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par one minute in the dream world le 28 juillet 2009
2009 (Ici d’Ailleurs)
Dès lors que l’on dresse le bilan de la scène française des 90’s, riche en groupes de qualité, mais aussi décalés et originaux (Sloy, Sleeppers, Condense etc...), évoquer les Deity Guns s’impose comme étant une nécessit2.
Repéré puis produit par Lee Ranaldo de Sonic Youth, mené de main de maitre par Eric Aldea, le combo rhodanien allait en effet nous gratifier, en 1993, d’un Trans-Lines Appointment magistral, qui le confirmait sans son option noise. Ceci après des débuts marqués par des rythmes d’obédience souvent punk, mais laissant augurer de la lourdeur noise, alliée à des élans speed marquants, caractéristique de cette pierre angulaire du rock hexagonal.
Sur cette réédition plus qu’ exhaustive donc, on retrouve cette pièce maitresse, de même que les EP’s, mini-albums et apparitions du groupe sur les compilations de l’époque. Puis, cerise sur le gâteau, un live incandescent enregistré à Rome et à Lyon. Trente-sept titres au total et pas un à écarter. Des modèles de noise furibarde et insoumise, d’expérimentation insolente de maitrise, dotés d’un esprit indé et "do it yourself" assumé et revendiqué. Des climats en trompe l’œil, soit directement et ouvertement déchirés, hypnotiques, massif et puissants, soit faussement apaisés, captivants et subtils dans leur construction.
On ne sait d’ailleurs par quel bout prendre l’objet, tant celui-ci déborde de perles et affiche, en dépit du nombre de titres affiché, une cohérence surprenante. Les standards pleuvent et on se laisse happer par le tourbillon sonore, le fracas des guitares d’Eric Aldea et Stef Roger, la basse pesante et groovy à la fois de Stef Lombard, par la batterie toute en ruptures de Franck Laurino, et enfin par le chant d’Aldea, incantatoire, vindicatif, à l’unisson de la trame musicale sauvage élaborée par ses collègues.
De Stroboscopy et son phénoménal Kurious...Here Today en ouverture, aux lives incluant des versions bluffantes de sincérité (recorded directly to DAT & K7, comme le dit la pochette), en passant par les morceaux enregistrés à l’occasion de compilations ou encore pour Abus Dangereux, et donc par ce Trans-Lines Appointment que l’on ne présente plus, les protégés de Ranaldo (lisez donc son petit texte dans le livret, il vous donnera une idée précise de l’impact de la formation au moment de l’enregistrement du disque), Wharton Tiers et Gilles Théolier réalisent un festival et nous prouvent qu’en dépit de la bonne tenue de certains groupes actuels, le meilleur nous vient bel et bien des 90’s, j’en veux pour preuve d’autres rééditions tout aussi significatives : celles des Thugs.
Je serais d’ailleurs bien en peine de vous "recommander" tel ou tel morceau tant l’œuvre des Deity Guns s’ appréhende comme un tout et s’écoute sans négliger la moindre seconde. On passe ici, avec le plus grand naturel, de moments de (fausse) quiétude à des cavalcades noise teintées de dissonances et scories noisy du meilleur effet, et l’évolution des lyonnais des élans punk de leurs débuts vers une orientation plus noise trouve, à l’écoute, sa parfaite logique.
Dans les conditions du live, les deux coexistent à merveille, les Deity Guns ayant l’art et la manière d’imbriquer les éléments avec bonheur, ce qui au final nous donne des prestations d’une rare intensité, où l’ennui et la platitude n’ont à aucun instant prise sur les compos d’Eric Aldea et sa clique.
En outre, le groupe se fend de deux reprises (Smile de The Fall et Hello Skinny des Residents) bien senties et qui, en plus d’une valeur musicale déjà avérée, prouveNT son bon goût.
On tient donc là, vous l’aurez compris, un objet précieux, au contenu incontournable, insubordonné et trépidant, et l’œuvre intégrale et plus qu’ aboutie d’un des meilleurs groupes que notre pays ait compté.
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