Focus
Pylônes en sueur, regards sur le metal (pt.1)

Pylônes en sueur, regards sur le metal (pt.1)

par Lazley le 22 avril 2008

Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte Imprimer l'article Envoyer l'article par mail

Introduction :

"With their diseases and orgasm drugs and their sexless parasite life forms—Heavy Metal People of Uranus wrapped in cool blue mist of vaporized bank notes—And The Insect People of Minraud with metal music."
William S. Burroughs, in Nova Express, 1964

Amusant comme certains termes, vagues notions et autres pseudo-concepts pop branques se plaisent à surgir dans le champ culturel comme des geysers acides... Une grande giclée concentrée (un ou deux mots fourre-tout matraqués par quelques perroquets en vogue : pop, grunge, stoner, post-punk, etc...), des retombées agréables comme une chaude-pisse à retardement (avez-vous remarqué combien
les groupes/artistes se revendiquant d’un mouvement, d’une scène peuvent être rapidement limités, peu inventifs, voire carrément à côté de la plaque ?), et bien sûr, une meute grandissante de badauds hypnotisés par le spectacle : on tient là l’alchimie essentielle de quasiment toutes les modes musicales populaires depuis que la dialectique hip/square s’est emparée des expériences mélodiques des Duke Ellington, Charlie Parker, Miles Davis et autres pour en faire une étiquette de sociabilité underground. Et, quand même l’étendue d’une recherche musicale aussi large que celle de Frank Zappa se fait cantonner régulièrement, et sans le moindre scrupule, à l’infamant terme jazz-rock, il est assez simple de s’imaginer le tsunami de poncifs grotesques, de raccourcis multiples que peuvent inspirer à tout un chacun ce petit tas de lettres : "metal".

Pourtant, il y avait de quoi évoquer de juteuses promesses pour tout amateur d’équarrissage sonore : rêver de tempos monolithiques, d’accords rêches et véloces plutôt qu’épileptiques, que ce soit dans les sixties finissantes ou aujourd’hui, ne méritait certainement pas ces récurrentes vannes, ce mépris et cette méprise ambiante autour du métal, autant alimentés par les détracteurs du genre que par ses supporters.

Histoire de clarifier quelques points d’interrogations, et de lancer deux-trois pistes, voici une des (si nombreuses) réflexions envisageables sur les tenants, aboutissants et futurs des contrées métallisées...

1 - Du culte des tympans vrillés aux melting-pots soniques : bref historique raisonné du "metal"

On ne compte plus les tentatives plus ou moins inconscientes, habiles et explicites d’assimiler l’explosion du "genre" metal, alors sans nom véritable, à une conséquence directe de la fin du prétendu rêve hippie. Altamont, la montée en puissance des downers et du doublon coke/héro (soient l’extrême apathie mollusquéenne et le symbole du trip "pulsions assassines") comme dope officielle des seventies, Hendrix et ses sursaturations, Cream (nous, on faisait du jazz !! gueulait pourtant Baker), Blue Cheer (minimalisme psychédélique shooté à la bigmuff grognante)... les références, "tournants" sont légions, mais peu défendables au regard de l’évolution globale de l’héritage ; QUI peut en effet prétendre sans ridicule qu’un lien direct, ou même un rien biaisé relie ombilicalement le Jeff Beck Group à Metallica ? Si Led Zeppelin + Cactus = heavy metal, d’où peut bien sortir Slayer ?

Reste un dénominateur commun sacrément solide, unanimement reconnu comme giron inépuisable par nombre de pointures, de James Hetfield aux quatre de Mastodon, en passant par Cronos (Venom) et les frères Abbott (Pantera) : le Sab’ !
(who else ?, serait on tenté d’ajouter dans un relent clooneyien)

Black Sabbath, "mother superior" et autres ébaucheurs : l’arène des dames de fer

Bien sûr, l’imagerie globale de la bestiole d’Ozzy et tonton Iommi a plus que prospéré dans le grand barnum métallique : crucifix renversés, fausse hémoglobine et évocations cornues composent le quotidien médiatique, voire musical des Marylin Manson (aussi metal qu’Alice Cooper pouvait l’être : du bout des lèvres maquillées, car il y a commerce à faire tourner !), Cannibal Corpse, Cradle Of Filth et moult autres gentilles inepties. Tant et si bien que l’association "Sabbath = Ozzy bouffeur de colombes = The Osbourne Show = Spinal Tap" fait florès un peu partout, et ce serait mentir que d’en dédouaner les quatre gosses de Birmingham ; après tout, les auteurs de Rat Salad ne se sont-ils pas complaisamment vautrés dans le bon vieux paradigme films de la Hammer/Aleister Crowley, avec cette naïveté adolescente, paraît-il constitutive de tout grand "mouvement hors-la-loi" ?

