Portraits
When the music's over

Disquaires sans frontières (Vol. 1)

When the music’s over

Rome, août 2007

par Giom, Le Daim le 30 octobre 2007

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Le soleil tape sur la Rome du Nord, cette Rome où il n’y a plus rien à voir, loin des palais, forum et autres places à fontaines rococo…

Ici, sur le Viale del Castro Pretoriano, l’homme laisse sa trace par deux de ses plus fameux « vices » : alcool et guerre font évidemment souvent la paire. Plus loin, dans ces longues rues souvent désertées par le quidam classique, un signe de la magnificence passée fait brutalement surface et l’on se trouve à longer les murailles de la vieille ville pour atterrir assez vite sur l’une de ses portes.

Tradition et modernité, ce n’est pas un programme politique de centre-droit mais bien la vision qui s’offre à nous. À l’horizon, apparaissent d’immenses tuyaux blancs, attributs de la gare centrale, Stazione Termini, ultime symbole que tous les chemins mènent bien à la cité du Tibre. Vision surprenante et qui laisse nostalgique sans qu’il n’y ait pourtant lieu d’être. Peut-être ce sentiment est-il dû à ces auto-stoppeurs venus en nombre à la porte de cette ville qui, comme Prague, Florence ou autres lieux de magie, ne souhaite voir personne la quitter. Ainsi, le départ semble plus qu’incertain pour ces néo-clochards célestes.

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Le quartier s’anime soudainement en arrivant sur la Via Tiburtina, artère où se côtoient restaurants, bars, glaciers et autres artifices de la vie romaine. Notre bonheur se trouve sur la droite, un peu plus loin, dans la petite Via Degli Etruschi. Le cœur commence à battre un peu plus vite comme celui d’un chercheur d’or à qui l’on annonce l’Eldorado à proximité. Car il faut bien comprendre, on nous l’a annoncé, il n’y a pas mieux à Rome que Disfonzioni Musicali. De sources sûres, cette boutique est le must de la ville pour les amateurs de vinyles, de raretés indés ou de galettes plus classiques mais toujours bien savoureuses. Le pas s’emballe donc pour atteindre la ruelle, on tourne enfin, puis le choc. Un guitariste nous scrute d’un regard impénétrable, tel Jimmy Page jouant les Sphinx imprenables.

La boutique est fermée.

La musique enfermée, séquestrée, presque morte. La rue est vide et une atmosphère morbide s’en dégage malgré les belles nuances de jaune des façades de maison. Le magasin s’étend pourtant sur une bonne largeur laissant en effet soupçonner une magnifique caverne d’Ali Baba. Presque six numéros de la Via à lui tout seul. Du très rarement vu donc, presque un mirage mais dont les volets de fer descendus rappellent la dure réalité.

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En face, un bar rock connaît le même sort. Rocksteady Ska Bluebeat a lui aussi les volets rabattus, laissant également observer une figure étrange qui recouvre cette tristesse qu’ont les endroits morts. Vivant, ce coin de ville devait respirer bon la joie des notes et le goût du houblon ; mort il n’est qu’un coin de rue comme les autres, ou presque.

Fermeture définitive ou simples vacances d’été, nous n’en saurons jamais rien et c’est tant mieux. Le doute au moins permet l’espoir d’une musique qui ne s’arrête jamais, n’en déplaise à Morrison et ses potes. La faucheuse MP3 nous a-t-elle devancés ? Seul notre Jimmy Page mural connaît la réponse, mais il est bien difficile d’interpréter son regard.

Turn out the lights.

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