Concerts
Festival Art Rock 2006 (23ème édition)

Saint-Brieuc

Festival Art Rock 2006 (23ème édition)

Les 2 et 3 juin 2006

par Milner le 20 juin 2006

23 ans et un succès grandissant : Saint-Brieuc nous propose comme cerise sur le gâteau le retour des légendaires Happy Mondays. Récit.

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Vendredi 2 juin 2006 : Cirkus

Une grande vague de lumière, la sublime voix de Neneh Cherry, le spectacle peut commencer. Pas facile de débuter Art Rock 2006 par ce concert, surtout lorsqu’il s’agit de tâter le pouls d’un festival. Les vingt premières minutes, on se demande ce qu’on est venu faire dans cette galère ... puis, ça se dégage doucement et l’avenir peu à peu semble moins sombre. Rappelons que Cirkus est un collectif electro composé de trois hommes (Matt Kent, John Tonks et Cameron McVey) et deux chanteuses (Neneh Cherry donc et Lolita Moon) qui propose alors une prestation étonnante. L’espace intimiste est sûrement la cause de cet envoûtement parce que par moment, on a l’impression de se retrouver au milieu d’une jungle de cristal. La basse et les percussions font un malheur et les sonorités entendues ce soir-là sont suffisamment originales pour que le public leur manifeste un vif intérêt à la fin du concert. Sur une route difficile mais ô combien attirante, Cirkus semble être la très bonne surprise electro de la saison des festivals à venir. Et un album devrait normalement sortir en septembre 2006. À bientôt, sans doute.

Samedi 3 juin 2006 : Katerine

Philippe Katerine monte sur scène accompagné de son groupe, et les quelques cinq cents personnes éparpillées sur le site Poulain Corbion flippent un peu. Est-ce la pâquerette qui orne les cheveux du chanteur, ou bien plutôt ses textes résolument français qui collent atrocement sur la musique entraînante du groupe ? Nul ne sait. Désormais épaulé d’anciens membres de The Little Rabbits, le groupe démarre en poussant tranquillement, avec les titres de son dernier album Robots Après Tout. Et puis les tempos moyens cèdent la place à une galopade irrésistible, les textes se font plus hilarants et décalés, le public s’emballe et chante à l’unisson. On dirait que notre homme a trouvé le truc pour rentrer en interaction avec son public. Basé essentiellement sur la théâtralité, Katerine aura montré un savoir-faire appréciable et sera sans aucuns doutes accueilli de la même façon sur les prochaines dates estivales. N’en déplaise à ceux qui trouve le concept pitoyable et pourri. Au supermarché, si je trouve que les tomates ne sont pas fraîches, je ne laisse personne me les vendre de force. Et comme ces trois jours s’apparentent à un supermarché du coup de cœur musical, je ne forcerai personne à écouter l’artiste. Mais, il y a de fortes chances pour qu’on en reparle dans les prochains mois...

dEUS

Les Belges sont de retour en Bretagne pour une performance attendue par une certaine partie de la foule. Passer après Katerine pouvait s’annoncer périlleux pour la bande à Barman mais tout se passera bien pour le groupe, auteur d’une bonne prestation. On a été d’autant plus heureux que l’écoute du dernier album (Pocket Revolution) donnait à penser que les dieux d’Outre-Quiévrain avait sacrifié à un relatif commercialisme. Comment cette formation a pu conserver son intégrité musicale reste un mystère. Mais, il serait malhonnête de ne pas constater un don pour composer les chansons qui ensorcèlent et celles qui remuent les sens. Il y eut des instants de rock bien gras, bien violents, et de merveilleuses chansons mid-tempo parfois au confint du trip hop. Ce fut bon de voir dEUS plébiscité par un public pas forcément totalement acquis à sa cause mais passionné, chaleureux, vibrant.

Yeah Yeah Yeahs

Sans la chanteuse Karen O, peut-être n’aurions-nous jamais entendu parler de ces new-yorkais. Car sans ses poses suggestives ou faire joujou avec le micro, la performance des Yeah Yeah Yeahs aurait sûrement été des plus convenues. Non pas que le concert était atroce mais le lien avec le public a vraiment semblé mince ce soir-là. La présence sur scène d’un quatrième larron avait donc pour but de décharger la belle et son écuyer de guitariste des tâches techniques pour privilégier l’engagement physique. Mais, paradoxalement, le fait qu’il reste de son côté a nuit en fin de compte à l’image cohérente et à l’impact du groupe. Pour le reste, le combo n’a pas changé, expédiant leur rock’n’roll à toute allure devant un public toujours aussi fanatique. Faisant la part belle au dernier album Show Your Bones, on a pu percevoir de solides compositions personnelles et au moins aussi bonnes que sur les précédents albums. Le final est assez explosif et à ce moment-là, les plus énervés craquent enfin, et tout le monde hurle, alors que les lumières se rallument déjà.

Happy Mondays

Ça aurait pu être pire... Le groupe aurait pu venir en Bretagne sans son chanteur. Ou alors sans le simiesque danseur aux maracas Bez, celui en qui certains ont voulu voire l’élément le plus important des Happy Mondays. Pas de promotions, ni séances d’autographes. Pas d’accès aux photographes durant le concert. Pour certains, ce fut une déception. Pour d’autres, des retrouvailles inespérées. On attendait sans doute la star, le personnage trouble aux contours erratiques. On a eu droit à un Shaun Ryder en petite santé, bouffi, maintenant fermement un verre de whisky coke à la main, le micro dans l’autre, et pour ainsi dire immobile. Avantage de la chose : il s’est retrouvé débarrassé du souci de convaincre, occupé à être lui-même et à ce jeu, il ne pouvait certes séduire que ses véritables amoureux. Seuls trois membres de la formation historique sont présents ce soir-là (les deux sus-nommés ainsi que le batteur Gaz Whelan) et la set-list est identique à leur récente prestation de Liverpool, ce qui s’apparente tout simplement en un best of gargantuesque (logique au vu de l’actualité de nos Mancuniens) : jugez-en plutôt ...

Loose Fit
Kinky Afro
Reverand Black Grape
God’s Cop
Jelly Bean
Step On
Playground Superstar
Hallelujah
Mad Cyril
W.F.L.
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24 Hour Party People

Oui mais voilà, la sono ne résiste pas à tout ce raffut et plombe légèrement les chansons puisqu’on a parfois du mal à distinguer la voix toute en puissance de la choriste (est-ce Rowetta ?) et les borborygmes de Ryder, qu’il place d’ailleurs en léger décalage sur la musique, comme si cela redonnait au personnage une image plus proche du chantre malade de la junk qu’il était devenu que de sa réalité du moment. En dépit de ces péripéties, le répertoire fut suffisamment conséquent et entraînant pour laisser une note positive de cette soirée. Et puis, pour bien nous montrer quel plaisir ils avaient de jouer, les membres reviennent donc pour un rappel de 24 Hour Party People qui fut étiré au maximum, histoire de prolonger le retour en France et en attendant peut-être un heureux événement vers la fin de l’année ?



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