Sauf que le Sab’ a légué bien plus que quelques tics de carton-pâte. Des structures comme celles de War Pigs ou Iron Man (lenteur faussement erratique précédant des échappées distillant la surenchère de breaks, solos et ponts avec un aplomb soufflant), des pieds de nez comme Planet Caravan (officialisant la musicalité toute particulière du groupe) ou des écroulements comme "A National Acrobat" (acte de naissance de l’accordage en Do dièse) sont autant de preuves difficilement réfutables de l’axiome suivant : le Sab’, c’est avant tout un son. Chacun des éléments du groupe est une invention en elle-même : le crunch ultra-lourd et les solos en triton de Iommi, le timbre de gargouille sans blues d’Osbourne (babybabyabyabyyyyyyyy, proteste Robert Plant), les grondements aussi malins qu’imposants du bassiste Butler, et la frappe fondatrice de Bill Ward. En cinq albums, de l’éponyme premier opus à Sabbath Bloody Sabbath, de 1969 à 1973, le quatuor instaure une hégémonie quasi-totale en matière de potards grondants et de remugles distordus. Tant et si bien qu’on parvient mal à s’expliquer aujourd’hui l’irruption rétrospective de groupes parvenus, plus ou moins volontairement intronisés "fondateurs du métal", à commencer par un très vilain usurpateur, grosse blague pour tout bonhomme fréquentant un tant soit peu les recoins en fonte du grand train musical : Led Zeppelin.

On peut avoir toute une flopée d’avis différents et valables sur la bande à Page, mais arguer que les ex-New Yardbirds ont créé de toutes pièces ce qui était communément appelé "heavy metal" depuis la fameuse phrase signée John Kay (I like smoke enlightment/Heavy metal thunder - Steppenwolf, Born To Be Wild, 1969), c’est sacrifier à un gros tas d’amalgames nauséabonds, et disons-le clairement, se foutre de la gueule du monde. Résumons brièvement la course du dirigeable, cas d’école rock mais piètre métalloïde : un guitariste de session pigiste chez Hallyday, Mitchell, Polnareff, et tout le Swingin’ London, fan de blues, de folk gallois et de musiques orientales, se ligue avec un bassiste multi-arrangeur lysergique (le Satanic Majesties... des Stones, c’est du pur John Paul Jones), un batteur de... blues légèrement bourrin (John Bonham), et un hurleur de... blues (tiens !), rockab’ et folk (Robert Plant). Total : dix ans de rock violent (Dazed & Confused) puis séminal (Whole Lotta Love) puis folko-gallois (Bron-Y-Aur Stomp) puis stadium (Stairway To Heaven), puis orientalisant (Kashmir), le tout relié par... des récurrentes plongées/relectures de l’œuvre complète de Willie Dixon. Blues blues blues donc.

Ainsi, le Zep et sa légion de suiveurs (Free, Grand Funk, Bad Company, voire Kiss), ne peuvent définitivement être placés aux côtés du Sab’ ; ils s’agit, si bons soient ils, de groupes de "hard rock", "classic rock" pourquoi pas, mais certainement pas de "metal". De ce phénomène boogiesant semble se détacher très nettement l’inoxydable Deep Purple, dont le fondement classique tenace (l’axe Blackmore/Lord, gonflé de Bach et de Wagner) survivra aux seventies. Même si le groupe devient un cliché ambulant (Spinal Tap, encore...) dès Machine Head (1972) et se vide de sa substance après le claquage de porte du "baladin" gratteux Blackmore, les plans dudit ombrageux soliste font école dans une autre formation typiquement anglaise, initiatrice tout aussi caricaturée d’une mouvance qui ne lui plaira jamais vraiment, cette "New Wave Of British Heavy Metal" où essaiment les crétins cloutés aux cerveaux mous (les Saxon et autres Helloween). Nous parlons bien sûr d’Iron Maiden, objet de culte autant que cible ultra-classique de tout réfractaire aux riffs aérodynamiques et autres "cavalcades à deux guitares, le pied posé sur le prompteur tel un preux chevalier".

