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Mars Red Sky - Interview

Mars Red Sky - Interview

par Sylvain Golvet le 5 juillet 2014

Auteurs d’un deuxième album très convaincant et de concerts tout aussi résussis, on avait envie d’interroger le trio stoner/doom Mars Red Sky. À l’occasion du Hellfest où ils se produirent en tout début de la première journée, nous les rencontrons dans cette atmosphère de festival si particulière.

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Vous avez joué en tout début de Hellfest, à 10h30. Ce n’est pas trop dur ?

Mat : Honnêtement on avait des petits doutes au départ parce que c’est jamais facile d’ouvrir un festival comme celui-là et ça c’est très très bien passé. Au final ça s’est rempli assez rapidement et les gens étaient vraiment à fond. On a bien fait de se lever et de mettre les réveils à l’heure.

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Je voudrais parler de votre son qui est particulier et qui se détache de celui des autres groupes de la scène stoner/doom, notamment ce chant très clair et aérien. C’est quelque chose que vous travaillez consciemment ?

Jimmy : C’est vraiment très naturel en fait. Julien a officié dans pas mal de groupes de pop, de folk, et quand il a eu envie de faire de la musique plus lourde il n’a pas changé sa façon de chanter. Cette scène-là on l’a découverte en grande partie en faisant cette musique avec des gens rencontrés en tournée, en festival, même s’il y a des trucs qu’on connaissait aussi, notamment Sleep, Black Sabbath, Dead Meadow ou d’autres. Puis Mat nous a rejoints il y a deux ans à la batterie et ça nous a ouverts à des groupes un peu plus bourrins et un peu plus classiques.

Julien : On voulait aussi créer du contraste entre le chant aigu et des sons plus bas.

Mat : Au départ c’était peut-être une coïncidence mais maintenant c’est devenu une “marque de fabrique”. On a un peu plus ça en tête et pour le nouvel album on a voulu rendre ce contraste plus extrême.

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Et de jouer aussi sur la dynamique et les cassures…

Julien : Oui, il y a énormément de dynamique et de relief, plus que sur le premier album en tout cas c’est sûr. Plus de chœurs aussi.

Jimmy : On a vraiment la chance, au bout de quelques années, en ayant un label, en faisant ça plus sérieusement, de n’avoir aucunes contraintes. C’est une scène avec des gens qui écoutent de la musique déjà, ça c’est bien. Puis quand on met en place un morceau et qu’il y a des tiroirs qui apparaissent et qu’au final on se rend compte qu’il fait neuf minutes bah c’est super, on est content. Il y a une liberté dans la façon dont on travaille autour des riffs de Julien et c’est super agréable.

La production de l’album est impeccable je trouve. Le fait est que vous avez enregistré cet album à Rio avec Gabriel Zander alors que ce n’était pas prévu comme ça. Vous le connaissiez avant ?

Mat : Pas du tout. On avait rencontré par hasard un producteur américain, Harper Hug, lors du DesertFest à Londres, avec qui on aurait dû enregistrer. Il en a été autrement. On devait aller au États-Unis après notre tournée brésilienne mais on a dû rester sur place (pour cause de problème de visa. NDLR) et en catastrophe on a rebondi rapidement grâce à des rencontres qu’on a faites là-bas via Felipe, le producteur de notre tournée au Brésil. Deux jours après notre incident, on était en studio avec une personne qui était à notre concert de Rio quelques jours avant.

Jimmy : Il nous a découvert au concert parce qu’il connaissait le producteur d’origine, il est passé, il a trouvé ça bien mais lui comme nous n’auraient jamais imaginé se retrouver dans son petit studio pendant quatre jours pour faire l’album.

Mat : Du coup on allait enregistrer en se disant qu’il valait mieux ça que rien, comme une pré-prod presque, parce qu’on avait une semaine à tuer à Rio. Mais on a vite compris au bout de quelques heures de studio que le mec savait de quoi il parlait, il comprenait très bien ce qu’on voulait faire. Nous avions les morceaux bien en tête parce que ça faisait deux semaines qu’on était en tournée donc ça a été très très vite, l’album s’est fait en quatre jours là-bas et si c’était à refaire, on referait exactement pareil.

Est-ce que ça sonne comme vous l’aviez souhaité au départ ?

Jimmy : On n’avait pas vraiment d’idée là-dessus. On était sensé aller dans un studio avec de gros équipements, un magnéto à bandes deux pouces, avec passage sur ProTools et fixage sur bande derrière, en cabine, etc… Le producteur américain nous avait fait une offre qu’on ne pouvait pas refuser parce qu’il avait vraiment envie de nous enregistrer, et c’est ce qu’on recherche en général, ça fait toujours plaisir d’avoir des gens motivés. On n’écoutait pas forcément les groupes qu’il avait produit mais on connait un peu l’enregistrement via Julien et son petit studio donc on s’est dit qu’on allait pouvoir mettre en place quelque chose avec lui, mais sans idée précise.
Finalement la façon dont on a enregistré à Rio était complètement différente. On a enregistré live et ensuite il a fallu réamper les guitares (un processus digital), or sur le papier on aurait pas signé ça. Pourtant on est content de la texture qu’a donné Gabriel qui a sculpté le son pour revenir à quelque chose qui nous ressemble tout en allant loin dans la prod. Il est allé vraiment ciseler tout ça.
Il était question qu’on mixe avec l’américain, il a d’ailleurs fait quelques essais mais en fait on a préféré ce qu’a fait Gabriel.

Mat : Et puis il s’était passé quelque chose humainement. Tu imagines le contexte un peu particulier. C’était un peu notre sauveur quelque part. C’était Dieu.

