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And Also The Trees

And Also The Trees

And Also The Trees

par Oh ! Deborah le 5 décembre 2006

4,5

paru en 1984 (Reflex Records)

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Lorsque Simon et Justin Huw Jones décident de bâtir And Also The Trees, ils ont l’intention de frapper fort, ils ont décidé d’être impressionnant et d’extraire toute leur violente douleur. Les frères s’entoureront de Steven Burrows et Nick Havas, et ce groupe, pourtant représentatif d’un son typique de son époque, restera longtemps dans l’indifférence totale au profit des tubes indigestes ayant le triste monopole d’une autre représentation 80’s. S’inscrivant dans une tradition purement gothique, le groupe trimballera ses quelques fans pour la plupart allemands et français comme une famille de goths malfamés qui sont souvent atroces.

Mais l’important, c’est qu’ And Also The Trees est peut-être le seul album à pouvoir rivaliser avec les premiers Cure. En novembre 1983 (mois très approprié), le groupe vient de sucer le sang de Pornography comme du petit lait et s’apprête à son tour à enregistrer des titres bouleversants sans être conçus à partir des mêmes intentions. Toutefois, la ressemblance se trouve dans le style, celui qui est mis à nu, direct et rouge vif, comme les ambiances glaciales qui barricadent leurs idées noires. D’ailleurs, Robert Smith n’en reviendra pas, il approuvera les textes poétiques de Simon H. Jones, choisissant le groupe en première partie des Cure en 1981. Après quoi, Lol Tolhurst produira cet album diabolique et criant d’authenticité.

And Also The Trees racontent des choses étranges. Et on se doute bien qu’ils n’ont pas été épargnés (eux non plus) par la brume opaque et le ciel hivernal abattant leur petite commune du Worcestershire en Angleterre. Ainsi, ils fabriquent leurs chansons comme des contes ruraux et sordides parce que leur village habite sûrement des personnages ermites et rôdeurs, fantasme de leur imagination s’inspirant aussi des histoires médiévales. D’où un véritable romantisme et un sacré talent pour les sonorités lugubres ainsi que les supplices cold-wave qui plombent leurs chansons massacrantes. Euphémisme à l’écoute de So This Is Silence ou le refrain de The Tease The Tear, manifestations absolues d’une perte de contrôle mental. Toujours, la voix produit un effet de classe grave et divine provenant d’un gentleman venimeux lorsqu’il n’est pas un ogre partagé entre sa férocité et sa sensibilité douloureuse.

Ici, rien ou presque ne peut laisser indifférent tant la créativité débordante est mise au service d’une véhémence profanatoire ou d’une guitare lancinante, translucide et digne des plus grandes ballades mélancoliques de la new wave. Je veux parler de Talk Without Words et surtout, de Shrine. La splendide qui se meut dans le souvenir amarescent des histoires finies, échouées. Avec sa mandoline romanesque et voilée, elle fait mine grise d’attendre l’apaisement idéal après ce déballage alarmant.

And Also The Trees déclare sa flamme incendiaire à l’auditeur, ayant pour seuls recours le combat et l’artillerie lourde aiguisant les guitares, faisant les basses rauques et les rythmes massifs, en vue de nous jeter à la face leur affirmation existentielle. Un album contenant à la fois le besoin primaire d’un premier, et l’expérience ingurgitée d’un compositeur déjà alerte et d’avance illustre. Une dizaine d’albums perpétuera son goût pour les ténèbres et les milieux nocturnes, sans toutefois qu’ils soient aussi incisifs.



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