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par Oh ! Deborah le 28 avril 2009
paru en 2004 (Labels)
Alors que The Bees fûrent rapidement l’apanage des journalistes et du milieu indie-rock qu’ils incarnent plutôt bien, ils n’hésitent pas à donner plusieurs de leurs chansons à des pubs pour du déo ou des voitures, tout en portant des barbes, des bonnets et des lunettes de hippies. Bienvenue dans le monde moderne. Où le rapprochement de deux mondes, la coexistence de deux attitudes supposées opposées devient ostentatoire. Ca jette un froid chez l’élitiste resté accroché à l’idée du rock indé telle qu’elle est apparue dans les années 80, et ça conforte la complaisante indifférence de la nouvelle génération indie (ouverte au mainstream mais pas trop quand même, fashion mais consciente), caractéristiques de notre époque. Les Bees restent néanmoins plus discrets, moins hype et moins fluos, bref moins modernes que MGMT, mais, avec comme paysage l’île de Wight et comme studio Abbey Road, Free The Bees avait donc fait (en 2004) quelques sensations dans les colonnes françaises et anglo-saxonnes.
Et pour cause, Paul Butler (membre de ce duo) produit magistralement cet album à la fois très rétro et plein de clarté, d’énergie, de fraîcheur qui font de ces morceaux chargés et multinstrumentalistes (piano, clavier, trompettes, clarinette, saxophone...) des perles dorées de pop et de rock psychédéliques. Car ici, tout le monde (dont les quatre musiciens appelés pour l’occasion) pose ses choeurs et joue des percussions. Avec Aaron Fletcher, Paul Butler réutilise de façon impressionnante toutes les couleurs et les thèmes des années 60 où se mêlent tour à tour, et parfois dans une même chanson, garage, funk et country-rock avec une pincée de ska, un soupçon de jazz, et toujours, la prédominance d’harmonies pop. Malgré tout, les structures prennent l’apparence d’une grande limpidité, tandis que des cris de fanfarons, d’animaux joyeux ainsi que des solos déglingés apportent leurs grains de folie aux multiples créativités. On décèle ici et là les Byrds, les Small faces, les Beatles de Rubber Soul ou de Sergent Pepper, Pink Floyd période Syd, bref, toute la crème des groupes sixties.
Et en plus de manier divers instruments et arrangements de façon distincte, le duo fait preuve d’une écriture sans faille dès l’ouverture carillonnante (These Are The Ghosts) jusqu’à la deuxième moitié plus modérée et planante (The Start, Go Karts, One Glass of Water) en passant par la superbe balade soul I Love You. Avec, au coeur de l’album une phase instrumentale terminant sur un reggae qui sétire vers des trompettes aériennes (The Russian). Un album parfaitement indomptable qui défile à une allure surprenante, un enchaînement où la cohérence prend le pas sur les différents styles et les différents timbres vocaux (tantôt crooners, tantôt agressifs, parfois psychés). Beaucoup ont pris le risque de copier leurs idoles, voulant ainsi marquer l’histoire de la pop. The Bees (nommés A Band of Bees aux Etats-Unis) remporte le pari de façon évidente le temps d’un petit chef-d’oeuvre des années 2000 et un grand des années 60.
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