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mercredi 15 avril 2015
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par Our Kid le 31 janvier 2006
paru le 5 mai 1998 (Hush / Diabolo Records)
Icône de la scène anglaise du milieu des années 1960, les disques de The Creation sont chéris par ceux qui les possèdent et enviés par ceux qui ne les possèdent toujours pas. Objet d’un véritable culte Outre-Manche, The Creation n’en finit plus de traumatiser des générations d’artistes ou de musiciens frustrés recyclés dans l’industrie musicale. Repris par des artistes aussi divers qu’inconnus (Boney M et Ride notamment), le groupe fournit en 1982 son nom à un Écossais du nom d’Alan McGee pour son nouveau label (rendu célèbre une dizaine d’années plus tard avec le succès d’Oasis). Pourtant, quand on y regarde à deux fois, la carrière du quatuor n’a duré que deux petites années ! Signé sur le nouveau label de l’Américain Shel Talmy, premier producteur des Who, The Creation a publié en tout et pour tout six singles et enregistré deux albums destinés exclusivement au marché allemand où le groupe y décrochait tubes sur tubes.
C’est précisément la totalité de ces enregistrements que l’on retrouve sur « Our Music Is Red - With Purple Flashes » (faces A et B plus morceaux figurants sur les albums), une compilation particulièrement soignée avec un livret conséquent (plus de deux pages donc) et qui respecte parfaitement l’ordre chronologique ce qui permet à l’auditeur de mieux apprécier l’évolution de la musique du groupe. Musicalement, The Creation est le frère jumeau de The Who et Eddie Phillips le prof de guitare de Pete Townshend. Pour preuve, le premier single du combo, Making Time, sorti en juin 1966. Un déluge agressif de power-chords, du feed-back en-veux-tu-en-voilà et la voix menaçante de Pickett qui crache littéralement à l’écoute du disque. Le top du top réside dans l’utilisation par le guitariste Phillips d’un archet, une trouvaille qui deviendra une marque déposée du groupe et qui fera des émules bien plus tard chez un certain Page. Le second single du groupe contient même une participation de Nicky Hopkins au piano pour un résultat sonnant encore plus Who que les originaux. L’intérêt de cette compilation est aussi à rechercher, encore une fois, dans le passage du R&B vers la musique psychédélique - histoire de coller avec son temps. Et on n’est pas déçu ! Un titre comme Nightmares est une référence explicite aux drogues, Life Is Just Beginning et Through My Eyes sont le reflet des interrogations de l’époque : qui sommes-nous ? Que faisons-nous sur cette Terre ?
Stars en Allemagne, The Creation publie à l’été 1967 un album destiné à capitaliser leur succès autour de standards du rock’n’roll ou du R&B (Cool Jerk, Bony Moronie, Midway Down...) mais parvient tout de même à glisser des compositions et même deux reprises du moment : Like A Rolling Stone et Hey Joe. Les prestations du groupe avaient la réputation d’être visuellement électrifiantes, à l’issue toujours improbable et à l’énergie inépuisable. Dommage qu’on n’ait pas de morceaux live du groupe ! Consolation avec un autre tube des quatre, How Does It Feel To Feel dont l’intro rappelle curieusement le We Will Rock You de Queen. La version américaine du single est également présente et on y découvre du larsen, de l’écho, et un solo encore plus long, miam ! Soumis à un changement incessant de line-up, le groupe ne survit pas plus de 750 jours mais a, durant ce laps de temps, sorti des morceaux fondateurs du freakbeat. À signaler, une bonne surprise : deux morceaux en bonus retrouvés dans des archives et datant de 1966, ce qui porte à 24 le nombre de morceaux de The Creation. Pas mal pour un groupe obligé de tourner en permanence pour vivre.
Hormis le fait que cette compilation constitue la plus parfaite introduction à l’univers de The Creation, elle a aussi la bonne idée de faire baisser le prix des disques du groupe sur les étalages des collectionneurs. Les fans sauront apprécier.
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