Lorsqu’on parle de DVD de concerts, on imagine un groupe qu’on apprécie suffisamment pour investir dans son “produit dérivé”. De plus, on sait par avance, qu’il y a eu un travail de fond pour bien rendre le côté live sur un téléviseur ou un moniteur d’ordinateur. Bref, on veut revivre ou découvrir un spectacle ! Et quand on imagine le live d’un DJ, on se dit : « Un gars tout seul se baladant à droite à gauche pour nous livrer de la musique, mais où est le spectacle ? » C’est vrai que ça peut être frustrant. Mais quand on a affaire à Josh Davis, c’est autre chose. Car ce dernier aime communiquer et faire découvrir ses (ou des) créations.

C’est donc lors de sa tournée mondiale pour la sortie de The Private Press que DJ Shadow a eu l’idée de vouloir filmer sa tournée. On apprend d’ailleurs dans le petit fascicule accompagnant le DVD que cela pouvait le ruiner car une équipe de tournage aurait coûté trop cher pour sa bourse. C’était donc lui-même et son équipe qui allait s’y coller avec quelques caméras numériques (tant mieux, car pas de problèmes de production extérieure). Le choix du concert pour l’impression DVD allait s’arrêter sur celui de Londres à la Brixton Academy. Car le DJ avait déjà derrière lui quelques dates (toutes les américaines) et pouvait se confier aux caméras plus sereinement avec un show de plus en plus “rôdé”. N’entendez pas par là qu’il recrache les mêmes sets à chaque concert, mais il avait besoin de pouvoir s’assurer.

Car le but de ces concerts, outre la promo de son dernier album, c’était une volonté de partager sa musique et de la faire ressentir en live avec tout ce que cela comporte : montrer comment il s’exécute aux platines mais aussi prouver qu’un DJ sait faire aussi bien niveau spectacle que n’importe quel autre groupe de musique ! Et c’est donc en suivant ce parti pris que je vais vous exposer ce set-DJ.

Dès les premières secondes, DJ Shadow prend le micro et commence par saluer la salle et présenter le matériel utilisé et ce qu’il va “jouer”. Et enfin, l’Act 1 peut se faire entendre. Plus une mise en bouche que réelle mise en œuvre, le DJ donne l’impression de faire peu de choses. Mais à la fin de cette première partie ou Josh reprend certaines chansons les plus connues de son répertoire (et de celui de U.N.K.L.E.), ce dernier demande au public de ne pas hésiter à réagir au divers morceaux proposés pour mieux rebondir sur les platines. Prévenant par la même occasion que l’Act 2 et 3 seront plus expérimentaux et couplés avec les vidéos projetés et contrôlés par ses soins sur trois écrans géants placés derrière lui. Dans cette partie, Shadow distille un abstract hip-hop plus rythmé, plus soul, et plus empreint de bidouillages de dernière minute sur les quelques bases dont il se sert pour construire son set.

Au milieu de ce concert, se trouve un entracte ou un trailer nous est présenté avant de revenir sur un DJ prêt à démonter ses platines toute la nuit si les Londoniens le veulent. C’est ainsi que commence l’Act 4, contenant seulement trois morceaux, tous prélevés de The Private Press. Comme à son habitude, le DVD joue avec les effets de superpositions d’écrans avec une fois les platines, une fois les écrans, la foule... Un montage efficace et dans le ton de la musique. Le dernier Act, quant à lui, n’est composé que du dernier morceau de Endtroducing. Le rappel n’est que crescendo et une invitation à danser ou sauter partout, tellement le mélange est fou, rythmé et entraînant.

Intéressons-nous maintenant à la technique, c’est-à-dire au DVD en lui-même. Un menu simple et efficace proposant le concert, un chapitrage des divers actes et une plage bonus. On retrouve sur cette dernière divers trailers présentant la tournée de Shadow. Le meilleur reste, sans doute, des extraits de ses autres dates avec les quelques invités qui parcoururent son itinéraire tout autour du monde. Donc un gros extrait d’environ 15 minutes DJ Nu-Mark et Cut Chemist, où les trois DJ s’amusent à pousser des boutons sur lesquels sont enregistrés diverses notes de différents instruments de musique (batterie, orgue, Rhodes...). Puis un autre extrait avec un certain Malcolm qui accompagne Shadow à la batterie, conférant ainsi plus de vie aux compositions free style. On aurait apprécié d’autres extraits de guest tel que Thom Yorke et bien d’autres qui ont pu participer.

D’un point de vue strictement technique, le DVD possède une piste sonore dolby 2 et une piste dolby 5.1 pour les plus chanceux. La qualité visuelle n’est pas élevée mais reste très agréable sur une télévision. N’oublions pas que c’est avec ses propres moyens que DJ Shadow s’est filmé. Le packaging est simple et révèle la présence d’un CD reprenant le concert, sans le rappel, pour pouvoir en profiter aussi en dehors de son chez soi.

Grâce à ce DVD, on découvre enfin le vrai visage de DJ Shadow : un mec qui aime communiquer et partager ce qu’il fait. Comme nous l’avait confier François Floret [1], il apparaît comme quelqu’un de simple. Inventif aussi, car produire une telle galette (pour un DJ) peut être risqué, mais le pari a été respecté et on s’éclate bien à la vue de ce génie !