Surtout, ne pas se fier à The Coronation, sublime chanson en forme de trompe l’oreille, qui ouvre ce premier album d’Aaron Stout. Car, à ce déluge de décibels étouffés, véritable conglomérats de riffs et de hurlements de sirène marchant au rythme d’une batterie martiale, ne vont se succéder durant les trente-cinq minutes, confessions intimes acoustiques, souvenirs murmurés aux sonorités oubliées d’un jeune homme nous chantant tout simplement sa vie. Originaire de Brooklyn, cet illustre inconnu nous livre là son premier album même si celui-ci ne se voit distribuer sur nos contrées que deux ans plus tard par Monotreme. Peut-être enfin le signe d’une reconnaissance d’un plus large public ?

Tout simplement envoûtantes, les chanson de Stout sont comme hantées par le poids des souvenirs de leur auteur. Sobres, limite lo-fi, ces enregistrements témoignent d’une fragilité assumée et nous plongent dans l’intimité de celui-ci. De la culpabilité avoué de Space Station, à la spiritualité assumé de First Song for Jaclyn, jusqu’à l’autobiographique et sautillant The Story Of My Life qui clôt l’album, cette même impression de converser avec l’âme de leur auteur sans jamais effleurer un quelconque voyeurisme déplacé. Et toujours, au travers de cette voix à la vérité pénétrante, ces mots et ces histoires qui vous happent pour ne plus vous lâcher.

Que dire d’autre, sinon qu’il faut absolument vous procurer ou au mieux, au moins, jeter une oreille sur ce disque à la beauté acérée. Avec Queens Live In Caskets, Aaron Stout débarque dans la cour de ces grands songwriters qui s’ignorent et qui préfèrent s’abandonner sur les rives mal engagées de l’existence en chantant humblement leur vie. Un album de folk urbain envoûtant, aux contours racés et mal détourés, en forme de journal intime en quelque sorte... On attend la suite avec impatience.