Pochettes
Horses

Horses

Patti Smith

par Reki le 10 mai 2010

paru en 1975 (Arista / BMG)

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New York. Un jeune homme et une jeune femme passent des heures à boire du café au Pink Teacup sur la Bleeker Street. Soudain, le jeune homme, voyant l’heure avancer, paie les cafés et se lève de table en s’exclamant : « Allons nous-en d’ici ! ». Etonnée, la jeune femme le suit d’un pas alerte dans la rue, et comprend alors sa précipitation : « La lumière ! On ne peut pas rater la lumière », explique-t-il d’un ton passionné. Quand ils arrivent dans l’appartement de leur ami Wagstaff, au Greenwich Village, le triangle de lumière illumine toujours le mur blanc.

C’est ainsi que Robert Mapplethorpe, dans l’urgence, prit le cliché le plus connu de Patti Smith, et créa la pochette d’un des disques qui marqueront l’histoire du rock new-yorkais. Horses, premier disque de Patti Smith (souvent considéré comme son disque de référence), sortit en 1975 et fut produit par John Cale, ancien membre du Velvet Underground. Les premières paroles, qui introduisent la reprise du célèbre « Gloria » de Van Morrison, donnent la note : « Jesus died for somedy’s sins... but not mine ! ». S’ensuivront des morceaux alliant punk rock et rock’n’roll, la poésie de Rimbaud et le mysticisme de Jean Genet, la mélancolie et la violence, une voix douce et des éructations, à l’image de l’ambivalence de l’une des pionnières du rock féminin.

Cette ambivalence, ce trouble des apparences, Robert Mapplethorpe y pensait sans doute en photographiant la jeune androgyne, cheveux ébouriffés, veste négligemment posée sur l’épaule, cravate défaite dégoulinant nonchalamment sur sa chemise blanche. L’attitude punk, si chère à Patti Smith, émane de cette photographie en noir et blanc : la confusion des genres, le rêve désabusé, la désinvolture et la provocation subtile s’y mêlent inextricablement. Les contrastes du noir et du blanc y reflètent les contradictions de l’ange déchu, l’espoir désabusé de nouvelles générations, le « soleil noir » du spleen et de la révolte (pour reprendre l’une des références de la poétesse rockeuse, Gérard de Nerval).

Cette pochette de Mapplethorpe appartient à une longue série de photographies qu’il prit de Patti Smith. En 1969, les deux artistes, alors amants, emménagèrent ensemble au Chelsea Hotel, à New York ; Patti Smith se consacrait à la musique et donnait ses premiers concerts au CBGB, Robert Mapplethorpe amorçait son œuvre photographique. Il fut l’un des grands photographes américains des années 70 et 80, célèbre notamment pour ses portraits de personnalités artistiques (Andy Warhol, Peter Gabriel, Grace Jones), pour ses nus masculins, ses photos érotiques homosexuelles et SM, mais aussi pour ses délicates photographies de fleurs, dans un style à la fois épuré et sensuel. Patti Smith et Mapplethorpe restèrent des amis proches jusqu’à la mort du photographe en 1989. Patti Smith rendit hommage à leur amitié et au talent de Mapplethorpe dans un livre, sorti en France en 1997, La mer de corail, où s’entrelacent avec virtuosité les photographies et ses textes poétiques.

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