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Automatic For The People

Automatic For The People

R.E.M.

par Brice Tollemer le 6 avril 2009

Paru le 5 octobre 1992 (Warner Bros).

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Athens, Georgie, 1980. Michael Stipe rencontre Peter Buck dans le magasin de disques dans lequel ce dernier officie. Ils découvrent qu’ils ont énormément de goûts musicaux en commun, dont Patti Smith et le Velvet Underground. Ils font ensuite la connaissance de Mike Mills et Bill Berry, jouent leur premier concert le 5 avril de la même année pour l’anniversaire d’un ami et tournent par la suite dans le sud des Etats-Unis. Winston-Salem, Caroline du Nord, 1981. Après avoir adopté R.E.M. (Rapid Eye Movement) comme nom de groupe, le quatuor enregistre son premier single, « Radio Free Europe », qui devient rapidement un succès à travers le pays. 1983. R.EM. signe avec IRS Records et sort son premier album, Murmur. 1988. Après cinq albums, un succès certain et une reconnaissance critique, le groupe rejoint la Warner, en réalisant Green. 1991. « Losing My Religion » et « Shinny Happy People », issus de l’album Out Of Time, propulsent irrémédiablement le groupe sur le devant de la scène internationale.

Automatic For The People est le huitième album de R.E.M. Et les formations rock capables de produire une œuvre d’une telle qualité et d’une telle sensibilité à ce seuil déjà avancé de leur carrière doivent se compter sur les doigts d’une seule main. Ce disque est un exemple parfait d’aboutissement artistique, de succès commercial et de préservation d’une intégrité non-feinte. Le groupe a réussi à proposer un savant mélange de maturité, de mélodies pop, tout en parvenant à dégager une atmosphère sobre et mélancolique, en gardant une légèreté certaine, propre au groupe d’Athens. Cependant, la volonté première de Buck, Mills et Berry était de prendre l’orientation d’un rock beaucoup plus dur et affirmé que ne l’avait été Out Of Time. Michael Stipe prend connaissance d’une trentaine de démos au début de l’année 1992. Essentiellement acoustique, Automatic bénéfice également d’un arrangement de cordes proche de la perfection, puisqu’il est signé John Paul Jones, tout simplement. L’ancien bassiste de Led Zeppelin est pour beaucoup dans la justesse de ballades comme « Drive » qui ouvre l’album, ou bien encore dans le tube interplanétaire « Everybody Hurts ». "L’album évoque le difficile passage à la trentaine, évoquera plus tard Peter Buck, le monde dans lequel nous évoluions avait disparu, celui de Hüsker Dü et des Replacements, tout s’était évanoui…L’endroit était subitement devenu..différent".

When the day is long and the night, the night is yours alone,
When you’re sure you’ve had enough of this life, well hang on
Don’t let yourself go, ’cause everybody cries and everybody hurts sometimes

C’est ce sentiment diffus d’adieu à l’adolescence et d’entrée inévitable dans l’âge adulte que l’on retrouve notamment dans « Everybody Hurts » qui évoque le passage douloureux et non-souhaité de cet âge d’or naïf et sacré vers une période qui fleure bon l’ennui et les responsabilités, où le cynisme remplace l’innocence, où le souvenir prend la place du moment présent. A la rage nihiliste de « Smells Like Teen Spirit », « Everybody Hurts » répondait en célébrant le spleen de cette teenage riot. Si l’album contient malgré tout des titres enlevés comme « The Sidewinder Sleeps Tonite », « Ignoreland » et « Man On The Moon » (écrite en hommage au comédien Andy Kaufman et qui donnera le titre du film de Milos Forman, avec Jim Carrey), « Monty Go a Raw Deal », « Star Kitten », « Nightswimming » et « Find The River » continuent de prolonger habilement ce romantisme crépusculaire, où l’astre pourtant jeune de nos rêves adolescents disparaît dans l’horizon lointain d’un avenir qui s’annonce déjà vieux.



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1. Drive (4’31’’)
2. Try Not to Breathe (3’50’’)
3. The Sidewinder Sleeps Tonite (4’06’’)
4. Everybody Hurts (5’17’’)
5. New Orleans Instrumental No.1 (2’13’’)
6. Sweetness Follows (4’19’’)
7. Monty Got a Raw Deal (3’17’’)
8. Ignoreland (4’24’’)
9. Star Me Kitten (3’15’’)
10. Man on the Moon (5’13’’)
11. Nightswimming (4’16’’)
12. Find the River (3’50’’)
 
Durée totale : 48’52’’