Livres, BD
Parole de la nuit sauvage

Parole de la nuit sauvage

Lou Reed

par Giom le 15 novembre 2005

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publié en 1996 par les Éditions 10/18 (paru en 1991 aux États-Unis sous le titre Between Thought And Expression) ; édition bilingue ; 411 pages.

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Lou Reed n’est plus à présenter. En effet, beaucoup considère le leader du Velvet Underground comme un véritable poète de la modernité, jugement, il faut le dire, assez pertinent. La preuve en est par ce recueil de textes, Parole de la nuit sauvage, publié en 1991 aux États-Unis (sous le titre de Between Thought And Expression, paroles issues de Some Kinda Love sur l’album éponyme) puis en France en 1996 dans l’excellente collection « Musique & Cie » des Éditions 10/18. Ce recueil propose donc les textes en versions originales et traduites d’à peu près 80 chansons écrites par Lou Reed, soit avec le Velvet Underground soit durant sa carrière solo. On retrouve, bien sûr, dans cette sélection, les titres les plus connus de l’artiste : Heroin, Waiting For The Man, Sweet Jane, Walk On The Wild Side...

Cette approche purement littéraire de l’œuvre de Lou Reed permet de faire ressortir des thématiques récurrentes de ses textes (solitude, souffrance, douleur, sexualité, violence...) et dévoile une œuvre crue, sans images ni détours. Il est alors intéressant de faire un lien entre la production de Lou Reed et celle de l’écrivain américain Hubert Selby Jr. (décédé récemment et dont l’œuvre, totalement novatrice n’a cessé de hanter par son intensité le milieu underground U.S.) puisque Parole de la nuit sauvage présente également une interview de cet auteur faite par Reed lui-même. Le point commun entre les deux artistes ressort alors, gros comme un bouton sur le nez : c’est cette fascination pour le quotidien d’êtres embarqués dans la même fatalité. La ville de New York apparaît alors chez les deux « poètes » comme le symbole de cette diversité humaine, pourtant réunie à la fois dans un même lieu géographique et dans un même destin.

Autre interview faite par Lou Reed et présentée dans ce livre, c’est celle de Vaclav Havel (à l’époque encore président de la Tchécoslovaquie), également passionnante. Véritable idole politique du chanteur (c’est vrai que le personnage ne manque pas de qualités), Havel revient sur le rôle fondateur des artistes des 60’s qui, comme le Velvet Underground, ont influencé l’esprit de la Révolution de velours (« Velvet Revolution », ça n’a rien à voir mais la coïncidence lexicale est marrante.) Le président tchèque évoque notamment l’emprisonnement d’un groupe de rock tchèque (les Plastic People Of The Universe), influencé musicalement par le Velvet, et dont le succès du mouvement pour sa libération a entraîné une première prise de conscience de la possibilité d’une action citoyenne pour changer l’ordre des choses. Après cette interview, Lou Reed donnera un petit concert dans un club de Prague devant Havel et 300 de ses « amis ». En remerciement, le chanteur recevra des mains de celui-ci un petit carnet noir avec les chansons du Velvet Underground traduites en tchèque. En guise de commentaire, le président lui confiera : « Il y en avait 200 exemplaires, c’était très dangereux de les avoir avec soi. Les gens allaient en prison pour ça ! ». L’Histoire leur a donné raison.



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