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mercredi 15 avril 2015
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par Psymanu le 28 février 2006
paru en juin 2005 (UpMusic / Warner)
MyPollux, c’est l’aventure entamée en octobre 2001 par la chanteuse Lussi, sorte de Mylène Farmer mais en plus dark et dotée d’une sacrée voix sous sa crinière rougeoyante, et son pote batteur Max. Après de nombreux changements de line-up, celui-ci s’est stabilisé autour de Yann à la guitare, Florent à la basse et Toma, remplaçant du co-fondateur et batteur. Leur premier essai longue durée, Trouble Amarante, date déjà d’octobre 2004, mais leur signature récente chez Warner par le biais de UpMusic en permet une plus large diffusion. Et puis ils se sont forgés à la force de la scène une jolie petite réputation, et ont même obtenu, mais est-ce ce dont il faut les vanter, l’insigne honneur après concours, d’assurer la première partie de Pleymo, néo-métallurgiques tricolores avec lesquels ils n’ont toutefois que peu de rapports.
Difficile, le petit jeu des étiquettes, lorsqu’il faut s’attaquer à MyPollux. Eux brandissent un étendard « Pop Core », sans savoir eux-mêmes ce que cela pourrait éventuellement vouloir dire. Toc, le morceau introductif est un murmure de quelques secondes pour lancer le disque. Il plante bien le climat d’intranquillité qui sera le fil conducteur, en quelque sorte, de Trouble Amarante. Nuit Blanche retentit et l’on se dit que l’on est peut-être face à la réponse francophone aux Evanescences et NightWish. Certes la guitare est métallique, saturée, mais la balance musicale penche tout de même davantage vers une pop énergique avec ces accents lyriques que la voix de Lussi seule suffit à lui donner. On sent bien que tout tourne autour d’elle. Même lorsque le groupe décide de passer la surmultipliée, ça n’est jamais au détriment de sa chanteuse dont les textes sont systématiquement mis en avant. Lapsus est un titre abrasif. Un des plus violents du groupe, et un tour de force vocal de la part de sa frontwoman. Celle-ci hoquette parfois sur I Don’t Care, mais sans que jamais on n’en soit exaspéré. C’est une des seules compositions en anglais, mais finalement ça n’a pas la moindre importance. Si l’on prend un peu de recul sur l’écoute, on se rend compte que la mélodie créée par les vocaux ont à eux seuls une puissance évocatrice supérieure à celle de ses paroles. La preuve en est faite, et de quelle manière, sur Leïlloqo, auquel il ne faut surtout rien chercher à comprendre puisque entièrement écrit dans un langage inventé.
Et pourtant, quelque chose circule. Peu ou pas d’électricité là-dedans, mais des violons, et la participation de Bob, des Watcha, dont le timbre se marie fort bien à la couleur locale. Un titre atypique, mais qui laisse le sentiment que le groupe gagnerait à l’explorer plus tard. Le disque se poursuit avec un tube potentiel : Madame Est Tranquille. Un zeste de funk dans certaines rythmiques, une mélodie bien foutue. Pour une fois le groupe semble trouver une identité pas totalement dévolue à la voix de Lussi. C’est la même chose avec Toc Toc, en plus radiophonique encore. Si le groupe veut percer, qu’il s’engouffre dans cette brèche, mais le problème est l’arrière-goût de consensualisme qui peut s’en dégager parfois. Plus personnelle est Chanson Pour Mars-Aile, et de fait, l’écoute en est bien plus agréable parce que MyPollux en version piano-voix s’y révèle davantage dans ce qu’il a à offrir de plus particulier. Le groupe sait aussi faire peur, et le prouve avec Grage. Les hurlements qui accueillent l’auditeur tranchent avec l’apaisement sonique du titre précédent. Lussi file vraiment les jetons dans sa simulation de terreur absolue. Grage, c’est du gros métal qui tâche, mais c’est sympa. De Trouble Amarante, il faut également retenir Éclipse De Sommeil. Sans doute une des compos les plus élaborées, et une de plus réussies aussi, et haut la main. Une intro acoustique, puis des explosions en saccades, entrecoupées d’autres gratouillis acoustiques, etc. MyPollux est trop vaste pour s’y résumer, mais c’est un morceau qui les représente de façon tout à fait digne, entre inquiétudes sourdes et cris de rage. Le disque se conclut sur (Si Je M’Endors). Pas de texte, juste une inquiétante mélodie, et une nouvelle piste d’exploration musicale.
Le soucis dans les groupes où l’un des éléments possède un particularisme qui saute à la gueule, c’est pour les autres membres de résister aux tentations soit de devenir un vulgaire backing band, soit de vouloir tirer à leur tour leur épingle du jeu quitte à tirer sèchement la couverture à eux, au risque d’une perte d’équilibre. Et l’auditeur de se demander ce que donnerait la musique de MyPollux sans Lussi. Débat balayé d’un revers de la main à la ré-écoute. Après tout, si Lussi chante si bien de bonnes compositions qu’elle a elle-même majoritairement participé à créer, ça n’est que justice si l’ensemble marche sur ses pas. MyPollux, va falloir surveiller.
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