À l’heure du revival new wave particulièrement en vogue outre-Manche, The Black Neon s’essaye à l’exercice pour ce premier album en dirigeant le regard vers le tristement oublié krautrock. Entre psychédélisme et pop empreinte de cette fameuse angoisse urbano-industrielle en d’autres termes. Et comme il est souvent bien dommage de ne faire les choses qu’à moitié, c’est à Berlin - comme a pu le faire un Iggy Pop encouragé par Bowie il y a maintenant quelques décennies - que cet Arts And Crafts a été enregistré, le soutien venant ici d’un ancien membre d’Ash Ra Tempel.

Un coup de main qui, à l’exception de la brève durée des morceaux, se fait entendre très nettement dans certaines pistes. Il en est ainsi de Cast That Light pour prendre l’exemple le plus flagrant, intrigante brume qui reste en suspension le temps de quelques minutes avant d’être désintégrée par le mécanique et relativement mauvais The Truth.

L’album se trouve succinctement résumé en cet enchaînement maladroitement négocié. Alors que l’oreille, flattée par un retour au psychédélisme habilement enlevé, commence à frémir, l’irrégularité de l’objet se fait indéniablement frustrante. La piste d’ouverture (Ode To Immer Wieder) a le mérite d’annoncer clairement la couleur allemande mais n’a rien d’exceptionnel, tandis que son successeur, Ralph And Barbara, prend la relève de façon tout à fait jouissive, en perdant toutefois quelque peu cette empreinte incisive.

Ne boudons pas notre plaisir pour autant, ce disque est frais, d’une fraîcheur oppressante qui peut sans conteste faire penser que The Black Neon a de beaux jours devant lui sur la scène indie rock. Et ce malgré une poignée de faux pas coupables (l’inutilement violent TX81Z...). La fin de l’album n’est pas des plus intéressantes. Shoot Me Into The Space s’envole avec majesté mais s’effondre complètement sous le poids d’un chant profondément désolant, Hollywood 1,2 And 3 n’est quant à lui ni bon, ni mauvais.

The Exit fait reprendre l’élan d’optimisme précédemment éclos, pour une fermeture certainement à la hauteur du groupe. Un groupe qui joue les montagnes russes avec ce premier essai, mais les montées, sans être vertigineuses, sont néanmoins virevoltantes.