Les amateurs d’une pop lyrique où l’on sent le vent souffler dans les arbres sont heureux lorsqu’un nouvel album de Mercury Rev voit le jour ! Le concept musical du groupe qui consiste à mettre en parallèle la voix singulière et aérienne de Jonathan Donahue et un son de guitare très étiré a fait ses preuves ces dernières années notamment sur deux disques : Deserter’s Songs et All Is Dream, tous les deux excellents.

Comme on change rarement une équipe qui gagne, nous ne sommes donc pas véritablement surpris par l’opus suivant à la pochette assez mystique (Big Brother nous regarde toujours, cette fois-ci avec des yeux de couleurs différents et à travers des ailes de papillon.) Même si l’album reste cohérent et sans véritable point faible, on peut tout de même reprocher à Mercury Rev un certain monolithisme dans l’exploitation de son style. Chaque titre est efficace et la charge émotionnelle de la voix de Donahue sait, à chaque fois, toucher l’auditeur. Ainsi, derrière le très bon single Secret For A Song, tous les titres s’enfilent comme des perles trop lisses. Mais à aucun moment de l’album, le groupe ne semble vouloir se renouveler où surprendre l’auditeur et on finit, au bout de plusieurs écoutes, par ressentir un léger désespoir devant ce relatif surplace, peut-être révélateur d’une démarche artistique limitée.

Bref, The Secret Migration est le genre de disque au potentiel immédiat (et, il faut le dire, assez fort pour toute personne appréciant ce style musical) mais qui finalement risque de prendre la poussière dans une discothèque à cause de son manque d’innovation par rapport aux œuvres précédentes du groupe. Il y est par exemple difficile de faire ressortir des titres d’un ensemble qui peut finalement sembler trop « formaté » (même si, attention, le formatage de qualité existe comme c’est le cas ici.) On conseillera donc à toute personne souhaitant découvrir l’univers musical de Mercury Rev de commencer par Deserter’s Songs, album encore très frais et qui passe les années avec facilité.

Mais au rayon de ce rock lyrique U.S, comment ne pas préférer The Flaming Lips, groupe majeur de la scène américaine mais toujours méconnu, et son chef d’œuvre The Soft Bulletin, disque aux tonalités et compositions diverses où chacune sert la même recherche d’un lyrisme exacerbé. Tant qu’il y aura des arbres...