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par Sylvain Golvet le 18 novembre 2008
Hermano n’attire pas les foules ce soir de novembre. Certes, le Trabendo est plein aux trois-quarts, mais on a déjà vu beaucoup mieux. Surtout qu’en tant que son of Kyuss, le groupe devrait pourtant faire l’unanimité auprès des amateurs de stoner et plus généralement de rock burné. Cependant, le groupe mythique de desert rock a tout du vrai groupe culte, avec un succès d’estime mais des ventes assez confidentielles. Alors, quand John Garcia, ex-leader de cette formation et aujourd’hui au chant pour Hermano, vient à la capitale, c’est une armée d’amateurs limitée certes, mais pas moins motivée.
Motivés, comme les deux groupes de la première partie. Die On Monday tout d’abord, formé depuis peu d’après eux-mêmes, et qui fait pourtant part d’une bonne maîtrise technique. Les compositions ne sont pas mal non plus, elles passent en tout cas bien mieux que les démos de leur MySpace, bénéficiant de la puissance du live. Le chant peut, lui, rebuter, mais les influences issues du rock lourd sont dans l’ensemble bien digérées. Avec Rescue Rangers, on monte encore d’un niveau. Ce trio marseillais vient défendre à la capitale son rock musclé et psyché, bien servi par un talent mélodique certain. Les morceaux sont puissants et variés, s’autorisant quelques audaces telles l’arrivée d’un didgeridoo sur un titre, ou des plages plus planantes.
Le set d’Hermano maintenant, et quel set ! Nerveux, puissant, pas de répit. Laissant ouvertement de côté ses morceaux les plus calmes, le groupe se concentre sur sa puissance de tir. Les velléités acoustiques du dernier album sont mises de côté, c’est plutôt à l’image de Dare I Say qu’ils envoient la sauce. Et ce dès le départ avec un Cowboys Suck qu’on se prend direct dans la mâchoire. Moins sinueux que Kyuss, moins lourd aussi, le son d’Hermano n’en est pas moins puissant, et surtout plus sec et direct. Auto-définis comme du heavy-blues, ils lorgnent aussi vers le punk, un peu à la manière d’un Motörhead. C’est assez loin d’être rachitique tout de même, en témoigne le groove massif et irrésistible de la section rythmique.
Mais ne croyez pas que John n’est qu’une brute sans nuances. Lui qui déclarait « Un son si lourd peut être joli également. […] C’est la musique que je me suis efforcé de jouer tout au long de ma vie » est capable de sentiments beaucoup moins sauvages. Pour preuve ce My Boy dédié à son fils, excellent morceau qui prouve l’attachement qu’il porte à sa famille. Et puis il émane de cet homme, au physique proche d’un Kevin Smith, une sympathie naturelle, qui n’enlève d’ailleurs rien à son charisme tout en force rentrée, et qui se manifeste par les nombreux applaudissements qu’il prodiguera tout au long de la soirée vers la foule et vers ses musiciens. On regrettera juste de ne pas l’avoir entendu rugir assez, sa voix étant noyée par le mur massif de ses quatre compères et probablement aussi par une certaine fatigue (on le verra plusieurs fois souffler, accroupi entre deux morceaux). Ce qui ne l’empêchera pas de faire frissonner la foule avec quelques prodiges vocaux dont il a le secret.
Un qui n’a pas l’air fatigué, par contre, c’est David Angstrom. Autant les trois autres musiciens restent plutôt discrets quoique pas moins efficaces, autant le guitariste soliste, lui, est insaisissable. Entre deux grimaces sur-expressives, il maltraite ses cordes sans retenue, fait voler sa guitare au-dessus de sa tête, tourne sur lui-même pour se coller à l’ampli puis revient vers le public pour le faire participer en le laissant gratter son instrument. Une vraie pile électrique tatouée, ce qui ne l’empêche pas de sortir de petits solos bluesy avec d’autant plus de classe. Un spectacle à lui tout seul.
Gros son, classe et morceaux dantesques, que demander de plus ? La salle entière a pris de grosses claques nommées Is This Ok ?, Life ou Angry American, cette dernière réclamée par un public bouillant, qui montera encore en température au son de deux morceaux de Kyuss, Thumb et Green Machine, joués en rappel (le deuxième n’était pas prévu apparemment) et qui achèveront tout le monde avec la bave aux lèvres. Il vous reste plus qu’à vous procurer leur Live at W2 pour vous faire une petite idée… mais vous avez raté quelque chose !
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