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The Music

The Music

The Music

par Psymanu le 25 octobre 2005

3,5

paru en février 2002 (Hut Recording / Virgin Records Ltd)

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The Music. Fallait en avoir pour choisir un nom pareil, car le terme est suffisamment exhaustif et prétentieux (LA Musique, rien que ça) pour être impossible à assumer. Mais c’était une période où les jeunes rockeurs ne doutaient plus de rien.

C’était la vague des « groupes en The ». Les Strokes avaient ouvert une hype dans laquelle allait s’engouffrer un nombre incroyable de combos avide de rock’n roll, pleine de tous ses savoureux clichés, mais toujours avec un look impeccable et une élégance folle. Et parmi les grands favoris, parmi les donnés gagnants du NME, il y avait The Music. Quatre gamins de 18 ans à peine, des banlieusards de Leeds, et pour le coup sacrément mal fagotés (une sorte de mauvais mix entre une coolitude surfer et un sportswear de mauvais rappeur). Après deux singles (l’un d’eux, You Might As Well Try To Fuck Me, est absent de ce disque) prometteurs et des prestations live remarquées, ils débarquèrent avec leur premier effort éponyme, armés de textes au mieux négligeables, au pire affligeants, mais aussi d’une vraie singularité musicale et d’un chanteur doué obsédé par Robert Plant, et qui font de ce coup d’essai un coup de maître.

Un départ en grondement saturé et sourd, comme un orage électrique approchant au gré du vent, le groupe entame direct avec un morceau monstrueux qui aurait aussi bien pu (ou du ?) donner son titre à l’album tout entier : The Dance. Car c’est de cela plus que de tout autre chose qu’il sera question sur ce disque : une longue transe à déguster en se contorsionnant (le chanteur fait ça très bien, par ailleurs). Rob Harvey place d’entrée sa voix au plafond et elle ne redescendra plus, Adam Nutter sature ses grattes et Phil Jordan (une mule) roule à fond ses caisses, appuyé par la basse de Stuart Coleman, ronflante et remuante.

A peine le temps de respirer qu’il faut déjà embrayer sur un Take The Long Road And Walk It à la rythmique disco, caractéristique désormais commune à trop de groupes en The, sauf qu’eux étaient là dès le début. Et toujours cette superbe densité, sorte de rouleau compresseur sonore et puissant, cette impression d’opacité d’un tout au milieu duquel étincellent des vocaux Zeppelinien (quoi que pas blues pour deux sous). Et le propos importe peu, Harvey nous la fait en scat lorsqu’il ne sait plus que dire, l’essentiel étant d’enflammer l’auditoire et l’inviter au pogo. Et puis de toute manière on ne comprend rien à ce qu’il dit...

Human. Après la frénésie, le calme. Un trip halluciné, les yeux dans les étoiles, les harmoniques de Nutter comme des bulles de savons éclatants à nos oreilles, un titre lent réussi, ce qui est étonnant étant donné que ce genre constitue leur point faible. C’est que The Music n’est pas un groupe ni soul ni blues. Ils ne sont pas de ceux qui savent émouvoir par un discours posé et introspectif. Ils sont de cette génération qui s’oublie, elle et ses blessures, dans le vacarme d’une rave, dans le mouvement perpétuel et robotique d’un dance floor, secouant la tête comme pour en expulser les idées noires. Ainsi un Turn Out The Light ne décolle-t-il qu’à grand peine, malgré l’évidente sincérité du quatuor, et Too High, le final, ne trouve son salut que dans le retour a un tempo plus « dance ».

D’ailleurs, le funky et bégayant The Truth Is No Words nous ramène The Music à ce que l’on aime tant l’entendre jouer. Puis c’est le tour du vigoureux Float (et sa rime « Feelings of float, love in my boat », aussi stupide que réjouissante) de nous remuer. Ce morceau se termine en un boucan d’apocalypse, une mélasse sonore dont aucune enceinte ne revient tout à fait intacte lorsqu’elle est jouée au volume requis.

C’est en plage 7 que l’on trouve l’imparable single The People. Quel tube ! Et dans ce qu’un tube a de meilleur, catchy, entêtant, stupide (Harvey, incompréhensible et babillant), avec des petits bidules électro histoire de ratisser le plus large possible. Dans une veine similaire se positionne Getaway, l’autre succès radiophonique de cet album, un peu plus faible mais véritable pain bénit pour qui veut tâter du remix techno. Mais The Music se suffit bien à lui-même pour soulever les foules, en atteste un Disco tout en changements de tempos, avec un Jordan frénétique qui s’en donne à cœur joie.

En résumé, un sacré bon disque, pas révolutionnaire, mais foutrement dansant et nécessaire pour qui aime bouger et s’en mettre plein les oreilles. L’indice, aussi, d’un groupe potentiellement énorme, dont la hype, après un toujours-difficile-deuxième-album à peine un cran en dessous, s’est quelque peu essoufflée. Mais peu importe (tant mieux ?). Pendant que les grincheux s’étaient tournés vers d’autres cieux, The Music ouvrait pour Oasis ou U2, et ça n’est peut être qu’un début.



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Tracklisting :
 
1- The Dance (5’09")
2- Take The Long Road And Walk It (4’53")
3- Human (5’28")
4- The Truth Is No Words (4’35")
5- Float (5’21")
6- Turn Out The Light (6’24")
7- The People (4’58")
8- Getaway (6’29")
9- Disco (6’36")
10- Too High (5’53")
 
Durée totale : 55’50"