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Recreation

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Papier Tigre

par HenriDèsMetal le 24 avril 2012

paru le 5 mars 2012 (Africantape & Murailles Music)

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Attention, un grand groupe botte des culs aux 4 coins de la France et chez Inside-Rock, on n’est pas là. Ça ne peut plus durer.

Recreation est le troisième disque de ce trio nantais, et déjà leur deuxième masterpiece. S’il fallait une introduction pour les profanes, disons que Papier Tigre joue du noise-rock charpenté au math-rock. Comprendre qu’en plus des lignes de chant passionnées à la Fugazi, hargneuses et catchy, on y trouve de touffus tricotages de guitares. Ainsi l’interaction entre les douze cordes ici réunies est si foisonnante qu’elle fait totalement oublier l’absence de basse : il n’y aurait tout simplement pas de place pour elle. L’introduction I’m Someone Who Dies te le prouvera sans attendre avec son gros son, son absence de manières et ses soubresauts épileptiques.

Cette fois-ci, Papier Tigre est allé poser ses compos sur bande là où on sait faire sonner du noise-rock : à Chicago, ville des Big Black, Shellac, Jesus Lizard ou plus récemment Bear Claw. Non pas que The Beginning And End Of Now, enregistré en 2008 au studio Black Box (pas bien loin de la maison) ne sonnât pas bien, mais il faut avouer que le petit dernier en fout plein les oreilles. Clarté du son et puissance tout en restant très live, cette prod’ et ce mixage, c’est bijou.

Je parle d’un rendu live, parce que la chose est importante pour ces garçons qui en quelques années ont soulevé la poussière d’à peu près tous les rades de France et même un peu à l’étranger. Et l’étranger ou l’on parle l’étranger, j’entends, Papier Tigre ayant la chance d’avoir à sa proue un parfait anglophone. Eric Pasquereau a en effet grandi a Tulsa, Oklahoma, et les groupes français chantant en anglais ont beau se multiplier depuis quelques années, chez Papier Tigre le résultat ne sonne pas que crédible, il est avant tout parfaitement naturel.

Fun fact : sur ce 3eme album, Papier Tigre n’a jamais sonné aussi « chaud ». Rythmes afros (Chimera, Parents and Neighbours), guitares hachées/chaloupées (This and That and More of This and That, Teenage Lifetime), parfois c’est riche a l’extrême (The Later Reply, avec ses 7’34" de contre-pieds permanents, un poil fatigante au début, devient obsédante avec le temps), parfois c’est immédiatement efficace : Home Truth et Afternoons sont deux vilains tubes, aux riffs malins et aux montées de saturation sismiques.

Papier Tigre a l’art de rendre accessible la difficulté, pour te faire croire que c’est facile alors que, bordel de merde, ça ne l’est pas du tout. Essaie ! La manière aussi de rendre ludique et jamais éreintant le tronçonnage rythmique, là où des colonies entières de groupes de math-rock moulinent dans le vide. En fait, j’en fais volontiers les équivalents français des brillantissimes portlandais de 31 Knots, et subséquemment les dignes héritiers de Fugazi. Toujours trop en faire et dropper de la légende, toujours, me glissa un jour à l’oreille Philippe Maneuvre.

Je dois quand même te prévenir, lecteur, parce que je vois ton filet de bave : si tu n’es pas familier avec l’oeuvre de nos 3 nantais, il va te falloir un peu de temps et beaucoup d’écoutes pour apprivoiser totalement ces 10 titres. Mais crois-bien que c’est tout l’intérêt de ce disque : il est long en bouche, et il va te secouer pendant des semaines, au moins. Et maintenant que cette recréation est là pour magnifier ton printemps, il est temps de siffler la reprise des sorties bière à la main dans tes caves préférées et, si ce n’est pas déjà fait, d’aller les voir en live. Profites-en, ils tournent tout le temps et forcément pas loin de chez toi : http://papiertigre.com/tour_dates/

Et puis si tu as de la chance, tu pourras les capter sur une des dates de la Colonie de Vacances, projet quadriphonique monté avec les copains de Marvin, Pneu et Electric Electric. Le concept, tellement génial qu’il est impardonnable pour tous les autres groupes de la Terre de ne l’avoir jamais fait avant (contredisez-moi si je me trompe) : 4 groupes sur 4 scènes, face à face deux à deux, qui font plein de bruit en même temps, en décalé ou chacun a leur tour. Quelques compos en commun fleurissent au fur et a mesure des dates, et pour le reste le répertoire respectif des groupes fait l’affaire : on se reprend les uns les autres, on bourrine à 11 zicos de temps en temps parce que ça fait bêtement plaisir, bref, ça bruite de partout, on est heureux, on est sourds. Nous, au milieu de tout ce bordel, on se fait mettre au tapis dans 4 directions, on se retourne, on se faufile au milieu des tronches des voisins béats et un peu empruntés. Ça bouscule les codes habituels des concerts rock, et c’est à voir absolument sous peine de mourir bête, seul et moche.

Infos et prochaines dates ici : http://www.muraillesmedias.com



Vos commentaires

  • Le 24 avril 2012 à 22:42, par Sylvain Golvet En réponse à : Recreation

    On est pas très loin du dernier Battles.

    Sinon, On peut aussi écouter The Patriotic Sunday, le projet solo plus electro-pop d’Eric Pasquereau.

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