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mercredi 15 avril 2015
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par Antoine Verley le 10 novembre 2009
Paru en septembre 2007 (Camion Blanc) : 528 pages
Dans les étalages de la fnac se chevauchent des ouvrages sur le genre et ses diverses ramifications, avec des noms plus putassiers les uns que les autres (". Pour exemple, "L’Âge du Metal" de Robert Culat. Un livre parmi d’autres, dirait-on. Un livre de chez ces gens de Camion Blanc avec un hurleur sur la couverture, bref, jusqu’ici, tout est anormalement normal. Sauf que ce bouquin, lit-on sur la quatrième de couverture, est écrit par un homme d’Eglise. Alors ? Alors, on fait fi du prix prohibitif (marque de fabrique de l’éditeur) et on passe joyeusement la caisse, le pavé serré entre les mains. Pensez donc, un prêtre qui écrit sur le Brutal, ça doit valoir le détour !
Robert Culat, prêtre du diocèse d’Avignon, croisa un jour deux jeunes aux cheveux longs et aux vêtements sombres. L’image le stupéfia, mais l’affaire devint d’autant plus intrigante quand il apparut que ces jeunes gens étaient catholiques pratiquants. Il découvrit alors, éberlué, tout une "sous-culture" métallique, et y devint carrément familier, se mit à hanter les disquaires et les salles de concerts, jusqu’à virer du statut d’"intéressé" à celui de..."fan acharné".
L’idée lui vint, en 2000, de sonder la population métalleuse de France afin d’établir le profil du métalleux hexagonal standard. C’est le résultat de ce fameux sondage qui est développé durant toute la première moitié du bouquin. Chiantissime à la lecture, elle n’a qu’une valeur d’archive (encore qu’on se doute bien que les métalleux français sont, pour la plupart, des hommes athées qui n’aiment pas le rap). Non, en réalité, le bouquin vaut surtout pour ses annexes. On nous gâte en analyses passionnantes sur les questions philosophico-religieuses liées au Metal (la thématique religieuse chez Metallica ou dans les textes de Dornenreich, quelqu’un ?), mais aussi en citations toujours intéressantes de musiciens qu’on aurait tort d’identifier à leur public : qui a jamais imaginé entendre un jour un membre de Mayhem livrer ses théories sur le darwinisme social chez Anton LaVey ? Avec, en prime, pour les béotiens de service, des rappels sur l’arborescence des différents sous-genres du Metal.
On pourra trouver de nombreuses critiques à ce bouquin, comme le côté didactique type "le Metal expliqué à ma fille" (ou plutôt "à ma nièce", les prêtres ayant fait voeu de célibat), la minimisation du cas du Metal Fusion (considéré à l’occase comme une "trahison"...), les clichés omniprésents ressassés d’un bout à l’autre, l’utilisation abusive et pas toujours à bon escient du terme "underground", mais tout cela sera excusé par le foisonnement d’informations et d’analyses passionnantes que l’essai contient, ainsi que sa relative érudition permettant des ponts passionnants avec différents domaines artistiques.
Ce livre s’adresse avant tout aux non-initiés. Ce que nous sommes un peu tous, il faut l’avouer, confrontés à ces noms scandinaves qui sonnent autrement dérangés que des gentils Nightwish.
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