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Revelations

Revelations

Audioslave

par Psymanu le 24 octobre 2006

2,5

paru le 5 septembre 2006 (Epic / Sony Music)

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Trois albums pour Audioslave, qui l’eut cru ? Certainement pas ceux qui attendaient de ce super-groupe miraculeux qu’il mette le feu aux ondes. Le premier Audioslave s’il contenait, un Cochise et un Gasoline, molissait trop par ailleurs, comme si le groupe était incapable de trouver une ligne directrice cohérente. Le second, Out Of Exile, était parvenu à trouver la constance... dans le pop-rock FM. Mais peut-être qu’on en attendait trop ?

Il faut dire qu’Audioslave, c’est quatre mecs au pedigree immaculé. Pensez, les musiciens de feu Rage Against The Machine augmentés du chanteur des mythiques Soundgarden Chris Cornell, ça a de quoi faire rêver d’explosions sonores, de hurlements, ça sent la révolution, la subversion poétique. Faut savoir que Tim Commerford, Brad Wilk, et Tom Morello, forment l’une ne des plus fabuleuses machines à faire du rock’n roll qui soit : une section rythmique de funk cradingue, lourde mais rebondissante et vive, avec un gratteux sublime, au style reconnaissable dès les premiers accords. Chris Cornell, c’est rien moins qu’un des plus grands chanteurs du monde, beau gosse et tout, un mec qui a su réconcilier vieux hardos et jeunes grungies, du temps de la gloire de son ancien combo. On se dit que merde, y a pas de raison, une dream team pareille n’a pas le droit d’en rester là, sur un constat d’échec, sur un aveu d’impuissance. D’où ce Revelations, peut être leur dernière chance.

Le single, Original Fire, remplit plus que correctement son office : un titre enlevé, pas tape-à-l’oreille pour deux sous, ça ne flamble pas, c’est juste efficace, ça file le sourire et ça donne envie. Dire que le premier morceau du disque, qui lui donne son nom, douche un peu nos espoirs serait exagéré. Néanmoins, il ne rassure personne, on est dans la facilité, on sait que le groupe peut en enregistrer dix par jours, des comme ça, or justement on veut qu’ils se bougent le fion et le notre avec. One And The Same, en revanche, c’est autre chose : funky en diable, il sent le délire, la spontanéité, il possède ce grain de folie qu’on n’a jamais perçu dans la discographie du groupe jusqu’à présent. Commerford et Morello sont au sommet de leur complémentarité, ce dernier nous gratifiant d’un solo barré complètement réjouissant, Cornell s’égosille juste ce qu’il faut. Ce dernier affirme qu’il chante enfin comme il a toujours rêvé de le faire. On aime ou pas le résultat, mais force est de constater que ça se sent, rarement la souplesse de son organe fut plus flagrante, jamais l’émotion recherchée ne fut plus palpable. Sound Of A Gun est une chanson quelque peu pataude mais il la porte à bout de bras, ses accompagnateurs lâchant la même purée qu’à l’accoutumée, bien en rang derrière leur frontman. Et puis Until We Fall, et l’on retombe dans la ballade FM surformatée, oui c’est joli, mignon et tout, mais ça laisse un goût amer dans la bouche.

Comprenons-nous bien : ça n’est pas au public de dicter à l’artiste ce qu’il doit produire, ils font strictement ce qu’ils veulent, sinon c’est de la triche, de la pose, du fayotage. Mais bon sang, Cornell + les Rage qui jouent un morceau mou du genou, ça fait mal. C’est un peu comme un pilote automobile (Cornell, donc) qui se serait payé une Ferrari (les RATM) pour rouler à 90 sur la nationale. On préfère laisser ça aux berlines, on a envie de plonger sous le tableau de bord pour appuyer soi-même sur l’accélérateur, à fond, lui faire cracher ses flammes.

Broken City permet à l’ex-Soundgarden de jouer les crooners sur un morceau qui pour le coup, arrive à capter l’attention malgré la relative lourdeur, le caractère binaire de sa rythmique. Le refrain de Somedays est par trop répétitif, la chanson fatigue, malgré le riff killer (comme souvent) de Morello. Puis on lit un titre : Shape Of Things To Come, et là y a plein d’étoiles qui s’allument dans nos yeux, on pense aux Yardbirds, on pense au Jeff Beck Group et au papier de verre de Rod Stewart, on se dit qu’en voilà une idée qu’elle est bonne, que par les Audioslave ça peut dépoter sévère. Et merde, non, c’est pas la reprise du célèbre morceau. Il y a bien la partie batterie qui peut rappeler When The Levee Breaks, et encore, pour l’association d’idée, m’enfin ce sera tout. Il possède cette caractéristique commune à un trop grand nombre de chansons d’Audioslave : on dirait du Rage au ralenti mais avec un vrai chanteur. Et c’est idem pour Jewel Of The Summertime. On vous balance ce morceau comme ça à n’importe quel moment de la journée, vous allez le trouver cool. Le problème, c’est qu’à ce stade du disque, on en a déja entendu plein des comme ça. Wide Awake est déja nettement différent, c’est un bon tube rock, juste grungy ce qu’il faut, un peu mélancolique, avec une basse délicieusement chantante par endroit. Nothing Left To Say But Goodbye permettrait une vanne facile par son titre qu’on ne souhaite tout de même pas prophétique. N’empêche qu’on s’y ennuie un peu. Et que ça ne s’arrange pas avec Moth, une ballade convenue.

Il n’est pas moche, cet album. Il est même haut la main supérieur à Out Of Exile, et un rien meilleur que le premier Audioslave et ses deux trois gros tubes. Mais c’est encore raté pour l’extase, faudra repasser plus tard, mais vous pressez pas non plus, les mecs, réfléchissez à ce que vous pourriez faire de votre (immense) talent, avant que vos artères ne vous rattrappent, histoire ne n’avoir aucun regret et nous non plus, puis revenez, on est tout ouïe. Parce que vous êtes cultes, parce que vous avez électrochoqués nos adolescences et qu’on vous en remercie, et qu’on ne voudrait surtout pas vous quitter sur un sale souvenir.



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Tracklisting :
 
1- Revelations (4’12")
2- One And The Same (3’38")
3- Sound Of A Gun (4’20")
4- Until We Fall (3’50")
5- Original Fire (3’38")
6- Broken City (3’48")
7- Somedays (3’33")
8- Shape Of Things To Come (4’34")
9- Jewel Of The Summertime (3’53")
10- Wide Awake (4’26")
11- Nothing Left To Say But Goodbye (3’32")
12- Moth (4’57")
 
Durée totale : 48’21"