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Trees

Trees

n0 things

par Yuri-G le 13 mars 2007

3

paru en 2006 (autoproduit)

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Parfois, on éprouve le besoin infaillible, dans ces instants vacillants où l’on décide de succomber pour de bon à cette paranoïa grouillante, tapie dans les remous d’un quotidien incertain, de se sentir renforcé par une bande-son adéquate. Un support où trouver une résonance glaçante à nos angoisses mises en branle. Là, c’est sûr, Trees pourrait se révéler très précieux pour certains.

Le groupe n0 things se forme à l’occasion du split opéré avec les Liars, lorsque ceux-ci sortent They Threw Us All In A Trench And Stuck A Monument On Top en 2002. Face à de tels antécédents, on se doutait un peu que l’affaire n’allait pas vraiment virer à la pop orchestrale. Le résultat étant que Trees pourrait habilement éclipser le presque trop extrême They Were Wrong, So We Drowned des Liars, lorsqu’ils tentèrent de dessiner un cauchemar déchiré et radical, en dynamitant leur punk-funk originel.

Radical, Trees l’est aussi. S’appuyant tout autant sur un post-punk très sale que sur un noise-rock maladif, voire même sur de l’indus, le son est sanglant et criard, griffant et lacérant les murs de ses guitares perçantes, bousculant les blocs de béton sous les coups d’une rythmique alerte mais dure, écrasante. Le chant a été exposé à quelques radiations nucléaires, malingre et tétanisant. L’angoisse apparaît sous un jour clinique. Dès le premier titre, ce sont les boucles enragées et imperturbables de la guitare qui, sourdement, écartent sur leur passage les maigres cloisons résistantes à la psychose. L’embardée est affolante, les mains se crispent, les jointures en deviennent blanches. Alors tout lâche, d’un coup. Tout semble hurler que la traque est lancée.

Pourtant, il faut le dire, l’album ne peut être hâtivement réduit à une traversée maso. Perturbantes et féroces, les chansons n’en demeurent pas moins efficaces (particulièrement dans la première moitié), propulsées par les touches minimalistes et corrosives des guitares, celles-ci jaillissant comme des morsures brûlantes, pour tout emporter. Définitivement. Gutta Luva pourrait être un morceau presque entraînant avec sa basse bondissante pour piste de club terminal, mais il se trouve distordu à travers le prisme - évident - de Birthday Party, maître d’une oppression grinçante. Un dub aux ramures liquides (International Insurrection), un peu moins dangereux, bien qu’encore tendu d’accords rêches, fait office de garde-fou afin d’éviter l’aliénation irrémédiable, la pleine paralysie (Die In The Past). Mais celle-ci ne pourra se résorber face à la conclusion rampante d’un Heaven Has No More Room, plombé par l’élasticité d’une basse morbide.

Trees devient addictif dans la menace constante qu’il impose. C’est évident, ce disque est abrupt. Et diabolique dans ses prétentions musicales, renvoyant à une déliquescence urbaine, omniprésente. C’est un grand moment dangereux, auquel il faut se livrer à l’éclat coupant des réverbères. n0 things parvient à arpenter les mêmes structures métalliques empruntées auparavant par The Fall et Birthday Party, où souffle seulement la bise de la paranoïa. Si on y survit, on attend la suite avec impatience.



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Tracklisting :
 
1. Trees (3’17")
2. Have It Your Way (3’09")
3. Treat Us Like Children (2’23")
4. Gather Round The White Chapel (O’46")
5. Electric Chair (2’58")
6. Coward (3’00")
7. Gutta Luva (2’34")
8. International Insurrection (3’51")
9. Offa Bridge (5’14")
10. Die In The Past (4’00")
11. Heaven Has No More Room (1’32")
 
Durée totale : 32:49