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The Uplift Mofo Party Plan

The Uplift Mofo Party Plan

Red Hot Chili Peppers

par Thibault le 12 mai 2009

3,5

Paru le 29 septembre 1987 (EMI)

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« The Uplift Mofo Party Plan ». Voici un titre clair, festif, décontracté du gland. Quelque chose dans l’esprit de « La Fête du Slip à L.A. » ou « Soirée Fornication en Bermuda Autour de la Piscine ». Une sorte de B.O. du teen movie ultime dont rêvent les mâles adolescents, au menu : une entrée de fun libidineux, suivie d’une pièce de fun libidineux avec un verre de fun libidineux cuvée 87, avant de finir sur du fun libidineux. Sea, Sex, Sun & Rock ‘n’ Roll. Le tout servi par quatre loufiats hilares, peinturlurés sur le moindre recoin de l’épiderme, avec pour seul smoking une chaussette là où Adam arborait une vénérable feuille. « Du pur Red Hot, quoi ! » me direz vous, et vous n’aurez pas tort. Cependant ce troisième album de Flea (basse), Kiedis (micro), Slovak (guitare) et Irons (batteur) marque une étape importante dans l’évolution du style de la bande. Deux ans après le tonitruant Freaky Styley, les Red Hot prennent une orientation plus rock, moins funk, misant davantage sur l’impact direct et la sueur live que sur les arrangements de cuivres et chœurs qui étaient présents sur leur précédent album. En effet, les RHCP, comme disent les pros, c’est avant tout la scène, ce défouloir que le groupe transforme en big bazar irrésistible grâce à des prestations ultra énergiques assurées dans le plus simple appareil. D’où la difficulté pour le quatuor de reproduire en concert toutes les parties de saxophones et trompettes (Flea, très bon trompettiste, peine un peu à en jouer en même temps que de la basse, on l’excuse) ainsi que les chœurs féminins (pas évident de changer de sexe le temps d’un gig). Trop de contraintes, du coup l’expérience Freaky Styley restera un one shot. Le groupe fait donc le choix judicieux de contre balancer cette perte par un surplus d’énergie et d’électricité.

The Uplift Mofo Party Plan est ainsi le premier volet d’une trilogie « funko-hendrixienne » musclée, laquelle se poursuit avec Mother’s Milk et atteint son apogée sur le démentiel Blood Sugar Sex Magik. Tout en reprenant des éléments déjà présents sur Freaky Styley (les axiomes que sont les zig zag de guitare de Slovak, le slap de Flea et le chant souvent rappé de Kiedis restent inchangés), The Uplift Mofo Party Plan pose les fondements sur lesquels les Red Hot vont construire leur son pendant quatre ans. A savoir une polyrythmie qui se décompose selon une caisse claire indéboulonnable accompagnée de bris de cymbales formant à eux seul une autre rythmique, sur lesquels se déhanche le slapping de la basse, auquel répondent les riffs décalés et les solos de guitare. Le tout formant une véritable dynamique grâce à la mélodie suivie. Résultat, les chansons des Red Hot font autant pogoter que bouger les genoux, tout en étant d’une grande richesse musicale. Cependant pour le moment tout ceci est encore un peu rigide, Kiedis et ses petits camarades n’ont pas encore atteint la maestria qui sera la leur sur Blood Sugar Sex Magik et ses compositions en parfait équilibre entre haute énergie et souplesse. Ici le groove est parfois trop raide, le songwriting encore hésitant, et surtout le son de l’album n’a pas très bien vieilli. Frappe de batterie un peu trop datée 80’s, basse pas assez charnue et trop rugueuse, guitare un peu trop étouffée, on est loin de la qualité d’enregistrement et de production qu’aura le groupe avec Rick Rubin.

Alors, outre pour son intérêt historique afin de comprendre l’évolution du groupe, ce qui n’intéresse que les fans, pourquoi écouter The Uplift Mofo Party Plan aujourd’hui ? Réponse : pour une poignée de chansons excellentes, qui malgré les défauts soulignés ci-dessus figurent parmi les choses les plus remarquables qu’ont pu faire les Red Hot Chili Peppers. Avec leurs motifs de guitare hendrixiens en diable et toutes les trouvailles originales de Slovak, leurs dérapages de basse maîtrisés au millimètre et leur énergie communicative, les morceaux de ce troisième opus des poivrons rouges restent un vrai bonheur simple et jouissif, d’une fraîcheur étonnante. Bien sûr, tout n’est pas mémorable, on peut très bien se passer du bâclé Skinny Sweaty Man ou du moyen Love Trilogy. De même, la reprise de Subterranean Homesick Blues de Bob Dylan est davantage une curiosité qu’une raison de se jeter sur ce disque comme si sa vie en dépendait. En revanche Behind the Sun et son sitar surprennent agréablement, bien qu’encore maladroit par instants le chant de Kiedis convint sur la grande majorité des titres, dont un Fight Like a Brave tonitruant avec son refrain à brailler à plusieurs en marchant de façon chaloupée, façon Suicidal Tendencies is back in town and is gonna smash your ass, motherfucker ! C’est d’ailleurs lorsque le groupe concilie envolées de guitares gorgées de fuzz et wha wha et refrains à sauter tout habillé dans la piscine qu’il donne le meilleur de lui-même ; les trois titres les plus réussis sont Backwoods, Walkin’ on Down the Road et Organic Anti-Beat Box Band (un titre qui en dit long sur l’essence même de la musique des Red Hot). Trois chansons avec des mélodies ultra efficaces, totalement funs, ensoleillées et lubriques, qui annoncent The Righteous and the Wicked, Give it Away et autres tueries à venir. Histoire de rappeler que les Red Hot ont eu une vie avant de faire exploser le tiroir caisse au son de Californication.



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Tracklisting :
 
1. Fight Like a Brave (3’53")
2. Funky Crime (3’00")
3. Me & My Friends (3’09")
4. Backwoods (3’08")
5. Skinny Sweaty Man (1’16")
6. Behind the Sun (4’40")
7. Subterranean Homesick Blues (2’34")
8. Special Secret Song Inside (3’16")
9. No Chump Love Sucker (2’42")
10. Walkin’ on Down the Road (3’49")
11. Love Trilogy (2’42")
12. Organic Anti-Beat Box Band (4’01")
 
Durée totale : 37’50"