Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Aurélien Noyer le 31 janvier 2012
Perdu derrière le Parc de la Villette, caché par une bretelle du Périph’ et par une station de bus, le Glazart est l’endroit parfait pour rappeler les origines clandestines de l’electro ou du punk hardcore. Vous vous en doutez, c’est plutôt la deuxième possibilité qui nous avait attiré là-bas... et encore, si les deux groupes de première partie gardent des attaches assez fortes au hardcore et au post-hardcore (quoique ce terme puisse désigner), Kylesa est un enfant bâtard du hardcore... et du sludge-metal... et du heavy 70s... et du psychélisme floydien... et de pas mal d’autre choses.
Mais procédons par ordre et commençons avec KEN Mode. Dramatiquement inculte (et un tantinet imperméable) en HxC, mélange de hardcore et d’influences metal, je dois admettre avoir été agréable surpris. Sur scène, KEN Mode parvient à équilibrer ses influences et à fournir une certaine dynamique, celle-là même qui me manque lorsque j’essaye d’écouter quelques groupes du genre. Bien que sans grande surprise, les compositions sont suffisamment efficaces pour entraîner le public (votre serviteur y compris) et proposer un début de soirée de fort bon aloi.
Malheureusement, le cas de Circle Takes The Square n’est pas aussi simple. On passe des structures simples de KEN Mode à une musique complexe, superposant différents rythmes et différentes structures rythmiques et évoquant parfois les constructions alambiqués du Captain Beefheart période Trout Mask Replica ou Lick My Decals Off, Baby, en plus violent naturellement. Du coup, il est vite ardu de suivre un morceau lorsqu’on le découvre en live et l’exercice devient très vite épuisant... surtout que, si l’agencement simultané de différents rythmes est parfois astucieux, il vire de temps en temps à ce qui semble un beau bordel. Sans doute le groupe mérite-t-il d’être découvert sur disque, en ayant le temps d’appréhender leurs chansons (ou peut-être pas).
Avec Kylesa, je suis déjà plus en terrain connu... surtout que, contrairement au Hellfest, la guitare et le Theremin de Philip Cope fonctionnent parfaitement et offrent une nouvelle fois la possibilité de vérifier que, malgré les changements de line-up (le bassiste Corey Barhorst a quitté le groupe, remplacé par l’ex-batteur et nouveau bassiste, Eric Hernandez), la puissance de la musique de Kylesa sied toujours autant à l’exercice live. Le mixage sonore sur les voix n’est encore une fois pas à la hauteur, on voit parfois Laura Pleasants ou Philip Cope remuer les lèvres face au micro sans percevoir la moindre ligne de chant, mais les compositions du groupe sont de toute façon plus centrée sur les instruments et ce défaut ne nuit pas à la qualité générale du concert.
Si Philip Cope semble un peu en retrait à droite de la scène, concentré sur ses parties de guitare et guettant les membres du groupe comme une sorte de chef d’orchestre, Laura Pleasants et Eric Hernandez occupent l’avant-scène et dégagent un charisme incroyable, assurant la majorité du spectacle pendant qu’à l’arrière, les deux batteurs, Carl McGinley et Tyler Newberry s’observent pour construire des polyrythmies élaborées mais massives et puissantes. Il faut peut-être voir dans ce découpage (puissance et groove dévolus aux percussions, riffs et mélodies chez le couple guitare/basse de Laura Pleasants et Eric Hernandez, et enfin liant sonore et gestion des atmosphères par la guitare et le Theremin de Philip Cope) la recette de l’efficacité scénique de Kylesa. Car s’il est toujours possible de faire des miracles en studios, la scène ne permet pas de faux-semblants et une musique comme celle de Kylesa nécessite une certaine précision dans l’agencement de ces différentes composantes. Or, le concert du Glazart a été une nouvelle fois la preuve que le groupe a clairement trouvé la bonne formule, entraînant le public dans toutes les directions, que ce soit dans les rythmes lents de To Forget, dans la fureur de Tired Climb ou dans les montagnes russes de Scapegoat. Achevant son second rappel avec la noisy-prog (?) Where The Horizon Unfolds, Kylesa emmène le Glazart jusqu’au bout de son univers et montre que, malgré un problème de mixage de la voix (récurrent dans les salles parisiennes), le groupe excelle à retranscrire sur scène même ses morceaux les plus originaux.
Retrouvez aussi l’interview de Philip Cope par Inside Rock.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires :
|
![Atom](plugins/auto/comments/v3.2.6/feed/atom.png)