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mercredi 15 avril 2015
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par Giom le 31 juillet 2006
paru le 22 mai 2006 (Ruminance / PIAS)
Chevreuil n’en est pas à son coup d’essai. Capoëira (du nom d’un art martial brésilien, mais là n’est sûrement pas l’important) est même le quatrième album du duo de la région nantaise. Pourtant ce groupe, malgré une reconnaissance internationale (un EP, Science, est par exemple sorti au même moment que Capoëira dans les bacs japonais), reste encore peu (ou du moins pas assez) connu des amateurs d’un rock hybride et futuriste. Car Chevreuil est un groupe expérimental, voire radical, mais c’est bien ce qui fait sa force.
En dix morceaux et un peu plus de 34 minutes, la musique de Chevreuil explore un panel de sonorités extrêmement varié pour le peu d’équipement instrumental dont le groupe dispose. Le pari est bien là et est magnifiquement tenu de faire du minimalisme le plus total (guitare, batterie, amplis, attention on est cependant très loin des White Stripes !) la source d’une fusion musicale féconde et déconcertante. On en est même à se demander quel est leur secret. Car la musique proposée est dense et refuse les élans d’improvisation non pensés et repensés. Ici, les instruments sont de véritables mutants qui évoluent parfois violemment au cours de longues compositions bouleversantes. Mutation, la preuve en est avec la nouveauté instrumentale trouvée par le duo pour ce disque : la présence d’une « guitare magnétique », sorte d’hybride entre guitare et synthé qui aide il est vrai pour le rendu d’atmosphères dérangeantes et dérangées mais du coup dès plus fascinantes.
Parfois épique, voire martial (Gendarme) ou plus apaisé (Chanteur De Charme) mais en tout cas jamais en repos et toujours porteur d’une tension stimulante, l’album représentera un petit choc pour toute personne qui croit avoir déjà tout entendu et n’est pourtant pas encore passé par la case Chevreuil. Et si on se laisse prendre au jeu, le disque en vient à devenir totalement passionnant, foisonnant, plein de ressources et d’univers. Plus que du rock, du post-rock, de l’electro ou autres étiquettes forcément réductrices, Chevreuil dépasse les genres pour faire naître des sensations étonnantes. Chaque morceau laisse entendre plusieurs voix qui s’estompent comme elles sont venues pour au final former des édifices merveilleux de fragilité et de force.
Pour faire dans les références, on notera que le disque est produit par Steve Albini (dont le groupe ne semble plus vouloir se séparer depuis leur Chateauvallon de 2003), sorcier du son de Chicago aussi responsable de l’accouchement du dernier effort en date du groupe montréalais Godspeed You ! Black Emperor. Sur le dernier titre du disque, Solier Supérieur, les Nantais ont invité Jamie Stewart du groupe californien Xiu Xiu à composer avec eux. Mais toutes ces références ne sont là que pour vous inviter à foncer découvrir le travail de Chevreuil. Si la musique d’un tel groupe ne peut faire l’unanimité (et ce n’est pas grave !), en tout cas, elle ne peut pas laisser indifférent !
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