Sur nos étagères
D-Sides

D-Sides

Gorillaz

par Aurélien Noyer le 15 janvier 2008

3

Paru le 19 novembre 2007 (Parlophone)

Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte Imprimer l'article Envoyer l'article par mail

On commence à connaître la formule. Un album, un CD expliquant le concept et un CD de faces B. Un procédé érigé quasiment en principe par Damon Albarn pour son cartoon band. Gorillaz, l’album, avait eu son G-Sides... A Demon Days, son D-Sides. Avec même un petit bonus, puisque ce dernier est carrément livré avec un deuxième disque rempli de remix divers et variés.

Je ne vous cacherai pas que ma première réaction a été de grogner. Mais qu’est-ce que j’allais foutre avec ce disque de remix ? Quitte à passer pour le schtroumpf grognon... J’aime pas les remix. Et c’est tout naturellement que je me ruais sur la première galette, avide de découvrir les compléments à ces petits bijous qu’étaient Feel Good Inc., DARE, Dirty Harry et Kid With Guns / El Manana. La force de Gorillaz, et en particulier avec Demon Days, était d’offrir une synthèse astucieuse et intelligente de pop, de rock, d’electro et de hip-hop. D’où une certaine attente en ce qui considère ces D-Sides. Même si on sait bien que les faces B sont en général des titres secondaires, des appoints permettant d’accompagner les singles sans leur voler la vedette.

Hélas... Trois fois hélas... Cette petite galette de faces B et d’inédits est loin de tenir les quelques promesses que l’on pouvait en attendre. Mis à part un ou deux titres sympathiques (notamment l’amusant Hongkongaton qui montre que le concept The Good, The Bad & The Queen n’est pas sorti de nulle part et Rockit sous totale influence Kraftwerk), le reste sonne surtout comme des bribes d’expérimentations, des ornements sans support ou des esquisses de titres jamais terminés. Le charme de Gorillaz consistait à unir mélodies pop et rythmes électroniques. Or dans ces D-Sides, on ne retrouve bien souvent que de frigides beats synthétiques qui semblent attendre de prendre vie. 68 State ou Bill Murray semblent ainsi tourner en rond. On savait Damon Albarn fan de dub depuis l’album Laika Come Home qui remixait les morceaux du précédent album version dub. Mais là, son intérêt frôle parfois l’obsession rédhibitoire. Sans compter que plusieurs titres sont construits à partir de sons déjà utilisés sur les morceaux de Demon Days... Dommage.

Paradoxalement, c’est le disque de remix qui sauve ces D-Sides. Certes, tout n’est pas parfait dans les copies des bidouilleurs bip-bip. On pourra ainsi fustiger le manque d’originalité dans le choix des morceaux par les DJs (3 remix de DARE et 3 de Kids With Guns sur 9 titres au total), sans compter que certains remix ne parviennent pas vraiment à se démarquer du titre original et peinent à montrer leur valeur autonome. Le Kid With Guns de Hot Chip, par exemple, est un calque de l’original avec quelques sonorités modifiées et pourrait aisément passer pour une alternate take du morceau. Heureusement, la présence de Jamie T et de Quiet Village pimente un peu la chose avec deux versions de Kids with Guns étonnantes. La première plonge le titre dans un chaos funko-jazzo-electro-hip-hop bienvenu et la deuxième transforme le titre de la chanson en un mantra hypnotique, scandé sur fond de percussions minimalistes et primitives.

On pourra aussi s’amuser de la version Schtung Chinese New Year de Dirty Harry. Instrumentations à base d’instruments chinois, paroles traduites en chinois... Doit-on y voir l’intérêt de Damon Albarn pour la musique chinoise (cf. son opéra chinois Monkey : A Journey To The West) ou une simple coïncidence ? A vrai dire, peu importe, tant le morceau qui justifie presque à lui tout seul l’achat de l’album (j’exagère peut-être un peu, là) est le "DFA remix" de DARE. S’il n’y a pas moyen de déterminer quel poulain du label DFA est responsable de ce remix, il est évident que le morceau porte la trace des champions du "dance-punk". Transformer cette petite bombe dansante qu’est DARE, en long trip paranoïaque de 12 minutes au milieu d’une discothèque peuplé d’entités cybernétiques autistes... il fallait oser.

Toujours est-il que, malgré une tel réussite, on ressent toujours un petite piqûre de mouche derrière la tête, à l’écoute de cet album. Et n’en déplaise à Marcellus Wallace, ce n’est pas l’amour-propre mais la déception. On savait Gorillaz capable de mieux et Demon Days n’hérite manifestement pas d’un recueil de faces B à la hauteur de ses qualités. Sachant que l’aventure discographique Gorillaz est terminée, que leur prochain disque sera la BO du film actuellement en production, on espère un chant du cygne un peu plus digne que ces D-Sides, fort sympathiques mais désespérément pauvres.



Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n'apparaîtra qu'après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom



Track-listing :
 
CD 1
1. 68 State (4:48)
2. People (3:28)
3. Hongkongaton (3:34)
4. We Are Happy Landfill (3:39)
5. Hong Kong (7:15)
6. Highway (Under Construction) (4:20)
7. Rockit (3:30)
8. Bill Murray (3:53)
9. The Swagga (4:58)
10. Murdoc Is God (2:26)
11. Spitting Out the Demons (5:10)
12. Don’t Get Lost in Heaven (Original demo version) (2:29)
13. Stop the Dams (5:39)
 
CD 2
1. DARE (DFA Remix) (12:14)
2. Feel Good Inc. (Stanton Warriors Remix) (7:24)
3. Kids with Guns (Jamie T’s Turns to Monsters Mix) (4:22)
4. DARE (Soulwax Remix) (5:42)
5. Kids with Guns (Hot Chip Remix) (7:09)
6. El Mañana (Metronomy Remix) (5:44)
7. DARE (Junior Sanchez Remix) (5:26)
8. Dirty Harry (Schtung Chinese New Year Remix) (3:53)
9. Kids with Guns (Quiet Village Remix) (10:08)
 
Durée totale : 1:57:09