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A Bigger Bang

A Bigger Bang

The Rolling Stones

par Milner le 25 octobre 2005

4

paru le 5 septembre 2005 (Virgin / EMI)

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En jetant un regard vers le passé, la vérité impose de dire que décidément, en quittant les années 70, Jagger et sa bande sont bien tombés de Charybde en Scylla, multipliant les expériences mitigées avec une volonté de toujours garder une oreille sur la musique black, tout en prenant le parti pris FM (au détriment du rock ?) qui avait dernièrement englué le groupe sur disque. Car, question concerts, aucuns problèmes, nos papys font toujours autant de sport pour tenir la route le temps de tournées extravagantes et lucratives à n’en plus finir.

Et pourtant, depuis bientôt vingt-cinq ans (Tattoo You en fait), nos Graviers préférés ne nous avaient plus mis à pareille fête ! Les gens se posaient des questions sur la validité du groupe, sur ses capacités à survivre. Les gens se demandaient presque si les Stones existent encore et fonctionnent encore en tant que groupe. Car si on part du principe que Keith Richards incarne le véritable esprit des Stones, le seul, le pur, celui qui n’est pas un personnage public, qui n’est pas invité aux partys, alors, oui, il souffle un vent de retour aux sources sur A Bigger Bang, particulièrement sur des morceaux comme Rough Justice, It Won’t Take Long ou Oh No Not You Again. On jurerait entendre des titres datant de Exile On Main Street, ce qui est un peu vrai car avec seize titres bien dans l’esprit de l’époque, c’est à s’y méprendre. Le pirate place sa voix de dur du goulot sur deux titres (This Place Is Empty et l’ultime chanson Infamy) et assume son côté roots avec hargne et ténacité. Bien évidemment, la formule musicale du gang n’a pas foncièrement évoluée depuis le dernier Bridges To Babylon de 1997 et c’est avec un certain bonheur que l’on écoute les morceaux plus calmes chantés par le Sir Jagger, l’autre tour de contrôle de la formation anglaise.

Streets Of Love est réussie dans un style ballade FM dont l’intro rappelle étrangement Sonnet de The Verve. Ah, les ballades des Stones. Ils ont parfois eu la fâcheuse habitude de considérer que les morceaux lents devaient être longs (qui a dit Angie ?) et les rapides courts, ce qui - il faut bien avouer - est un raisonnement aussi niais que les préceptes anglicans que s’appliqueraient à suivre Jagger depuis son entrée dans la très haute bourgeoisie avec ses potes Cliff Richard, Paul McCartney et Elton John (oups, j’ai oublié leur titre de noblesse...). Pourtant, celles-ci sont éminemment écoutables et un titre tel que Biggest Mistake ne gâche rien à l’histoire puisqu’on sait déjà que le groupe ne les jouera pas en concert. Sinon, il y a cette tirade anti-Bush (Sweet Neo Con) qui fait actuellement fureur dans les dîners mondains (ceux où on est jamais invité) et qui ne laissera pas les auditeurs insensibles aux polémiques qu’avaient pu engendrer le satanique Sympathy For The Devil. En parlant de ce dernier, comment ne pas évoquer le diabolique Back Of My Hand aux yeux braqués sur le Delta, aussi malsain qu’un concert des Stones à Altamont ?

Le disque touche à sa fin et il n’est pas encore question des autres membres ... Rassurez-vous, Charlie Watts va bien. Il a toujours le swing derrière ses fûts et forme une belle paire rythmique avec son alcoolique Ron Wood, plus mordant que jamais depuis que les Stones se sont fait titiller sur leur propre terrain par ce nouveau rock, White Stripes en tête. Les autres ... on en parlera une autre fois, quand le groupe déclinera vraiment car A Bigger Bang n’est pas encore devenu le disque chiant qui appartient au vieux système des musiciens complaisants envers eux-mêmes.

Dans ce monde où, pour la première fois depuis 1977, on trouve une résistance sensible au niveau de l’industrie du disque, The Rolling Stones a publié son vingt-quatrième album studio qui n’est ni plus, ni moins qu’une actualisation pour le nouveau millénaire de ce qu’il jouait déjà en 1973, le talent en moins ? Peut-être un peu. L’expérience en plus ? Sans aucun doute. Les phases, comme le disco et le grunge, ont l’air d’arriver et de repartir de plus en plus vite. Les Pierres Qui Roulent sont toujours là et menacent de nouveau de créer un plus gros boum avant 2010. En attendant de prendre congé, pas trop de clowneries, les vieux !



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Tracklisting :
 
1- Rough Justice (3’11")
2- Let Me Down Slow (4’15")
3- It Won’t Take Long (3’54")
4- Rain Fall Down (4’53")
5- Streets Of Love (5’10")
6- Back Of My Hand (3’32")
7- She Saw Me Coming (3’12")
8- Biggest Mistake (4’06")
9- This Place Is Empty (3’16")
10- Oh No Not You Again (3’46")
11- Dangerous Beauty (3’48")
12- Laugh I Nearly Died (4’53")
13- Sweet Neo Con (4’33")
14- Look What The Cat Dragged In (3’57")
15- Driving Too Fast (3’56")
16- Infamy (3’47")
 
Durée totale : 64’22"