avec un peu de méfiance et beaucoup de curiosité que j’ai accepté de chroniquer ce disque qu’on me présentait comme « un chef-d’œuvre psychédélique tordu ». Psyché, il l’est (pas comme un vrai disque psyché des années 60 bien sûr, il faut savoir vivre avec son temps non ?) ; tordu, il l’est également. Dans le très bon sens du terme. Quelle claque, mes amis !

Le temps de me renseigner un peu, je peux aujourd’hui vous présenter ce groupe, composé de Sam Coomes (chant, guitare, claviers) et de Janet Weiss (chant, batterie, claviers et aucun rapport avec la Janet de The Rocky Horror Picture Show). Apparemment amis d’Elliott Smith, des Go-Betweens ou de Built To Spill, ils semblent avoir une sacrée réputation du coté de chez nos amis anglophones, qu’ils soient anglais (Mojo, NME et The Sun, entre autres, ont chroniqué ce disque) ou américains, ce duo étant originaire de Portland dans l’Oregon... Avec When The Going Gets Dark, ils signent là leur septième album (le premier date de 1996) et ont, semble-t-il, décidé de quitter un peu la pop pour loucher vers un rock un peu plus lourd, mais contenant toujours pas mal de folie. La personnalité de ces deux musiciens ne semble pas y être étrangère. Sam Coomes surtout, qui signe la quasi (haha) totalité des chansons de l’albums. Grande particularité de ce multi-instrumentiste, il a d’abord joué d’un clavier extrêmement rare, mélange d’un orgue et d’un harpsichord que l’on appelle un roxichord et utilise bien volontiers les multiples effets de distorsions de cette drôle de machine, avant de le remplacer par un synthé qui l’imite parfaitement tout en faisant pleins d’autres sons assez intéressants. D’où le côté un peu psyché peut-être...

Parce que, même après avoir lu que l’orgue est moins présent sur ce disque que sur les précédents, on peut néanmoins l’entendre tout au long des 11 morceaux, complètement déstructuré, complètement barré, complètement tordu (puisqu’on vous le dit !)... Et il fait une bonne partie du charme de l’album, pour un peu qu’on soit sensible à ce genre de sonorités très particulières. Bien sûr, Melle Weiss n’a pas à rougir de ses talents de musicienne, tant son beat est impeccable et tant sa voix possède un certain charme (et en plus, elle se marie très bien à celle de son compagnon).

Pas seulement dingue, le disque est aussi une réaction au contexte politique actuel aux États-unis, on comprend mieux qu’ils soient passés du côté plus obscur de la pop. On le ressent d’autant mieux avec le morceau d’ouverture (Alice The Goon), chargé d’énergie, presque menaçant, mais qui met directement dans l’ambiance : soyez prêts à vous en prendre plein les oreilles. Promesse tenue avec The Rhino, charge efficace à en tomber à la renverse. Mais qu’est-ce que ça fait du bien ce genre de découvertes ! Et si vous voulez une forme de psychédélisme autre que celui de la musique, il faudra se pencher sur le leitmotiv typiquement 60’s, scandé par Coomes dans Peace & Love, qui sans ringardise aucune, réactualise ce slogan et le rendrait presque de nouveau hype (là, plus question de pattes d’éph’ et de patchouli, vous avez un vrai cri du cœur, en réaction à toute la politique martiale américaine). Il n’y a bien sûr pas que les claviers qui font tout le charme de l’album, les guitares sont particulièrement excellentes. Parfois saturées, déflagration sonore à vous retourner le crâne, elles sonnent soudainement comme un petit sitar (Poverty Sucks), savent se montrer tendres et aident à créer toute cette ambiance si particulière. Et pour faire encore plus fort (et me plaire toujours plus) Quasi est en plus capable d’inclure des parties purement instrumentales louchant sérieusement vers le jazz ou l’expérimental (qu’un fan de Soft Machine ne pourrait renier, écouter le début de Merry X-Mas pour s’en persuader). Et pour compléter tout ce déchaînement d’émotions, quoi de mieux qu’une conclusion toute en douceur, idéale pour achever un album (Invisible Star).

Certes, les fans de la première heure vous diront que le groupe arrive à se renouveler sans apporter un changement extraordinaire. Ils vous diront aussi que cet album est bon mais qu’il est loin d’être le meilleur. Et bien je ne suis pas encore fan, mais si les premiers albums sont encore plus forts que celui-ci, je pense que je vais vite le devenir ... Car ce n’est définitivement que du bonheur !



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Tracklisting :
 
1- Alice The Goon (4’15")
2- The Rhino (2’35")
3- When The Going Gets Dark (4’05")
4- I Don’t Know You Anymore (2’59")
5- Peace And Love (2’44")
6- Beyond The Sky (4’02")
7- Presto Change-O (3’07")
8- Poverty Sucks (3’23")
9- Merry X-Mas (5’42")
10- Death Culture Blues (4’51")
11- Invisible Star (5’07")
 
Durée totale : 42’50"