La Dame de Fer, c’est certes tout cela (la zombiesque mascotte Eddie, le wagnérisme latent), sans interruption since 1979. Mais c’est aussi une véritable mine que force futurs métallos en chef viendront creuser. Le séminal The Number Of The Beast (1982) pourrait presque être considéré comme la naissance d’un nouveau guide inamovible de la recherche du riff tronçonneuse : du titre éponyme à Hallowed Be Thy Name, des envolées vocales de Bruce Dickinson aux plans de basses insultants de Steve Harris, le mélodrame métal acquiert ici plus qu’un nouveau souffle... Il mute en une course effrénée mêlant vitesse, technicité et sueur, émaciant le propos. Fini le "downer sound" du Sab’, ses imprécations déprimantes, le groupe de metal viable, solide, doit sans cesse évoluer. Une nouvelle donne qui sera sinon fatale, du moins préjudiciable à Maiden l’instigateur ; si sa fanbase reste encore colossale (notamment en France, où le groupe remplit régulièrement le Parc des Princes), l’amateur moyen de sons secouants se lasse vite du cortège médiéval poursuivant les comparses du batteur Clem Burke, autre gros ponte du metal drumming. D’autant plus que la formule Maiden n’a guère varié depuis le milieu des années 80, malgré le renfort d’un troisième guitariste.

Même si l’arrivée fracassante de quelques ovnis guitaristiques (Randy Rhoads, myrmidon débauché par l’Ozzster voguant solo, ou l’autosatisfait Eddie Van Halen) manque de relancer le metal, les débouchés se fanent vite (le premier meurt accidentellement en 1982 après les quelques traits de bravoure de Blizzard Of Ozz, le second aura le destin que l’on sait : Jump et Michael Jackson)... Et les pistes protéiformes laissées par Iron Maiden menacent de s’évanouir, faute de leader sérieux. Poste qui trouve preneur un beau jour de 1983.


Combattre le feu par le feu : le tournant Metallica

Kill ’Em All, premier coup de boutoir lancé par quatre morveux acnéiques de San Francisco, est une véritable déclaration de guerre comme il s’en fait peu aujourd’hui : tout ce que le Sab’ et Maiden ont esquissé sans jamais vraiment pouvoir en saisir la portée, Metallica s’en empare avec un sang-froid haineux (celui des businessmen ?). The Four Horsemen envoie 7 minutes de charge assourdissante dans les gencives de la concurrence, James Hetfield (guitare/chant) éructe, Lars Ulrich (batterie) use et abuse de la double-pédale et des breaks m’as-tu-vu : ’Tallica, c’est avant tout une mégalomanie totalement décomplexée, dont l’écho retentira des plus grands faits d’arme (les fondateurs Ride The Lightning, Master Of Puppets ou ... And Justice For All) aux pires errances (le Black Album, redite nineties du Back In Black d’AC/DC, les ennuyeux Load et Reload, l’instable St. Anger). Quel autre groupe, à moyenne d’âge de 21 ans, peut se permettre d’inscrire sur son deuxième album en guise de remerciements METALLICA’S FIGHT FOR WORLD DOMINATION HAS BEEN MADE EASIER BY THE FOLLOWING WONDERFUL HUMAN BEINGS ? Ou d’envoyer dans une de ses premières interviews balader des journalistes qui croyaient interviewer des types en futale de cuir, maquillés et braillant "ROCK N ROOOLLL" à toutes les phrases, dixit Hetfield. Les plus éminents spécialistes cherchent encore un terme plus approprié que "mégalo"... en vain.

Mais peu importe, les prouesses du règne Metallica (1983 - 1990) sur le monde metal parlent d’elles-mêmes : une scène revitalisée par des hymnes faisant émules (Seek & Destroy, Ride The Lightning, ou le complexe et ultra violent One), une concurrence saine favorisée par l’éclosion d’autres combos, ceux qui formeront avec la bande de Frisco le carré magique du "thrash metal" (appellation censée désigner ces nouveaux apôtres du son crade, des thèmes morbides et de la vitesse absolue), le temps de quelques albums millésimés 1986 : Slayer, le carnage cyclique (Reign In Blood) ; Anthrax, le théâtre des allumés (Among The Living) ; et Megadeth, l’arme de Dave Mustaine, guitariste viré de Metallica, pour toujours "à la droite de Dieu" mais jamais sur le trône (Peace Sells... But Who’s Buying ?).

