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mercredi 15 avril 2015
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par Sylvain Golvet le 16 septembre 2008
paru le 7 avril 2008 (Kartel)
Benjamin Darvill, alias Son Of Dave, est un homme-orchestre. Hop hop hop, je vous arrête tout de suite, oubliez cette image de Rémi Bricka qui vient de vous passer par la tête. Ici point d’accordéon ou de feux d’artifices sortant d’on ne sait où. Cette homme-orchestre joue plutôt le dénuement et la simplicité. Faut dire qu’il a choisit d’évoluer dans des genres propices à la simplicité : blues du delta, gospel et folk dans son plus simple appareil. La plupart du temps, Son Of Dave n’a besoin que de peu de choses, un harmonica, un tambourin, un battement de pied, et surtout sa voix, alliant beat box et chant qu’il triture avec ses pédales d’effets. Une formule qui a son petit succès sur scène, raflant assez souvent les vivats du public lors de ses prestations.
Décrit ainsi, on pourrait craindre une certaine répétition, une limitation due à la pauvreté des arrangements. Que nenni, et c’est là que le gars est ingénieux. Dès l’inaugural Old Times Were Good Times, c’est une sorte de groove robotique assez irrésistible qui s’empare des enceintes. Pas de blues pur et dur, mais un hybride plutôt dansant, poursuivit sur le carrément funky Lover Not A Fighter qui lorgne vers Prince, et plutôt de belle manière, le bougre. Sans compter la reprise du synthétique Low Rider de War, qui de la même manière convoque harmonica, petits riffs de guitares, chœurs féminins discrets mais efficaces. Etant, comme son nom ne l’indique pas, son 4ème album sous ce nom [1], le Son Of Dave a eu le temps de peaufiner sa technique en studio. Et jouant quasiment de tous les instruments possibles, il ne se gène pas, entre contrebasse et piano, batteries et autres percussions. Ce qui lui évite d’ailleurs l’écueil du phénomène live qui perd de son intérêt sur disque.
Par ailleurs, il se vautre aussi allègrement dans le blues sec et craspec, pour notre plus grand plaisir. Hellhound ou Squat That Rabbit font sonner un harmonica bien strident, accompagné d’à peine plus que la belle voix chaude de notre homme à tout faire. Les chansons comme la belle pochette nous évoquent elles la solitude des gens perdus dans des villes trop grandes, entre alcool, voitures et filles faciles et moins faciles. Notons aussi, My Mercedes, un gospel touchant fait de chants de femmes et de claquements de mains.
Presque un disque sans guitares, Son Of Dave a sorti là un court disque plutôt sympathique, qui va plus loin que la simple retranscription d’une prestation live à succès. Ses compositions ne sont pas toutes mémorables, mais grâce à des versions studios ingénieuses et un univers entre Bjorn Berge et Beck, Son Of Dave revisite lui aussi le blues, entre respect et facéties. Le Canadien n’a certes pas le profil du Mississipi, mais il sait en retranscrire l’âme avec ses nombreux talents. 03 n’est, on l’espère, pas le dernier de la série.
[1] Benjamin Darvill a notamment joué dans le groupe Crash Test Dummies… Mais si, souvenez-vous du tube Mmm Mmm Mmm Mmm !
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