Incontournables
Never Mind The Bollocks

Never Mind The Bollocks

The Sex Pistols

par Milner le 10 janvier 2006

paru le 28 octobre 1977 (Virgin Records)

Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte Imprimer l'article Envoyer l'article par mail

Il arrive que le rock soit égal à sa légende, et il arrive que des mauvais garçons finissent en tête. C’est ce qui s’est produit en 1977, année punk par excellence. Depuis bientôt un an, The Sex Pistols sont les papes de ce mouvement de révolte musicale mais n’ont bizarrement toujours pas enregistré leur premier album qui doit les canoniser, trop occupés à déraper au moindre tournant médiatique qui se présente devant ces quatre loubards à la niaiserie évidente. Le groupe est bien trop intelligent pour se laisser aller à ces futilités car ce qu’ils veulent, eux, c’est enregistrer un putain de disque de rock. Et à l’écoute de Never Mind The Bollocks, disque fondateur s’il en est, il est facile de se rendre compte que les Pistols ont une dimension qui transcende la musique punk par bien des aspects.

Un son de rangers qui foulent le sol, une batterie qui donne la pulsion, un riff de guitare qui surgit puis le morceau qui explose ; c’est ça, les chansons de The Sex Pistols ! Le guitariste Steve Jones s’apparente un petit peu à un chromosome appauvri de Pete Townshend dans la mesure où ses jeux de guitares supportent les structures des morceaux. Le batteur Paul Cook ne varie guère son jeu d’un morceau à l’autre mais n’en est pas moins très personnel. Le bassiste fait de même sur tous les morceaux si bien qu’il arrive de ne plus savoir quand c’est encore Glen Matlock qui joue et quand c’est Sid Vicious (en fait, ce dernier joue sur les deux premiers titres Holidays In The Sun et Bodies). Ce qui rend également cet album si incroyable, ce sont ces paroles griffonnées en réponse à l’impasse où se trouvait le groupe durant les séances d‘enregistrement. Sur une rythmique lourde et menaçante, le chanteur Johnny Rotten (personnage charismatique au phrasé incomparable) crache son mépris pour tous les Clubs Med de la Planète Bleue de sa voix à la fois insolite et fragile sur le morceau inaugural Holidays In The Sun.

Terriblement lucide sur l’époque, Rotten évoque pour la première fois l’épineux sujet de l’avortement dans Bodies (‘Fuck this, fuck that / Fuck the fuckin’ brat .../ I don’t want a baby that looks like that’) mais s’amuse dans le même temps à dresser son portrait hédoniste (No Feelings) emmené par quelques-unes de ces phrases qui marquent l’histoire du rock - ‘You better understand I’m in love with myself / Myself, my beautiful self / No feelings, no feelings for anybody else’. Pêle-mêle, on retrouve les règlements de compte du combo avec la monarchie (God Save The Queen), les institutions (Problems, Seventeen, Anarchy In The U.K. et Sub-Mission) et bien d’autres tracasseries élémentaires pour quatre jeunes punks de banlieue. Pourtant, après plusieurs écoutes, il apparaît que c’est bien la trilogie finale qui explose le plus la virulence des textes. Complément idéal de Anarchy In The U.K., Pretty Vacant, avec sa superbe intro et son côté provocant-chic (‘We’re pretty / So pretty vacant and we don’t care’) est le grand moment du disque rapidement balayé par l’insultante New York (‘You think it’s swell playing Max’s Kansas / Looking bad, acting flash‘). Tout bon disque a une fin et EMI Unlimited Edition représente le summum de l’arrogance avec roulage de « r » bardé d’ironie sur fond de méchantes envolées de guitares terminant par un Rotten qui dégueule un ‘goodbye A&M ... beurk’. Proprement assommant !

On a tout dit sur The Sex Pistols, sauf qu’ils étaient l’une des plus belles machines de guerre de l’histoire du rock. Du fait de son côté sur-produit pour un effort de matériel punk, cet album est de ceux que l’on découvre au fil des écoutes alors qu’il ne viendrait jamais à l’esprit de penser cela en écoutant le premier album de The Clash, par exemple. En ce sens, il ne ressemble à aucun autre et il est encore plus difficile de retrouver des tics de guitare dans le jeu de Steve Jones, ce qui arrive inévitablement avec tous les disques de rock actuels, Oasis en tête. Il ne faut pas être très savant pour comprendre que Never Mind The Bollocks, à l’époque de sa sortie, n’a fait qu’exorciser le trop plein de frustration emmagasinée par la jeunesse et ce depuis trop longtemps.



Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n'apparaîtra qu'après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom



Tracklisting :
 
1- Holidays In The Sun (3’10")
2- Bodies (3’00")
3- No Feelings (2’48")
4- Liar (2’39")
5- God Save The Queen (3’18")
6- Problems (4’09")
7- Seventeen (2’01")
8- Anarchy In The U.K. (3’32")
9- Sub-Mission (4’10")
10- Pretty Vacant (3’15")
11- New York (3’03")
12- EMI Unlimited Edition (3’09")
 
Durée totale : 38’30"