Jimmy : L’Ange Gabriel.

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Mais l’aspect plus produit que le premier album n’était pas prévu non plus ?

Mat : Au départ on voulait quand même se donner un petit peu plus de moyens, y passer plus de temps.

Jimmy : Alors qu’au final on a fini dans un tout petit studio à faire nos prises en quatre jours (sauf les voix). Et on en est très content.

Mat : Il y a un nouveau truc dans le son, dans la prod. Il y a ce qu’on voulait.

Jimmy : On jouait tous en même temps avec la batterie sur micros, le reste directement branché dans la machine, sans amplis.

Julien : Et avec la technique du réampage, ça permet de ressortir un son très organique et analogique. (En fait, le principe est de faire rejouer et recapturer les parties de guitares enregistrées préalablement dans des amplis, après le passage des musiciens, NDLR.)

Jimmy : C’est un processus qui s’est passé sans nous. Ça prend beaucoup de temps parce qu’il faut repasser chaque piste indépendamment. Gabriel a dû y passer des jours et des jours après qu’on soit parti.

Mat : Je crois qu’il l’a fait quand on était là mais on était à la plage.

Julien : Il y a aussi eu quelques re records de guitare et de basse et les chants ont été enregistrés à Bordeaux, chez moi dans ma cave. Il a ensuite tout récupéré et il a mixé en fonction de nos indications.

Jimmy : Il a vraiment mis la main sur le truc et la direction nous a plu.

Julien, qu’en est-il de tes projets parallèles ?

Julien : Pour l’instant j’ai surtout un projet en solo. Les autres trucs sont plutôt en sommeil.

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Tout ça rejaillit sur Mars Red Sky ?

Julien : Oui oui, bien sûr. Avec mon groupe Calc, on a commencé avec un album en 1999 et je composais les morceaux. Je viens plutôt de ça à la base, avec des parties de guitares plus complexes que dans Mars Red Sky, avec du picking ou des changements d’accords compliqués, en plus de mes inspirations comme Robert Wyatt, tout ça rejaillit forcément sur Mars Red Sky. Et Mat aussi a des activités parallèles assez riches. On a un côté simple et direct dans MRS mais on cherche à l’agrémenter.

Et à l’inverse, est-ce que Mars Red Sky rejaillit sur vos activités solo ?

Julien : Oui je crois. Entre le premier album solo et le deuxième j’ai dû amener des éléments plus psychédéliques, des effets de réverb. Et le fait d’avoir écouté et découvert d’autres groupes.

Vos pochettes successives semblent reliés pour raconter une histoire. Qu’est-ce qui se cache derrière ?

Jimmy : Disons que ça fait partie du projet. On aime bien les vinyles, on aime bien les dessins. On travaille avec un gars qui s’appelle Carlos depuis le premier 45 tours. On lui soumet pas mal d’idées et tout se nourrit de la musique mais aussi de ce qui nous arrive. Par exemple sans notre périple au Brésil, l’album n’aurait pas eu ce titre. Après c’est pas du tout un album concept mais il y a une unité.

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On peut voir sur l’un de vos visuels une plage avec la statue du Corcovado enterrée à la manière de la Statue de la Liberté de la Planète des Singes. Le film, ou même le cinéma en général, a eu une influence sur votre musique ?

Jimmy : Comme la plupart des gens de notre âge oui, on connait les classiques de l’anticipation ou de la SF et c’est vrai que la musique colle un peu avec cet univers.

Julien : On est sensible aux musiques de film aussi.

Jimmy : Et puis on voyait cette statue tous les matins en allant au studio, ça faisait partie de notre vie.

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J’ai pu remarquer quelques réticences envers tout ce qui est affilié au terme “pop” chez les fans de stoner/doom. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous eu des remarques autour de ça ?

Jimmy : Alors justement on a vécu un peu le contre-exemple de ça. Quand on a commencé le groupe on n’avait aucune velléité d’appartenance à cette scène, d’ailleurs on la connaissait peu. Depuis on est ébahit d’être en Allemagne avec des mecs au premier rang avec des t-shirts de Watain ou Clutch et les mecs sont à fond.
À côté de ça il y aura toujours des gens, et c’est normal quand il y a un chant typé comme celui de Julien, qui vont moins aimer, on ne fait pas forcément l’unanimité. En revanche ce côté là fait qu’on est très bien accueilli peut-être parce qu’on a ouvert un peu les horizons.
Après il y a des mecs qui n’osent pas et qui disent que c’est leur meuf qui aime.
Donc on a plutôt la sensation inverse et on est assez étonné.

Julien : En tout cas on n’a pas envie de se restreindre, on a tellement d’influence diverses.

Jimmy : Et puis Julien il va pas commencer à partir en growl. (rires)

Bon, maintenant que vous êtes libres, quels groupes vous allez voir ce week-end ?

Jimmy : On va allez voir Dailyrock TV, French Music Academy, Heavy Report,... Je connais pas tous ces groupes, ça a l’air bien. (rires)

Mat : Moi je voudrais voir Toxic Holocaust, Blockheads, Satan, Loudblast, Pro-Pain, Trivium. Bon Maiden je vais certainement faire une heure. Voilà entre autres, c’est juste ce que j’ai coché.

Julien : On ira voir Electric Wizard, c’est sûr.

Jimmy : Moi j’irais bien faire un tour à Kadavar, Slayer, Kylesa aussi que j’ai jamais vu.

Très bien, merci à vous et bon festival !
(et merci à Claire de Purple Sage PR)



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