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Crosby, Stills & Nash

Crosby, Stills & Nash

Crosby, Stills & Nash

par Psychedd le 11 septembre 2006

3

Paru en mai 1969 (Atlantic)

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Dans sa chronique de Goodbye And Hello de Tim Buckley, Milner pose une question pertinente : Qui peut honnêtement écouter de nos jours les inepties que sont Guinnevere ou Lady Of The Island sans ricaner ?.
Réponse : moi !

Milner, cet article t’est dédié...

Ne diabolisons pas en permanence. Oui, Crosby, Stills & Nash, c’est encore plus fort que Les Feux De L’Amour (ils s’aiment, ils s’aiment plus, mais il s’aiment quand même...). Oui, leurs harmonies vocales étaient parfois douteuses en live. Oui, il est discutable d’avoir épousé Véronique Sanson par la suite... Mais CS&N, c’est aussi de beaux morceaux, de belles atmosphères et de petites pépites à la croisée du folk et du rock... Quand l’inspiration était là. Et ce premier album est tellement innocent qu’il serait dommage de les condamner d’entrée de jeu.

Innocent, car en 1969, ce groupe semble être le seul échappatoire possible pour Stephen Stills et David Crosby. Le premier est sérieusement fâché avec Neil Young, avec qui il joue au sein de Buffalo Springfield. Le second se prend méchamment la tête avec Roger McGuinn dans les Byrds. Ils collaborent une première fois ensemble en 1967, lors du Festival de Monterey : le moustachu rigolo doit remplacer au pied levé Neil Young qui a lâché son groupe... Apparemment, le courant passe bien avec le blondinet. C’est Crosby qui lui présentera Graham Nash, qu’il avait rencontré lors d’une tournée des Hollies en Californie. Ils tapent le bœuf et se rendent compte que leurs trois voix collent bien ensemble. Il n’en faut pas plus pour rallier le jeune britannique...

Il leur faut pourtant attendre 1969 avant d’enregistrer ce premier album. Acoustique, électrique, éclectique, défouloir pour deux gros ego qui ont été malmenés, le disque est comme un fourre-tout, où se côtoient effectivement bons comme mauvais moments. Pour l’instant, ils ne se font pas la guerre et tout semble fonctionner. Les harmonies vocales sont superbes, éthérées, et n’en demeurent pas moins techniques (faut essayer pour s’en rendre compte...). Et il faut bien ajouter que musicalement, Stephen Stills fait fort : guitare, claviers, basse, il fait tout, et il le fait bien. Crosby, quant à lui, est impeccable dans le rôle de guitariste rythmique, précis et carré.

Stills fait si fort que le disque s’ouvre sur la magistrale Suite : Judy Blue Eyes, qu’il a composée pour sa copine du moment, Judy Collins. D’entrée de jeu, 7 minutes où l’on découvre qu’une guitare acoustique peut être aussi efficace qu’une guitare électrique. 7 minutes de folk, presque du jamais entendu. Et loin d’être chiant comme un jour de pluie, le morceau rebondit, change et ne sombre jamais dans un sentimentalisme dégoulinant.
Á son actif, notons aussi Helplessly Hoping, superbe dans son dépouillement, les voix suffisent pour habiller cette chanson, juste en jouant sur les sonorités des mots eux-mêmes.

Crosby est lui aussi en verve, et sa patte est reconnaissable sur des morceaux aux ambiances moins légères que celles de ses deux collègues. Ainsi Long Time Gone, mais aussi Wooden Ships, écrite avec Stills. Un morceau un peu étrange, certainement le plus sombre, mais aussi l’un des meilleurs du disque, présenté lors de Woodstock comme étant « une sorte d’histoire de science-fiction... ». Amour, science-fiction et voyage à Marrakech, quand on disait que l’album est un véritable fourre-tout...

C’est d’ailleurs avec une chanson d’amour que Graham Nash s’en sort le mieux. Toujours pleine de pudeur et de douceur, Lady Of The Island serait dédiée à Joni Mitchell (ils reprendront d’ailleurs par la suite sa chanson Woodstock). Alors bien sûr, cet album n’est pas un chef d’œuvre de bout en bout, son aspect un peu brouillon peut déplaire, mais hormis Marrakesh Express que l’on peut oublier à tout jamais, tout tient la route. Le but de Crosby, Stills & Nash n’est pas de révolutionner la musique, loin de là, mais ils ont su créer une petite bulle de calme qui mérite que l’on s’y arrête, juste pour passer un bon moment et se laisser porter par une musique qui vient du cœur. Et c’est bien là l’essentiel...



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Tracklisting :
 
1. Suite : Judy Blue Eyes (7’22”)
2. Marrakesh Express (2’36”)
3. Guinnevere (4’43”)
4. You Don’t Have To Cry (2’43”)
5. Pre-Road Downs (2’59”)
6. Wooden Ships (5’22”)
7. Lady Of The Island (2’36”)
8. Helplessly Hoping (2’37”)
9. Long Time Gone (4’17”)
10. 49 Bye-Byes (5’15”)
 
Durée totale : 40’52”