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par Thibault le 5 mai 2009
Paru le 14 avril 2009 (Alive Records)
Pour ce deuxième album de Radio Moscow le casting n’a presque pas changé. Parker Griggs et Zach Anderson tiennent toujours guitares, micro et batterie pour le premier (c’est assez vexant, d’ailleurs), basse pour le second, la seule nouveauté est que le duo s’est également occupé de l’enregistrement et de la production du disque, qui étaient assuré par Dan Auerbach des Black Keys sur leur très prometteur premier opus. Les premières écoutes de Brain Cycles sont aussi jubilatoires qu’agaçantes. Chaque morceau est plus que bon, la plupart sont excellents, mais là où Radio Moscow déçoit, c’est parce que le groupe ne s’est pas vraiment émancipé de ses influences. A l’écoute de leur premier opus on imaginait tenir LE groupe à ne pas lâcher, le grand truc quoi. Et à l’écoute de Brain Cycles, on est partagé entre deux attitudes. D’un côté on saute partout en roulant des yeux et en hurlant sa joie de vivre en 2009 tellement que c’est de la bombe bébé, et de l’autre on fait celui qui garde la tête froide en toute circonstance, et analyse méticuleusement : « bon okay, c’est du rock hendrixien quoi ! Bien foutu certes, mais bon, y’a-t-il de quoi se mettre la rate au cours bouillon ? »
Parker Griggs et Zach Anderson ont en effet fait un album sous très haute influence du Voodoo Child. Si l’on ne fait pas attention à la voix, on a parfois l’impression d’entendre des outtakes d’Electric Ladyland tant le jeu de guitare de Griggs piétine les plates bandes du Jimi avec des rangers pointure 47. Mais c’est là le plus pernicieux, il le fait tout en gardant une vraie patte personnelle, ce qui fait tout l’intérêt du disque, bien sûr. Ce qui est absolument jouissif, c’est sa capacité à glisser plein de références hendrixiennes, clins d’oeils voulus ou tics de compositions, peu importe, dans des riffs et solos impeccablement joués. Des moulinets de wha wha sur Hold on Me, des motifs à la Gypsy Eyes par ci par là, des breaks façon Mitch Mitchell… Mais tout cela ne vire jamais à la superposition de plans éculés ou de détournements et d’effets gonflants parce que cachant un manque d’originalité et de fond. Brain Cycles est un album bien plus dans l’esprit d’un Reservoir Dogs que dans celui d’un Death Proof, c’est une œuvre entièrement composée. Des titres comme Just Don’t Know ou le morceau éponyme en attestent, Radio Moscow sait faire de véritables chansons aux riffs musclés, pleins de groove, témoins d’un vrai touché. Les parties de batterie montrent un sens du beat et des rythmes autrement plus élaboré que la moyenne, riche en accélérations et en chevauchées de toms et cymbales totalement jouissives. On serait tenté de dire que de son côté Zach Anderson se foule moins. Il est vrai que son jeu de basse est nettement moins expansif, mais on peut également le voir comme une soupape de sécurité, de manière à éviter que les morceaux explosent en plein vol pour cause d’hyperactivité virant au final à la confusion générale.
Ainsi, pour continuer les comparaisons avec le septième art, Brain Cycles s’impose de la même manière que s’imposait un film comme American Gangster de Ridley Scott, à savoir comme deux relectures ultra classes, soignées et personnelles de leurs genres respectifs. Tout y est : grattes vintage, psychédélisme sympa parce que ni dégoulinant ni prétendument subversif (aucun blabla racoleur sur les drogues), épaisseur blues (l’excellent 250 Miles et son break scotchant, ou l’acoustique Black Boot, petite merveille de poche), production au cordeau idéale, rythme haletant, pas grand-chose à redire. Alors, oui ça sonne vachement Hendrix, oui ils peuvent faire encore mieux, on attend le jour où ils auront complètement dépassé leurs influences, mais ça n’en reste pas moins excellent ! Brain Cycles s’impose comme un impeccable album de blues rock psyché, qui ne démérite pas devant les références Disraeli Gears, Kapt. Kopter and the (Fabulous) Twirly Birds ou Electric Ladyland.
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