Livres, BD
Le Petit Livre Rock

Le Petit Livre Rock

Hervé Bourhis

par Sylvain Golvet le 23 novembre 2010

4

Paru en novembre 2007, réédité en 2010 avec des bonus. (Dargaud)

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Quiconque souhaiterait se procurer l’ouvrage encyclopédique définitif sur le rock se lancera dans un chemin de croix des plus éprouvants tant se balader dans l’offre pléthorique à ce sujet s’apparente à arpenter une jungle touffue et insondable. Qu’ils compilent la discothèque parfaite, les 1001 albums qu’il faut avoir écouté ou qu’il se définisse comme LE dictionnaire du rock (On a peur de rien quand on s’appelle Michka Assayas), tous se définissent par leur volonté de dresser un panorama plus ou moins exhaustif des disques qu’il faudrait posséder pour se prétendre « fan de rock ». Bien sûr, le Petit Livre Rock présente aussi bien la grande que la petite histoire du rock, avec des faits établis et ses disques incontournables. Mais où les listes et les pavés de textes sont remplacés par des dessins, et la nuance n’est pas négligeable.

Il aurait du mal à s’en cacher, avec son trait caricatural, ses choix plutôt personnels, voire sa pointe de mauvaise foi, l’auteur n’aime pas l’objectivité. C’est d’ailleurs ce qui fait tout le sel de cet ouvrage. Car si parfois on pourrait prendre ombrage de certains avis définitifs sur tel ou tel artiste (mais sans mauvais esprit), ce serait prendre de travers la note d’intention d’Hervé Bourhis, qui insuffle à son bouquin un supplément d’âme qui manque à tous ces dicos. Et surtout de l’humour.

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Quand bien même il s’en tient à une chronologie tout ce qu’il y a de plus classique et un découpage de 9 cases par pages (oui, comme le Watchmen de Moore et Gibbons), les pages fonctionnent comme un carnet de mémoire, ou chaque case correspond à une évocation, un souvenir lié à chacun des disques, groupes ou mouvements choisi. Et comme la mémoire, cela peut-être être représenté de manière purement factuel comme par une vague esquisse visuelle. Il est même autorisé de parcourir l’ouvrage dans le désordre et de piocher çà et là une anecdote ou un dessin marquants : On tombe alors sur une pochette de disque que l’on adore, revisitée sous le trait noir et blanc de l’auteur, puis sur une vanne fandarde (En 1991, on trouve cette case : « Salut les amis ! C’est votre ami Freddy Mercury. Ruez-vous sur le nouvel album de Queen, il n’y en aura pas d’autres, je suis décédé. »). Mais c’est aussi l’occasion pour Hervé Bourhis d’y injecter sa petite touche et de se remémorer son propre parcours musical, il insère donc au milieu de tout ça un certain nombre d’anecdotes personnelles bien rigolotes faites de révélations enfantines et de changements de looks successifs, et qui feront écho à l’histoire de chaque lecteur fan de rock.

Pour bousculer la monotonie du bouquin, Bourhis insert un concept bien fun, les « pop battles », une rubrique qu’on retrouve dans le magazine Magic. Le principe est simple, il suffit de prendre deux groupes similaires et de comparer leur parcours albums par albums. Chaque étape à son vainqueur jusqu’à la conclusion qui désigne le gagnant. À ce petit jeu, Little Richard gagne face à Chuck Berry, et Bowie atomise Lou Reed (mais ça on le savait déjà).

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Au final, de 1915 (!) à 2009, c’est une histoire ultra-large de la musique pop que Bourhis revisite avec ses schémas rigolos, ses petits dessins, ses hommages et ses remarques gentiment iconoclastes (« Le chanteur de Eels ressemble à Laurent Ruquier.). On apprécie le fait qu’il n’hésite pas à étendre son champ d’attaque, avec pas mal de rap, d’évocation de films ou même des innovations musicales. Bien sûr, cet ouvrage ne pourra se prétendre le remplaçant de toute une histoire du rock compilé avec sérieux et exhaustivité via de nombreux bouquins plus « conventionnels ». Comme avec ses confrères Luz ou Zep, l’intérêt du Petit Livre Rock n’est pas là et l’effet madeleine de Proust marche alors à merveille et l’on arrive sans problème à se remettre dans l’ambiance des époques que l’on a soit même connues. Chose qu’on obtient beaucoup plus difficilement avec un dico, vous en conviendrez.



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