Concerts
Fear Factory + Devin Townsend

Paris (Le Bataclan)

Fear Factory + Devin Townsend

Le 10 décembre 2012

par Thibault le 9 janvier 2013

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S’il est de notoriété publique que Fear Factory est un groupe très médiocre sur scène ces dernières années, on ne s’attendait pas à ce que le son du Bataclan soit encore plus mauvais que le chanteur du groupe en question. La qualité du son dans les salles parisiennes fait régulièrement débat et cette date du 10 décembre offre des arguments supplémentaires à ceux qui pensent qu’on atteint régulièrement le foutage de gueule et qu’on le fait payer au prix fort. Volume beaucoup trop élevé, guitare qui sonne comme une batterie, batterie qui sonne comme une poubelle, saturation épouvantable, toutes les bourdes auxquelles on est malheureusement habitué étaient au rendez vous. Pourtant, celles ci ne sont pas une fatalité car le triple concert Klone - Trepalium - Hacride au Divan du Monde le 14 octobre dernier avait prouvé qu’il est possible d’avoir des groupes de metal à Paris qui sonnent bien sans avoir le budget et l’équipement de Metallica. Il faut croire que certains organisateurs prennent moins leur travail par dessus la jambe que d’autres.

Difficile de juger tous les aspects de la performance du Devin Townsend Project dans ces conditions, notamment certains choix de setlist. Des titres comme Truth, War ou Planet of Apes ont paru plutôt gâché, la faute au son bien sûr, mais on peut aussi se demander si jouer de tels morceaux avec quatre musiciens est raisonnable étant donnée la quantité de samples supplémentaires qu’ils nécessitent. Sonoriser du DTP, c’est un peu plus ardu que du garage et faut se racler la soupière au moins deux minutes avant de brancher les câbles. Quoiqu’il en soit, le mixage était indigne d’une salle de renom et est allé en se dégradant ; la balance voix/instrument qui était bonne sur la première chanson est devenue très hésitante au fil du concert.

Malgré ces conditions, Devin Townsend a offert un concert impressionnant de maîtrise et de professionnalisme. Malade comme un chien, toujours à se moucher et à se curer le nez, le canadien a montré tout son amour de la musique et de son public par une implication physique et expressive de tous les instants. Pas une seconde où il ne cherche pas à communiquer avec l’audience et avec ses musiciens, pas un moment où il ne focalise pas tous les regards, pas une minute sans qu’on se dise qu’assister à un tel show est simplement exceptionnel. Devin Townsend a une présence énorme, il vampirise la scène tout en faisant preuve de beaucoup d’humour, d’auto-dérision et de respect pour son public. Une attitude qui évoque les moments flamboyants de Frank Zappa, capturés sur des enregistrements comme You Can’t Do That On Stage Anymore, une formule qu’on pourrait réutiliser pour Townsend sans problème.

Dans la continuité de son dernier album Epicloud et du gros bordel du Retinal Circus, Townsend joue ses titres les plus "straight to the point" et "have a good time" : Vampira, Lucky Animals, Supercrush, etc. Ses années de dépression sont derrière lui et il veut simplement s’amuser avec ses chansons et son public, très réactif ce soir là. Une belle dynamique se met en place entre les gens venus écouter la musique et ceux qui la jouent : Townsend ne cesse de blaguer, repère les spectateurs les plus agités et leur lance des sourires ou des clins d’oeil... une ambiance qui pour le coup tranche avec la réputation tristoune du public parisien. Townsend a d’ailleurs été le premier surpris et a exprimé son enthousiasme sur Twitter dès la fin du show. De fait, il a négocié avec la salle pour avoir le droit de jouer un morceau supplémentaire alors que le Bataclan est très strict sur le planning. Après un magnifique moment avec un de ses meilleurs morceaux, Deep Peace, une chanson unique par son mélange d’humilité et de grandiloquence, Townsend met toute la salle sur les rotules avec Bad Devil, un titre de boogie-metal démentiel.

Il est assez facile et pédant de vouloir résumer un musicien avec un instant saisi à la volée, mais ce moment recueilli suivi d’une hargne aussi positive exprime très bien sa personnalité unique. Devin Townsend n’est pas seulement un showman époustouflant de professionnalisme. C’est une personnalité forte et attachante, qui arrive à mettre toute sa personne dans sa musique, qui se met en scène sans fausse pudeur ni fausse modestie hypocrite, mais avec spontanéité, humour, générosité... La plupart des fans de la musique de Townsend ont un rapport très affectif avec l’homme, et le voir en concert est sûrement le meilleur moyen de connecter avec son art.

Bonus : une petite interview réalisée par TV Rock Live lors du concert.



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Set-list :
 
Supercrush !
Truth
Om
Planet of the Apes
Where We Belong
War
Vampira
Lucky Animals
Juular
Grace
Deep Peace
 
Bad Devil