Quatre grands noms en 1986, écumant les stades et salles de la planète, amassant dollars et foules, déversant hectolitres de fluides corporels et sonorités en tout genre... Mais faisant rapidement face au même problème qui hanta ses prédécesseurs sur le toit du monde metal : comment parvenir à se renouveler efficacement sans "se trahir", et conserver une position de force ?
Peu de réponses, mais une hécatombe à la sortie : Slayer vite marginalisé par sa fixette "soli chauve-souris/reliques nazies/cris de schtroumpf noir hystérique", Anthrax préférant naviguer sous le radar en se réinventant dans son coin, et Megadeth devenant bonne conscience du metal, là où... Metallica est accusé, dès la sortie d’And Justice For All (1989) et du clip de One, de baisser cordialement son pantalon devant MTV.

Erreur : la recherche du succès tant populaire que commercial a en réalité fait naître chez les Four Horsemen, comme dans le moindre de leurs morceaux, LE chromosome qui manquait au metal pour pérenniser ses multiples héritages : celui de la PUISSANCE. Jetez une oreille à des titres comme For Whom The Bell Tolls, Fight Fire With Fire ou Blackened ; ils instaurent une véritable loi martiale du riff, un code implacable des rythmes, une maîtrise des préceptes de la structure metal dont la moindre note crie : "voilà votre corpus, les enfants !". Il suffit de voir les performances live gladiatoresques du groupe pour soupeser clairement leur effet dévastateur (le live Monsters Of Rock à Moscou en 1991 devant plus d’un million de personnes est hautement recommandable). Et, sans la stupidité hors-concours des membres de la machine Metallica (récemment confirmée par le navrant documentaire Some Kind Of Monster), nul doute que le metal aurait lentement déserté les bacs comme le paysage musical. Explications : l’obsession monomaniaque limite abrutie du duo de tête Ulrich/Hetfield pour le contrôle, le "tube" ET le morceau marteau-pilon ont donné une ligne de conduite très claire à Metallica, à savoir répandre le metal PARTOUT. Mettez un adepte de l’underground à la tête du groupe, ou un érudit cherchant le "pour vivre heureux, vivons cachés", et l’édifice s’écroule. Sans le giron de la multinationale ’Tallica, pas de Mastodon comme de Pantera... La liste est longue, et déborde jusqu’à des horizons éloignés du metal (Homme avoue sans complexe aucun avoir potassé son Master Of Puppets avant de fonder Kyuss, qui fera la première partie australienne des auteurs de Creeping Death en 1993).

Sans doute Metallica est-il cramé depuis longtemps, bien avant les récents contrats faramineux, la délation de fans downloaders par Lars Ulrich aux autorités américaines ou le merchandising omniprésent. Leur prochain album, qui moisit depuis 5 ans maintenant, peut créer quelques remous (production signée Rubin, "retour à la brutalité"...), mais plus de réelle (r)évolution. Rendons cependant à Jaymz et sa bande ce qui leur revient de droit : la paternité d’un renouveau metal de long terme, qui doit dès les années 1990 s’émanciper à tout prix.

Désordres de fonte : who’s next ?

Avec le Black album (autre réminiscence de Spinal Tap ?), Metallica laisse en effet sciemment son trône vacant : les morceaux lorgnent vers un beat rock (peu de grandes ruades de double pour Ulrich), une production millimétrée et une bonne ballade pour la postérité fm (Nothing Else Matters)... C’est peu de dire que la bataille est lancée entre les groupuscules soniques bourgeonnant, révélant quelques horizons étonnants, mais plus diffus.

Car c’est un bordel monstre qui s’installe, orchestré par la deuxième OPA de MTV sur les "musiques extrêmes". Les nineties voient ainsi défiler sur le petit écran comme dans les stades pléthore de candidats ayant de bonnes idées, mais un manque flagrant de stature. Après deux albums proprement hallucinants (Cowboys From Hell en 1990 et le colossal Vulgar Display Of Power en 1992), les texans de Pantera, sorte de ZZ Top du metal, loupent le coche en s’enfermant dans une formule "beats abyssaux/cris hardcore/riffs metal groovy" dont la pertinence décline autant que le poids des membres du groupe augmente (beer, beer and more beer...) avant de splitter piteusement à l’orée des années 2000. Machine Head et son Burn My Eyes (1994) joue les Anthrax junior avec panache, mais son mélange détonant de riffs accrocheurs et de Slayerite aiguë peine à trouver son public comme sa voie. Il y a bien Sepultura, le monstre toxique des frérots brésiliens Cavalera, mais le succès de Roots (1997) marque aussi le départ du leader/guitariste/frère aîné Max, laissant le reste de la bande désemparé.

