Concerts
Eli "Paperboy" Reed & The True Lovers

Le Trabendo (Paris)

Eli "Paperboy" Reed & The True Lovers

Le 09 mai 2009

par Sylvain Golvet le 26 mai 2009

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Roll With You, l’album d’Eli "Paperboy" Reed (prononcez "élaï") est passé en beauté sous les radars journalistiques. Alors que la marotte de 2008 était bien l’avènement d’une « neo-soul », tous semblaient obnubilés par la vie extra-musicale d’Amy Winehouse ou par Duffy ou Adele, fades nouvelles prétendantes au statut de diva, tandis qu’en fin d’année Seal ou Raphaël Saadiq faisaient le bonheur de la ménagère. Nous on savait bien que la Soul n’était pas vraiment morte, ressuscitée çà et là par des artistes de divers horizons, comme Gnarls Barkley pour ne citer que l’un des groupes les plus récents et originaux. Certes, Eli, contrairement au duo précité, ne tente aucunement de faire évoluer le genre, préférant se réfugier dans des sonorités moult fois entendues, tout comme Sharon Jones & The Dap Kings ou Nicole Willis & The Soul Investigators. Comme les passeurs appliqués que l’on croise dans le blues, ces artistes se contentent de ressusciter du mieux qu’ils le peuvent l’esprit d’Otis Redding, de James Brown, d’Ike & Tina Turner, autant d’artistes faisant partie de la légende. Car, l’ambition de ce jeune homme, c’est de remettre les Etats-Unis sur la carte de la planète Soul face à l’invasion britannique.

Une prise de risque limitée ? C’est un peu ce qu’on se dit en entrant dans la salle, mais cette certitude sera balayée d’un cri rageur par Eli et sa troupe. Mazette, si ce concert n’était qu’une infime parcelle de ce que pouvait donner James Brown sur son terrain de prédilection, on veut bien donner tout ce qu’on a en notre possession pour trouver de suite un téléporteur et se retrouver en 1963 à l’Apollo et y mourir d’extase. Bon, notre ami Reed n’est pas le "Godfather of Soul", surtout si l’on se fie à son physique de petit juif rondelet, au pas de danse hésitant et à la bonhommie qui inspire plus la sympathie que le charisme pur et dur. Rien de tout cela ne devrait être un handicap pourtant, preuve en est, Eli fait comme si de rien n’était, il est habité par son rôle, danse comme s’il avait les jambes de James Brown et surtout chante comme s’il avait la voix de James Brown, et le pire c’est qu’il l’a presque le bougre.

Entrant en scène présenté par son MC de saxophoniste, Eli va produire 1h30 de show intense, défoulant, émouvant, vibrant. À sept, les True Lovers revisitent l’album Roll With You en y accentuant ses caractéristiques. Tel slow devient plus langoureux (It’s Easier), tel morceau dansant fait instantanément remuer tous les membres (Take My Love With You). Puis le groupe s’éclipsera quelques instants pour laisser Eli reprendre quelques classiques en solo. Il faut dire qu’Eli a révisé avant de se lancer sur les routes du monde entier. À l’adolescence, ce Bostonien s’est volontairement exilé dans l’Etat du Mississippi pour s’y imprégner de tout ce que la Southern Music pouvait lui offrir, écumant les clubs soirs après soirs. Jusqu’à sortir un premier album de reprises en 2004.

Enfin des titres déjà puissamment dansants sur galette (The Satisfier, (Doin’ the) Boom Boom) finiront de nous convaincre car exécutés avec une énergie quasi punk. Le dernier titre sera même joué dans un joyeux bordel par 12 musiciens ravis (The True Lovers + les Right Ons, sympathique groupe espagnol de la première partie), laissant tout le monde les jambes flageolantes et la tête pleine de refrains à chanter à tue-tête.

Au final, par sa fougue, sa joie de faire partager sa musique et un sens imparable du show, Eli « Paperboy » Reed se hisse très vite en tant que showman hors pair. Or les quelques nouvelles compositions dévoilées ce soir et notamment un Where You Heart Should Be (ou quelque chose dans le genre) déchirant, laissent espérer un nouvel opus qui mettra tout le monde d’accord. On l’attend de pied ferme.



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Setlist :
 
Intro
Stake Your Claim
Wasting My Time
I’m Gonna Getcha
It’s Easier
Got That Will
She Walks
Band Intrumental
 
Eli Solo two songs
 
Young Girl
Name Calling
Where Your Heart Should Be
Just Like Me
The Satisfier
Love Of A Man
(Am I Just) Fooling Myself
Take My Love With You
(Doin’ The) Boom Boom