A ma droite, Will Johnson, leader du groupe de rock indé texan Centro-Matic, également leader de South San Gabriel et qui a officié au sein d’Undertow Orchestra, en compagnie notamment de Vic Chesnutt, David Bazan (Pedro The Lion), Mark Eitzel (American Music Club). A ma gauche, Jason Molina, songwriter originaire de l’Ohio à l’activité débordante, qui a multiplié les albums aussi bien en solo qu’avec ses différents groupes comme Songs : Ohia, Magnolia Electric Co. et qui a par ailleurs participé à divers EPs et singles fort bien entouré, que ce soit avec My Morning Jacket ou avec Scout Niblett. Nous avons donc en face de nous deux personnages qui ont déjà fait leurs preuves au sein de la galaxie folk-indé américaine, dans la lignée d’un Will Oldham pour ne citer que lui.

La rencontre de ces deux chanteurs avait donc de quoi faire saliver d’autant plus qu’elle s’est produite de façon spontanée et imprévue. En effet, lors d’un concert de Magnolia Electric Co. à Austin au mois de septembre 2007, Will Johnson commence à tailler la bavette avec Jason Molina autour de la table de merchandising du groupe, dans une discussion hautement musicale, où sont tour à tour évoqués leurs chapeaux préférés et les citrouilles. Les deux hommes s’échangent finalement leurs numéros sur des bouts de serviette. Cinq mois plus tard, Johnson et Molina se retrouvent au Texas’ Echolab Studio d’Argyle et décident de réaliser un album ensemble. Les sessions d’enregistrement se déroulent de manière décontractée et conviviale, des amis viennent faire un tour, tout le monde boit, mange, fume, compose et l’album est achevé au mois de février. Un disque sobre, austère et mélancolique qui s’avère être une réussite, sans réelle surprise cependant. La complémentarité des deux musiciens est impeccable, chacun jouant dans son registre une partition soignée, respectant avec une humilité non feinte les performances de l’autre. Ces deux poètes américains à l’écriture taciturne arrivent ainsi à partager dans un élan d’amitié leur sensibilité écorchée.