Nouveautés
Dirty Executives

Dirty Executives

Ask The Dust

par Aurélien Noyer le 4 novembre 2008

3,5

Paru le 3 novembre 2008 (Autoproduit)

Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte Imprimer l'article Envoyer l'article par mail

On peut dire que les membres de Ask The Dust ne manque pas de courage. Premièrement, ils empruntent leur nom à un roman du trop méconnu John Fante. Deuxièmement, alors que la scène française se décompose (dans tous les sens du terme) entre la chanson française mollement rock et le remuant nouveau rock se voulant d’inspiration stoogienne mais ne parvenant qu’à plagier mollement Babyshambles, eux se tournent radicalement vers la new-wave la plus aride, délaissant les facilités dansantes du revival porté par un nombre incalculable de groupes electro-rock (Klaxons, Electric Six, Radio Four, MGMT, etc...). Troisièmement, ils abandonnent le schéma de carrière classique (démos, EP, démarchage auprès des labels, signature) pour tenter l’expérience de l’auto-distribution en suivant l’exemple de Radiohead, Nine Inch Nails ou Saul Williams : vous trouverez donc gratuitement leur EP sur leur site (www.askthedust.org).

Bien sûr, la gratuité n’implique nullement la qualité et je suis sûr que vous exigez toujours une bonne raison pour utiliser 30 minutes de votre vie à écouter un EP d’Ask The Dust. Vous m’obligez donc à faire un petit retour en arrière pour revenir sur le deuxième point qui me faisait dire que Ask The Dust est un groupe courageux : la musique. Disons que Ask The Dust fait de la new-wave... et il faut voir dans cette assertion plus une hypothèse, un éclairage potentiel voire une grille de lecture possible qu’une vérité révélée. Si elle est le fruit de nombreuses influences (notamment du shoegaze de My Bloody Valentine, The Jesus And Mary Chain ou plus récemment leurs confrères de A Place To Bury Strangers), la musique d’Ask The Dust recèle une composante qui me paraît particulièrement pertinente tant elle peut apparaître comme une évidence à l’écoute, mais dont on s’aperçoit en y réfléchissant qu’elle est extrêmement rare. Je parle donc ici de l’hémisphère sous-exploré de la new-wave, celui qui contient aussi bien le Low de David Bowie que le The Downward Spiral de Nine Inch Nails, la discographie d’Amon Tobin autant que Closer de Joy Division. Je suis bien conscient que nombre de puristes me reprocherait de regrouper des artistes aussi divers sous la dénomination de new-wave, surtout que ce terme sert communément à désigner la plupart des groupes de rock du début des années 80. Pourtant, si l’on accepte le dogme orthodoxe du rock qui voit dans la trilogie berlinoise de Bowie un des fondements de la new-wave, il suffit de constater l’évidente influence de cet album chez les artistes pré-cités pour les rassembler dans un mouvement new-wave dont la principale caractéristique serait d’utiliser conjointement instruments électriques et sonorités synthétiques pour créer une musique où le ressenti de l’auditeur est tout autant conditionné par la mélodie et le rythme du morceau que par l’ambiance entourant ces deux composantes.

Or, à l’écoute d’un titre comme Softly, il apparaît de façon flagrante qu’Ask The Dust peut se revendiquer comme un des nombreux enfants de Low. De même, lorsqu’il ne s’égare pas dans des intonations un peu trop emphatiques à mon goût (mais rassurez-vous, on n’est tout de même pas chez U2 ou Muse), le chant rappelle les modulations étranglées d’un Trent Reznor inspiré. Quant aux guitares, elles feront sans doute ronronner les amateurs de distorsion barbelées. Pour autant, la musique d’Ask The Dust ne se limite pas à un croisement entre Low et The Downward Spiral et expose quelques idées hybrides plutôt bien trouvées.

Au final, les quatre membres d’Ask The Dust réussissent plutôt bien là où beaucoup de groupes échouent, au niveau de ce paradoxe entre le jeu des influences comme ciment musical du groupe et la recherche d’une identité propre. Et même si deux titres (The Good Life et Everyone) peuvent faire grincer quelques dents (dont celles de votre serviteur) à cause d’un léger manque de saveur, ce n’est que par comparaison aux autres chansons de l’EP. On espère désormais un éventuel album pour voir de quoi ces quatre-là seraient capables sur un format un peu plus long.



Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n'apparaîtra qu'après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom



Track-listing :
 
1. Dirty Executives (4:23)
2. The Good Life (4:20)
3. Everyone (3:54)
4. Softly (4:02)
5. Hype&Cute (4:31)
 
Durée totale : 21:10
 
Album disponible sur le site de Ask The Dust : www.askthedust.org