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mercredi 15 avril 2015
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par Parano le 21 octobre 2008
Extraordinaire. Comment dire ma gratitude aux frétillants Subways, pour m’avoir permis de vivre une expérience ô combien jouissive : s’emmerder à mourir au milieu d’une foule en extase. La dernière fois que ça m’est arrivé, c’est lors de mon mariage avec Clitoria. C’est dire à quel point j’ai souffert. Et c’était délicieux. Moi, effondré au bar du Grand Mix, tentant désespérément de passer pour le pisse-copie d’un prestigieux magazine rock, non pas pour décrocher une hypothétique interview avec les stars de la soirée, mais plutôt pour siffler quelques bières à l’œil. Sombre loque ruminante, alors que, autour de moi, la jeunesse révoltée, ébouriffée, trempée des effluves d’un excès d’hormones, hurle son enthousiasme pour le rock proto-pubère de nos jeunes Anglais.
Tout avait bien commencé. Quidam avait très consciencieusement investi la scène, assénant sa pop française léchée à un public ravit de retrouver, ça et là, un peu de Placebo, et beaucoup d’un tas d’autres groupes qu’on a déjà oublié, mais ce n’est pas grave, ce ne sont pas les boutonneux qui manquent pour nous gaver de rimes merdiques et de sonorités garage éculées. Avec Quidam, Nagui peut saliver, et les BB Brunes, frémir.
Puis vinrent les Subways. La première chose que j’ai adoré détester chez eux, c’est leur public. Pas parce qu’il est jeune, souriant, nimbé d’une beauté naïve, gracile et impudique, que j’ai, depuis longtemps, perdu, mais parce qu’il est con. Entendons-nous bien. Pas plus con qu’une meute de punks à roulettes à un concert d’Offspring, ou qu’un ramassis de métalleux étalant leur rage molle sous les coups de boutoir de Marilyn Manson, ou encore qu’une bande de cadres sup’ lâchés au peep show de Limoges. Non, con comme un troupeau de vaches. Vous allez me dire que je suis salaud avec les vaches. Moi je veux bien qu’on ait envie de s’amuser, mais pourquoi autant de docilité béate, et d’adoration mièvre, quand on porte un tee shirt fuck the world ? Pourquoi ce besoin irrépressible de bêler avec les moutons, de communier, de frapper dans les mains, de faire du bruit quand la star le demande, et de fermer sa gueule pendant la chanson triste ?
Mais bon, je pinaille. Il y a plus grave : Les Subways, c’est cool. Un mec qui éructe, torse nu, en brandissant sa grosse guitare, et une nymphette trash, qui ondule à chaque coup de caisse claire. Ça devrait être l’inverse. Marre du rock qui se pratique en position du missionnaire. Marre du rock inoffensif, qui brasse de l’air dans une salle non fumeur, sur une chorégraphie estampillée MTV, avec des poses de branleur calculées au télémètre laser.
Et la musique dans tout ça ? On s’en fout. Hors sujet. Déjà, les lumières s’allument, les garçons ricanent, les filles gloussent, et tout le monde dit que c’était vachement bien. Une demi douzaine de gamines réclament le chanteur. La chasse aux groupies peut commencer.
Merci aux Subways pour cette grande leçon de rock’n’roll.
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