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mercredi 15 avril 2015
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par Giom le 10 janvier 2006
paru le 24 octobre 2005 (Polydor)
À l’écoute de Cuts Across The Land, on est bien tenté de dire la phrase suivante, accompagnée d’un soupir lassé : « Encore un groupe de rock anglais de ce début de millénaire à la musique peu nuancée ! » Il est vrai que cet album ne brille pas par son originalité, les guitares rageuses et redondantes sont de sortie, les morceaux s’enchaînent, se ressemblent un peu tous et finissent par ennuyer l’auditeur, même parmi les plus ouverts à ce style. On a même le sentiment que l’album est trop long alors qu’il ne dépasse pas trois quarts d’heure.
Alors The Duke Spirit, nouveau clone de The Kills ? La comparaison s’impose par le fait que ce sont deux chanteuses qui mènent tambour battant leur formation respective. On y retrouve la même énergie rock et la même recherche constante d’intensité sur la durée. Mais, là où les Kills s’engouffraient avec plus de bonheur dans le concept d’un rock rentre-dedans et minimaliste, démarche artistiquement plus courageuse et originale lancée pas les White Stripes, The Duke Spirit propose une formation à cinq plus conventionnelle, multipliant les guitaristes qui, finalement, n’apportent pas grand chose à un édifice musical décevant et répétitif.
Certes, la volonté de s’inscrire dans une tradition garage rock est là. The Duke Spirit réveille le fantôme de Patti Smith du temps ou celle-ci avait quelque chose à dire. Les guitares furibondes rappellent l’énergie punk-rock des Stooges ou d’autres formations de la même mouvance. Le tempo ne baisse que très rarement mais on ressort du disque plus épuisé qu’autre chose sans avoir ressenti quoi que ce soit de stimulant. Fades In The Sun est, par exemple, représentatif de ce rock ultra-ressassé produit par le groupe et dont le seul mérite pourrait être son potentiel pour provoquer un pogo en concert, mais dont l’écoute chez soi sur disque n’est pas très intéressante. La chanteuse s’époumone sur des guitares poussives et sans beaucoup d’intérêt. Très moyen.
Bizarrement, les moments où The Duke Spirit pourrait quelque peu s’imposer correspondent aux morceaux les plus calmes de l’album. Durant certains instants du disque, comme sur Hello To The Floor, la musique se fait plus touchante, la voix grave et rocailleuse de Liela Moss prend de l’ampleur et une touche d’inspiration velvetienne vient parfois illuminer des compositions plus abouties. Lovetones est de cet acabit, morceau électro-acoustique où le chant réussit à donner un côté hypnotique à un morceau qui monte en puissance pendant quatre minutes enfin convaincantes. La composition s’achève dans un joyeux bordel noisy avant le retour d’une guitare mélancolique sur laquelle se termine le titre. L’auditeur se dit alors que tout n’est pas perdu et peut-être que ce premier disque du combo n’est qu’un coup d’essai encore trop dépendant des modes musicales actuelles pour réellement s’imposer. Mais pour l’avenir, le groupe semble avoir le potentiel pour « personnaliser » sa musique et devenir un groupe qui compte. Qui vivra verra !
En tout cas, Cuts Across The Land ne fera pas parti des albums marquants de l’année 2005. Dommage pour les amateurs de cerfs et autres animaux des forêts, la pochette avait de quoi les ravir.
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