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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 2 septembre 2008
paru en 1983 ; réédité le 13 février 2006 (Polydor / Universal)
Paul Weller a un jour dit cette phrase : « Je ne fais pas de collection de timbres, je sors un peu, je vais boire un verre avec des copains, je regarde la télé, ça passe vite ». Effectivement, le temps passe vite ! En 1982, alors en pleine gloire locale, les banlieusards de The Jam se dissoudent et Weller, guitariste et compositeur du groupe, part fonder une nouvelle formation (The Style Council) et s’oriente sur un projet R&B et soul qui laissera de marbre les fans purs et durs de l’un des tous meilleurs power trio du Royaume de Sa Gracieuse Majesté. Car, fort est de constater que si les trois n’ont jamais percé aux États-Unis, c’est bel et bien parce qu’ils sonnaient anglais.
La présente compilation regroupe tous les singles parus entre 1977 (la mythique In The City aux accents pub-rock) et 1982 (l’engouement northern soul que représente Beat Surrender) ainsi que huit autres morceaux historiques : Away From The Numbers, Billy Hunt, English Rose, Mr. Clean, The Butterfly Collector, Thick As Thieves, Man In The Corner Shop et Tales From The Riverbank, auparavant occultés sur la première édition CD. Si à cela, on ajoute quelques démos et faces B ainsi que la contribution de Paolo Hewitt, biographe officiel du combo et spécialiste du mouvement mod en Angleterre, qui se fend de notes de pochettes intérieures du plus bel effet (des extraits de sa biographie A Beat Concerto), Snap ! devient évidemment une fort belle réédition. Ce qui fait de The Jam un groupe formidable, c’est son éclectisme à toute épreuve qui l’a fait débuter comme une formation punk puis terminer en trio soul, une mutation aussi foudroyante et efficace que ses contemporains de The Clash. En concert, bien sûr, les Jam donnaient tout : costumes stricts et guitares pointées, Paul Weller griffe sa Rickenbacker antique en riffs rageurs, Bruce Foxton mène la danse à la basse (un peu à la façon de The Police) et Rick Buckler agrémente l’ensemble d’une frappe sèche et trépidante. Un régal pour les gosses de la middle class affublés de vestes, parkas, chemises Lacoste ou polos Fred Perry aux cheveux courts à épis rebelles.
Mais, le truc irrésistible chez ces trois-là, ce sont ces perles gravées pendant six années que les fans reprennent en chœur, que ce soit l’impérissable Billy Hunt, l’incroyable The Eton Rifles ou une reprise de The Kinks, idoles de Weller (David Watts). Parmi ce merveilleux panel de titres imparables se dégagent les méconnues ’A’ Bomb In Wardour Street, Going Underground (leur premier tube classé au sommet des charts britanniques), la splendide That’s Entertainment, Start ! et sa ligne de basse délibérément piquée au Taxman de The Beatles, Absolute Beginners, Town Called Malice (qui accompagna les débuts de MTV) et The Bitterest Pill (I Ever Had To Swallow). Weller avait cette classe qui lui permettait d’écrire des chansons sur la jeunesse des années 1970 pratiquement aussi bien que ses mentors d’alors Pete Townshend et Ray Davies. Bien que séparé, le trio demeure désormais culte puisque dissous en dépit de l’immense popularité générée (exactement comme The Police, mentionné plus haut) et reste advitam eternam le plus grand groupe Motown punk que l’Europe a été tenue de connaître ces trente dernières années. Une institution britannique. Une de plus !
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