Films, DVD
Les Runaways

Les Runaways

Floria Sigismondi

par Céline Bé le 20 septembre 2010

3,5

Sorti en France le 15 septembre 2010. Avec Kristen Stewart, Dakota Fanning, Michael Shannon.

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Pour son premier long-métrage, la photographe/réalisatrice de clips Floria Sigismondi a choisi de nous raconter les Runaways, groupe glam rock américain qui, emporté par le songwriting de Joan Jett – rendue inoubliable par la suite grâce à sa reprise, en solo, de I Love Rock’n’roll – et les paillettes de Cherie Currie, est devenu le premier groupe entièrement féminin à rencontrer un tel succès international. La réalisatrice s’est basée sur les mémoires de Cherie Currie et des interviews de Joan Jett et Les Runaways se concentre sur leur duo, leurs aventures et leur aventure, les autres membres du groupe (la batteuse Sandy West, la guitariste Lita Ford, les différentes bassistes) étant sciemment mises de côté.

Pourquoi réaliser cette histoire ? Parce qu’il n’y avait pas encore de biopic sur un girl band ? Le problème, c’est que l’histoire des Runaways ressemble mortellement à celle de beaucoup de groupe cent pour cent testostérone : début laborieux (1975) puis ascension rapide puis affres du succès et drogues puis dissensions dans le groupe puis séparation (1977-1979). C’est juste un peu compliqué parce ce que ce sont des filles – pire, des adolescentes – de la fin des années 1970, mais vous voyez le topo.

La réalisatrice esquisse sans s’appesantir les problèmes de drogue, la relation entre Brunette et Blondie, le poids de sa famille pour Cherie, l’initiation des adolescentes. Mais cette légèreté est à double tranchant : à trop éviter les lourdeurs, l’histoire finit par peut-être manquer de relief. D’autant que Floria Sigismondi refuse de romancer les faits.

Le résultat livre cependant des instants sympathiques. Si ceux-ci tournent parfois aux clichés dans la première partie du film – en particulier lorsque le spectateur découvre la petite Joan Jett, baby rockeuse contrariée –, Floria Sigismondi réalise souvent des scènes piquantes par la suite : le recrutement de Cherie, le management démiurgique de l’extravagant Kim Fowley (leur Malcolm McLaren à elles), les différentes facéties des filles en tournée…sont autant d’éléments contribuant à créer une ambiance non seulement agréablement rock mais encore assez prenante. Le spectateur est en particulier immergé dans le tourbillon par ce truc bien vu : au fur et à mesure des déboires de Cherie et du passage du duo à l’âge adulte, les couleurs ternissent, la photographie perd de son éclat.

Autre bon point : les actrices. Si certaines mauvaises langues pointent que ces rôles de rebelles arrivent à point nommé dans les plans de carrières de deux actrices soucieuses de déniaiser leurs images après leurs passage par la case Twilight, Kristen Stewart et Dakota Fanning sont convaincantes en rockeuse Joan et glamour Cherie. On leur est en particulier reconnaissant(es) d’avoir résisté à la tentation de faire les belles, ainsi qu’à la cinéaste celle de les embellir. Elles sont voutées, ont la peau ravagée, leur maquillage colle : elles font vrai, on les aime.

Cherie est recrutée pour son allure. Fan de Bowie, elle est adepte de compensées et de maquillages exagérés, turquoise, noir, rouge. De son côté, Joan est plutôt cuir et œil charbon. Les pattes d’éph’ sont taille ultra-haute ; les T-shirts moulants, au-dessus du nombril ; les vestes, cloutées. Quelle joie de revoir les combinaisons et les raies au milieu ! D’autant que tout cet attirail kitch est sublimé par les poses rock’n’roll : Les Runaways réhabilite le look et les attitudes, qui ont leur importance à côté de la musique, en l’occurrence non seulement the Runaways et Joan Jett and the Blackhearts, mais aussi Iggy Pop, les Sex Pistols, et une autre fille en colère, Suzy Quatro.

Ambiance, look, poses, Cherie Bomb et I Love Rock’n’roll : Les Runaways n’est pourtant pas un film pour adolescentes en mal de rébellion. L’exemple de nos jailbait rockeuses (jailbait= adolescente sexy : c’est au bilinguisme de ses rédacteurs qu’Inside doit sa renommée internationale) est source d’énergie et de révolte féminine et glamour pour toutes. Et si au passage les ados qui se seraient égarées dans les salles obscures y gagnent un autre exemple que ceux d’Avril Lavigne et de Taylor Mommsen…c’est gagnant/gagnant.



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Une histoire du groupe de glam rock entièrement féminin the Runaways, le groupe avec lequel a débuté Joan Jett.

Sorti en France le 15 septembre 2010.

Avec Kristen Stewart, Dakota Fanning, Michael Shannon.