Une pochette haute en couleurs qui en dit long sur la direction prise par le rappeur Edan. Une charte graphique résolument psychédélique, des coupes afro à gogo, on ne peut être trompé par le son qui va sortir de ce Beauty And The Beat.

Edan, enfant de la balle qui aura grandi sous tutelle musicale bien surveillée, s’en sert à merveille pour illustrer cet album aux sonorités diverses et variées, déroutantes et balancées, mais toujours parfaites. Un son polysémique pour un artiste multifacettes. De la pochette, au chant, au mix, à la production, Edan se sera chargé de tout ce qui touche de près ou de loin à son bébé. Tout ce que l’on peut dire c’est que Beauty And The Beat est une réussite en tout point.

Le son alambiqué voulu par Edan est surpuissant et inaltérable. Edan puise dans son héritage musical outre hip-hop, ratisse large le champ de ses investigations pour entretenir le vecteur directeur de son projet : le psychédelisme. Entre rap old-school et expérimental, on assiste à une démonstration de force. Le flow perçant et imperturbable d’Edan marche sur du charbon ardent, backbeats importés directement des seventies. Les références sont nombreuses, que ce soit issu du rock, que ce soit du pur hip-hop, que ce soit du old-school, que ce soit de la funk, les chansons prennent pied et émergent d’un psyché latent. C’est bien là le côté le plus fracassant de Beauty And The Beat, cette ambiance lancinente et hypnotique du psyché à l’image des motifs fractaliens de la pochette, elle nous attise et nous piège dans son univers ; Edan nous fait parvenir le fil tendu de son flow au-dessus des sables mouvants qu’il a lui-même instaurés.

Les backbeats sont impressionants de maîtrise, misant sur des samples et arrangements splendides, prenants mais surtout bien représentatifs. Chacune des treize chansons intègre un aspect tantôt funky, tantôt barré, tantôt radicalement hip-hop. Tout se mélange, tout se crée, tout se transforme. Peu importe ce que pourront dire les scientifiques. D’un univers oppressant et totalement psychotique (Torture Chamber) on bascule à de la soul bien sentie et virtuose (I See Colors) tout en faisant un petit détour par du rock et roule (Rock And Roll). Le post-traitement du flow d’Edan est délibérement old-school contrastant avec la modernité des samples piqués à un riche passé. Les cordes cinglent méchamment, les violons font sentir leur puissance émotionnelle et envoûtante, les instruments les plus traditionnels gagnent en intensité musicale incorporés à la musique eclectique d’Edan.

Tout s’enchaine à merveille, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Edan. Incontournable album hip-hop, qui plus est expérimental et incommensurablement novateur, Beauty And The Beat montre que le hip-hop est le plus beau fleuron de la musique actuelle.