Incontournables
Sticky Fingers

Sticky Fingers

The Rolling Stones

par Brice Tollemer le 17 mars 2009

Paru le 23 avril 1971 (Rolling Stones Records / Virgin).

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Il avait déjà été dit dans une précédente chronique à quel point l’année 1971 était sans doute l’une des prolifiques dans l’histoire du Rock. Les Who sortent Who’s Next, les Doors LA Woman, David Bowie Hunky Dory, tandis que Serge Gainsbourg nous livre son Histoire de Melody Nelson et Led Zeppelin son quatrième album. Quant aux Rolling Stones, ils sont dans une période complètement folle. Ils sont déjà mythiques. D’une part, avec notamment des albums comme Aftermath, Beggars Banquet ou bien encore Let It Bleed, ils ont définitivement marqué de leur empreinte les années soixante et bien plus encore. Des chansons comme « Satisfaction », « Paint It Black », « Sympathy For The Devil » et « Gimme Shelter » s’inscrivent immédiatement comme des classiques. Mais, bien évidemment, la mythologie stonienne ne s’arrête pas là. Brian Jones, guitariste fondateur du groupe, se noie le 3 juillet 1969. Il meurt à 27 ans, et inaugure la morbide série des rock stars mort à cet âge de la vie : Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison et Kurt Cobain, pour ne citer qu’eux. C’est le jeune Mick Taylor, 20 ans, qui prend la suite de Jones à la guitare. La fin de l’année 1969 est apocalyptique pour le groupe : lors d’un concert géant le 6 décembre à Altamont, Californie, les Hells Angels, chargés de la sécurité, tabassent à mort un fan, Meredith Hunter…

Sticky Fingers est le premier album des Stones à sortir sur leur propre label. Le nom de l’album serait inspiré d’un film pour adultes. Quant à la pochette, elle est réalisée par Andy Warhol et devient elle aussi complètement légendaire. Chaque chanson de ce fantastique disque mériterait une propre chronique. Le riff introductif de « Brown Sugar » est fabuleux. Délicieusement entraînant et dansant. Les paroles, mêlent allégrement les allusions à l’héroïne, au sadomasochisme, au viol d’esclaves. La drogue et le sexe, tout simplement.

Gold coast slave ship bound for cotton fields,
Sold in a market down in new orleans.
Scarred old slaver know hes doin alright.
Hear him whip the women just around midnight.
Ah brown sugar how come you taste so good
Brown sugar, just like a young girl should

« Sway » laisse défiler un blues languissant. « It’s just that demon life has got me in its sway » chante Mike Jagger, accompagné par les chœurs d’un Pete Townshend notamment. Arrive ensuite la déchirante « Wild Horses » dont il y aurait tant à dire, remarquable composition, pleine d’émotion et de sensibilité :

I know I dreamed you a sin and a lie
I have my freedom but I dont have much time
Faith has been broken, tears must be cried
Lets do some living after we die

« Can’t You Hear Me Knocking » nous offre sept minutes de bonheur intégral, où les congas de Rocky Dijon et le saxophone de Bobby Keys nous transportent dans un univers absolument parallèle, escortés par la guitare de Keith Richards, le solo final de Mick Taylor s’assurant de nous faire arriver à bon port. « You Gotta Move », écrite par Fred McDowell et Reverend Gary Davis, et « I Got The Blues » parsèment eux l’album de leur touche blues et soul. Inévitablement, la femme est un thème fondamental de ce Sticky Fingers, quand elle est par exemple évoquée de manière enragée dans « Bitch ». La troublante « Sister Morphine » est une chanson écrite par Marianne Faithfull, l’égérie des Stones, tombée dans l’enfer de la cocaïne et qui avait enregistrée une première version en 1969. Naviguant au sein d’atmosphère fortement mélancolique et désespérée, elle est le rayon crépusculaire de l’intensité émotionnelle de l’album. Enfin, « Dead Flowers » avec ses accents countrysants, sent tellement l’Amérique que l’on pourrait croire entendre une chanson traditionnelle.

Après la sortie de l’album, le groupe, poursuivi par le fisc anglais car ayant contracté une dette de 29 millions de dollars, se réfugie dans le sud de la France. En 1972, sortira leur double album Exile On Main St., qui reprèsente probablement l’apogée artistique de leur carrière. Mais il n’en reste pas moins que ce Sticky Fingers peut être considéré, de façon symbolique (à ce titre la pochette y est pour beaucoup), comme l’album le plus représentatif dans l’imaginaire collectif de ce qu’étaient les Rolling Stones.



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1. Brown Sugar (3’50’’)
2. Sway (3’52’’)
3. Wild Horses (5’44’’)
4. Can’t You Hear Me Knocking (7’15’’)
5. You Gotta Move (2’34’’)
6. Bitch (3’37’’)
7. I Got the Blues (3’54’’)
8. Sister Morphine (5’34’’)
9. Dead Flowers (4’05’’)
10. Moonlight Mile (5’56’’)
 
Durée totale : 46’25’’