Pire, les espoirs placés en ce que l’on appellera bientôt, avec force hauts le coeur, le "néo metal", se télescopent pour donner une génération entière de saloperies teenies à la "rebellitude" irritante. C’est le tour des Limp Bizkit, Linkin Park, POD, qui n’ont de "metal" que le nom, et décrédibilisent des grands frères aux tentatives plus abouties. Korn ne se réduit à un ridicule attrape-kids en mal de vivre qu’après son Life Is Peachy (1996), véritable chaudron funk metal bien tenté, et des sucreries comme Slipknot gardent le mérite d’arborer un batteur (Joey Jordison) pur produit metal, à défaut de pondre plus d’un demi-morceau valable.

Restait encore récemment System Of A Down pour colorer un peu les débats soniques de leurs cocktails arméniens (Toxicity, 2001), mais le virage - réussi - vers des contrées plus pop (Mesmerize/Hypnotize, 2005) a eu pour conséquence majeure... de faire imploser le groupe, gêné aux entournures par la parano aux relents de crack de son chef d’orchestre, le guitariste Daron Malakian. Mégalo mal placée donnerait donc des résultats tronqués ? A méditer... Mais sans trop tarder.

Surtout au vu de l’engoncement à vitesse grand V dans le cliché barnum-gothico-carton pâte qui pollue le devant de la scène. De Nightwish à Within Temptation, en passant par Dimmu Borgir, Cannibal Corpse et autres billevesées vainement bruyantes qui n’ont retenu du Black Metal (1982) de Venom qu’un décorum, on use de clips pseudo-épiques, de colonnes romaines en mousse, de sang Ketchoupy... mais pas le moindre riff sauvable, pas la plus petite once de rythme étrange ! Avis aux incrédules qui douteraient de la persistance de ce genre de nullités dans l’inconscient collectif : essayez de formuler mentalement "metal urbain", et vous n’obtiendrez, à part un groupe post-ponque hexagonal et mal dégrossi, qu’un pouffement de rire. Le réflexe, quoi...

Interlude : Tensions, quiproquos et amalgames...le métal et la critique

Un mot : HYPOCRISIE. Inutile de s’étendre sur les foisonnantes accusations de satanisme,justifiées ou non, venant de torchons bigots britanniques ou d’hebdomadaires bobos teutons. Il est assez désolant de voir à quel point la "vraie" critique musicale peut en une demi-seconde balancer dans "metal" n’importe quel bidule au son légèrement plus lourd que la moyenne. Entendons-nous bien : le crétin congénital beuglant sur NRJ "Evanescence, la révélation metal" fait parfaitement bien son travail ; il est payé pour scander ce genre d’inepties. On ne saurait en dire autant du chroniqueur prétendument aguerri aux rouages du genre, qui assimile la bouche en cœur Alice In Chains, Soundgarden ou les Foo Fighters à du "metal alternatif". Ce genre de raccourci par trop nauséabond, qui va jusqu’à faire de Mötörhead la "caution metal" de nombreux magazines sérieux (alors que Lemmy martèle partout qu’il fait du rock), remonte, on l’a vu, à l’erreur Led Zeppelin. Mais la supercherie peut aller plus loin ; certains affirment même que le Raw Power d’Iggy & The Stooges est le disque le plus violent, le plus metal de tous les temps ! Que l’on respecte le boulot de l’iguane ou pas, le constat ne saurait varier : les accords, le son de Williamson ou les beats de Scott Asheton n’ont rien de la furie technique d’un Pantera.

A force de vouloir absolument ancrer le metal dans une légitimité de "bon goût", qui remonterait à Hendrix, aux Who, et puiserait sa source dans le Helter Skelter des Fab (un blues défenestré intronisé matrice du metal, sous le mol prétexte "power chords omniprésents" ? La bonne blague !), la quasi-totalité de nos "rock critics" connus, d’Yves Adrien à Bangs à Kent à Manœuvre à Zégut (pourtant moins largué niveau son lourd), semble zapper un élément constitutif du genre : son appétit pour la surenchère technique, qui exclut par exemple un autre habitué de l’étiquette metal, les Guns N’ Roses. Allez donc dire à Slash que ses soli sont très proches de ceux de Dimebag Darrell (Pantera) ou de Mustaine !



Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n'apparaîtra qu'après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom