Pochettes
Trespass

Trespass

Genesis

par Psychedd le 6 mars 2007

paru le 22 octobre 1970 (Charisma Records)

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C’est peut-être à la suite du fiasco de leur premier album que Genesis a découvert l’importance de l’image (et l’importance d’avoir un bon producteur !)
Pour ce From Genesis To Revelation (merci encore à Jonathan King pour cette trouvaille spirituelle !), la pochette était plus que sobre : lettres gothiques dorées sur fond noir... C’est était trop pour les disquaires qui mettent directement l’objet dans le rayon de musique religieuse...
Pour Trespass, tout change : maison de disque, producteur et illustrateur. Le « second premier album » de Genesis ressemble enfin au Genesis progressif, qui d’ici quelques années va devenir une véritable référence du genre.

Pour cette pochette, on fait appel à un dessinateur, Paul Whitehead, qui prolongera sa collaboration avec le groupe pour les deux albums suivants. Il prend alors le parti de concevoir une image en rapport avec le contenu du disque, comme illustration à l’univers étrange qu’est en train de créer Peter Gabriel. Ce qui n’est pas flagrant à première vue, surtout si l’on n’a jamais jeté au moins une oreille sur cette galette...

Au devant, l’ambiance est plutôt « médiévale fantastique » (très prog donc), avec une nette dominance de bleu. Bleu du rêve, bleu apaisant, bleu vaporeux, la première impression qui se dégage est celle qui exprime le calme... La seule touche de couleur vient d’un paysage, assez flou quand même, qu’admire un couple (royal semble-t-il), qui se trouve sous une arcade. Un mot sort de tout cela : « éthéré »... Éthéré comme l’est le morceau Visions Of Angel par exemple (l’ange que l’on voit à gauche ne serait donc pas un hasard ?)...
Car Trespass n’est pas un disque que l’on peut qualifier de violent, il est même encore tâtonnant. De la pop progressive en somme...On est encore loin des futurs morceaux épiques qui parlent aussi bien aux oreilles qu’à l’imagination.

Cependant, un détail attire, voire perturbe, l’œil : un trait noir, comme venu du ciel, traverse l’image. Erreur d’impression ? Volonté de montrer que sous ce calme apparent, il y a quelque chose qui cloche ? La deuxième réponse évidemment (avouez que le suspense était insoutenable !). Car si l’on suit ce trait et qu’on retourne le disque, on tombe sur... un poignard. Un poignard, presque incongru dans cette scène, symbole de violence au milieu de la paix. Comme pour chacune de ses pochettes, Whitehead la voit en plusieurs « dimensions ». Une scène au recto, qui semble différente de celle du verso et quand on déplie le tout, surprise ! Tout devient cohérent et les significations deviennent bien plus claires (toujours pour qui connaît un peu l’univers et les chansons de Genesis).

Arrive la question que vous vous posez tous (mais si, mais si...) : mais que fait ce poignard ici ? C’est en tout cas une preuve que Paul Whitehead illustre bel et bien les chansons, qui leur donne une « vie » qui leur est propre.
Petit cours linguistique : un poignard, c’est un gros couteau. Un couteau en français, c’est « a knife » en anglais. Le mot est lâché : The Knife... The Knife, chanson qui clôt le disque dans un déluge de violence (tout est relatif, c’est violent pour du Genesis quoi...), morceau qui vient troubler l’unité générale, à l’exception peut-être de Stagnation, déjà bien chelou. The Knife, premier vrai morceau épique de Genesis, prémisse aux chef-d’œuvres que seront Musical Box ou encore Supper’s Ready. Quoi de plus normal que de mettre l’accent sur cette espèce d’OVNI sorti de nulle part ?
Et pour le matérialiser encore plus, l’artiste prend le parti de mêler la photo au dessin, car selon lui, le poignard et l’encoche dans lequel il est planté sont bien réels. Ce qui s’avère vrai quand on a la chance de posséder l’objet en format 33 tours et que l’on peut admirer les détails de cette composition...

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La pochette de {Trespass} vue en entier

Au final, et c’est ce qu’il y a de plus beau dans cette histoire, Trespass est jusque dans sa pochette un mélange d’innocence encore toute juvénile et de volonté d’enfin trouver un style personnel et marquant. À l’instar du groupe, Paul Whitehead, n’en est qu’à ses balbutiements : son trait, déjà reconnaissable est pourtant encore fragile. Et comme pour Genesis, le meilleur reste à venir...

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