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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 11 septembre 2007
paru le 6 juin 2006 ; réédité le 17 septembre 2007 (Dragoon / PIAS)
D’accord, ça suffit, la trame de la plaisanterie a assez duré. Marre, marre, marre de ces nouveaux groupes qui semblent avoir appris le rock sur une compilation au rabais de Gang Of Four et qu’on passe allégrement dans les soirées branchées. L’auditeur a parfois l’impression qu’il n’y a que ça qui émerge parmi les nouveaux talents de la scène européenne et un peu du reste du monde. Ce n’est pas complètement faux mais pas complètement vrai si l’on se permet de citer par exemple Kaiser Chiefs, chef de file d’une nouvelle espèce de britpop qui ne tardera pas à faire très prochainement des émules. Ainsi va la vie.
Pourtant, lorsqu’une formation bruxelloise se permet de ressortir son premier album après un parcours du combattant pour se faire connaître (indésirable sur les labels belges, Montevideo atterrit finalement sur celui de Ghinzu), on ne reste pas les pieds dans le goudron à tirer la gueule. Titres enjoués, immense simplicité, diabolique efficacité. C’est précisément le son de Montevideo, disque où l’on retrouve la chaude détermination qui présida aux deux premiers albums de Franz Ferdinand et de Supergrass. D’ailleurs, si ce disque a été conçu et réalisé pour rivaliser avec ses équivalents anglo-saxons, nul doute qu’il affiche une réussite jamais atteinte à ce jour par aucun groupe belge francophone. Parce que les musiciens de Montevideo ont l’aisance et que ça sonne comme leur musique, comme leur vécu.
Ce n’est ni plus ni moins qu’un de ces groupes comme il en surgit régulièrement Outre-Quiévrain. Souvenez-vous de K’s Choice, Girls In Hawaï, Malibu Stacy, dEUS et consorts. Ils ont fait leur temps, à défaut d’avoir été influents et reconnus d’entre leurs pairs. À ce propos, il est bon de rappeler que l’histoire a montré que dès le deuxième album, il arrivait que des businessmen attirés par l’appât du gain mettent le grappin sur ces groupes et les force à tiédir, à affiner voire à putasser. Peut-être sera-ce le cas dans quelques mois mais en attendant, ce combo a l’art de pondre des tubes dont il est facile d’être persuadé, à la première écoute, de les avoir déjà entendus quelque part. Et ça, c’est un privilège, ce n’est pas à la portée de tout le monde ; c’est un peu comme proposer une bouteille de Mouton Cadet de l’année 1976 à des invités. Qu’est ce que l’album propose ? Un titre inaugural à couper le souffle (Groovy Station), un morceau sauvage et fracassant joué à fond la gomme (Drunk For The Last Time), un ersatz de Franz Ferdinand pas ridicule et qui ferait presque oublier l’été passé (H.e.a.t.). Il y a surtout ce titre passionnant, Paris In The Snow, qu’on entend pas assez souvent à la radio. Il suffit d’imaginer un vintage de Robert Smith dans les années 80 avant qu’il ne fasse honteusement des tubes/ordinateurs. Un titre simple, accessible et qui demeure déjà leur plus grand classique. Rien à redire, cela se retient comme un hit des Kinks, et les paroles mêlent, dans un délire tout à fait sain, les paumés d’un soir, les gens qui font la une des journaux, des superstars du rock’n’roll aux maîtres à penser de la politique. Irrésistible.
On sent que ces jeunes gens ont entendu avec rage des groupes comme Supergrass et Franz Ferdinand. Ce qui revient à dire qu’ils sont bien plus psychédéliques dans leur approche que les tenants du punk-funk des années 2000. Il serait foutrement difficile chez ce groupe de trouver des relents de boogie ou de rock sudiste. Montevideo évolue justement à la limite de toutes les frontières et c’est tant mieux. Il se trouvera sans nul doute des esprits forts pour tenter de rabaisser cette tentative de commercialisation et de popularisation d’une musique destinée jusqu’à ce jour peut-être à un tout autre public. Pensez à la ménagère que l’on peut séduire pendant qu’elle s’embête toute seule chez elle. De toute façon, ce disque passera l’automne avec ou sans les auditeurs mais il passera. Reste maintenant à pouvoir l’expliquer à tous ces sourdingues ambulants.
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