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The Chess Sessions

The Chess Sessions

The Rolling Stones

par Aurélien Noyer le 24 mai 2011

Paru en 2001 (Sister Morphine)

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En juin 1964, les Rolling Stones arrivent aux USA pour leur première tournée au pays du blues, du rock et de toutes les musiques qui les ont influencés. Prêts à en découdre, ils savent qu’il n’appartient qu’à eux de s’installer durablement dans les charts de l’Oncle Sam. Et pour cela, il leur faut l’image adéquate et des singles imparables. Au niveau de l’image, Andrew Loog Oldham s’en charge. Manager et producteur du groupe, c’est surtout un redoutable attaché de presse ayant travaillé dans un monde bien plus pervers que celui de la musique, celui de la mode. Avec un sens inouï du détail, il sait exactement ce qu’il faut dire, ce qu’il faut faire pour attirer l’attention des médias et surtout des teenagers.

Pour ce qui est des singles, la seule solution est de travailler... de travailler et d’enregistrer sans relâche. Aussi, dès leur arrivée chez l’Oncle Sam, les Stones se précipitent en studio. Et quitte à devoir choisir un studio, autant choisir celui qui cristallise tous leurs fantasmes : les mythiques studios Chess de Chicago. Sonny Boy Williamson, Memphis Slim, Jimmy Rogers ou John Lee Hooker, tous ces bluesmen qui ont forgé l’imaginaire musical des Stones ont enregistré leurs disques dans ces studios. Les Stones vont alors partager leur temps entre les concerts et les sessions d’enregistrement (sessions réparties entre Chicago et les studios RCA de Los Angeles).

Le présent CD compile donc le résultat de quatre sessions : les 10 et 11 juin 1964, le 11 novembre 1964 et le 10 mai 1965. Au programme, beaucoup de reprises comme c’était la règle à l’époque pour les Rolling Stones, mais aussi quelques originaux. Et dans les deux cas, le résultat est assez exceptionnel. Pourtant la plupart des titres ici réunis resteront inédits pendant longtemps, comme ce Stewed And Keefed (Brian’s Blues) enregistré sans Brian Jones malade ce jour-là. A l’écoute de cette jam tranquille, on peut se plaire à rêver de ce qu’auraient pu être les Stones si Ian Steward avait eu un peu moins d’âge et plus de charisme. La combinaison de son toucher délicat et de l’âpreté de la guitare de Richards font de cet instrumental une merveille bluesy.

En comparant avec les titres du premier album enregistré en Angleterre, le changement est monumental. Les Stones sont à l’apogée de leur période blues, Brian Jones et Keith Richards jumellent leurs guitares pour tresser des lignes bluesy inattendues (What A Shame, I Can’t Be Satisfied) et Jagger s’approprie toute la lasciveté du blues et la transpose à sa nature de petit Anglais pour enfin l’exprimer comme il se doit. Alors que sur leurs premiers essais, les Stones semblaient jouer un blues scolaire, presque académique, on s’aperçoit qu’avec cette tournée aux USA, ils ont enfin compris la nature intrinsèque du blues. D’ailleurs, la plupart des titres présents sur les Chess Sessions sont relativement calmes, presque laid-back, ce qui permet à un Jagger qui commence à comprendre son statut de sex symbol de jouer sur les nuances et de continuer à découvrir son potentiel.

Outre l’indéniable qualité des versions représentées, ce CD présente aussi l’intérêt de montrer l’évolution du groupe sur presqu’une année entière. Un groupe passant du classique It’s All Over Now à l’énorme (I Can’t Get No) Satisfaction avec une des premières versions enregistrées. Une version qui marie le célèbre riff électrique à des accords acoustiques déchaînés, faisant presque passer les notes égrenées par l’électrique pour une innocente comptine. Alors certes, on peut aisément comprendre la volonté du groupe de mettre en avant ce riff mordant dans la version finale. Mais rien que pour cette version évincée, ce disque vaut le détour. Alors si on y ajoute les alternate takes de classiques comme Time Is On My Mind et la pléiade de reprises inédites (Confessin’ The Blues, Reelin’ And Rockin’ ou Tell Me, Baby (How Many Times)) , on frôle presque l’indispensable, surtout que le son global est plutôt bon et que certaines pistes bénéficient même d’un mixage stéréo consistant (ce qui ne va pas forcément de soi pour un bootleg).



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Tracklisting :
 
1. It’s All Over Now (3’25")
2. I Can’t Be Satisfied (3’27")
3. Stewed And Keefed (Brian’s Blues) (4’08")
4. Time Is On My Side (version 1) (2’49")
5. Good Times, Bad Times (2’35")
6. Don’t Lie To Me (1’58")
7. Around And Around (3’03")
8. 2120 South Michigan Avenue (version 1) (3’39")
9. Empty Heart (2’34")
10. Down In The Bottom (2’42")
11. Reelin’ And Rockin’ (3’37")
12. Down The Road Apiece (2’56")
13. High Heeled Sneakers (2’59")
14. Look What You’ve Done (2’19")
15. Confessin’ The Blues (2’47")
16. 2120 South Michigan Avenue (version 2) (2’11")
17. If You Need Me (2’01")
18. Tell Me Baby (How Many More Times) (1’56")
19. Time Is On My Side (version 2) (3’00")
20. Little Red Rooster (3’06")
21. What A Shame (3’06")
22. Fanny Mae (2’13")
23. Mercy Mercy (2’47")
24. That’s How Strong My Love Is (2’27")
25. The Under-Assistant West Coast Promotion Man (3’21")
26. (I Can’t Get No) Satisfaction (3’44")
 
Durée totale :74:31