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mercredi 15 avril 2015
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par Brice Tollemer le 27 mars 2007
paru le 14 mars 1995 (Columbia Records)
Le concept de « Supergroupe » a toujours été à la mode dans l’univers du Rock et la mode s’est semble-t-il accélérée ces dernières années. Le dernier exemple en date étant celui des Raconteurs avec Jack White et de Brendan Benson. Mad Season, formé en 1994, est en l’espèce certainement l’un des plus aboutis. La qualité des membres qui le composent, la mouvance musicale dont ils proviennent, le contexte de l’époque, sont autant d’éléments qui peuvent expliquer cette réussite indéniable. L’alchimie était parfaite, le résultat l’est tout autant.
Retour en 1994. Seattle est devenu ce qu’on appelait alors la nouvelle Mecque du Rock. Nirvana a connu un succès foudroyant, qui a eu raison de son chanteur. Soundgarden cartonne également. Tout comme Pearl Jam. Un de ses guitaristes, Mike McCready est d’ailleurs en cure de désintoxication à Minneapolis. Il rencontre là-bas John Baker Saunders, bassiste de son état. Ils décident alors, lorsqu’ils sortiront du centre, de continuer à se voir pour jouer quelques trucs ensemble. À leur sortie, McCready convainc Layne Staley (Alice In Chains) de se joindre à eux. Le batteur et le chanteur des Screaming Trees, Brett Martin et Mark Lanegan les rejoignent également. Le projet Mad Season est né, appelé ainsi en référence à la période de l’année où l’on peut ramasser des champignons hallucinogènes. Le groupe compose rapidement deux-trois chansons et organisent de suite un concert au Crocodile Café de Seattle. La prestation donnée ce soir-là est convaincante, ne reste plus qu’à enregistrer un album.
La combinaison du chant de Staley et du jeu de guitare de McCready laissent une impression étonnante. Cela ne sonne ni comme du Alice In Chains, ni comme du Pearl Jam. Avec Wake Up, le début de l’album est tout bonnement merveilleux, la basse de John Baker Saunders est impeccable :
Wake up young man, it’s time to wake upYour love affair has got to goFor 10 long years, for 10 long yearsThe leaves to rake upSlow suicide’s no way to go, oh
River Of Deceit et son intro légendaire débarquent après un X-Ray Mind de folie. C’est probablement l’une des plus belles chansons enregistrées au cours de cette période :
My pain is self-chosenAt least, so the prophet saysI could either burnOr cut off my pride and buy some timeA head full of lies is the weight, tied to my waist
Vient ensuite Above, où Mark Lanegan vient se mêler à la fête et où sa voix s’accorde parfaitement avec celle de Layne Staley. Le chanteur de Screaming Trees interviendra surtout au cours de Long Gone Day. Son timbre si particulier fait merveille tout au long de la chanson, tout comme cette pointe de saxophone si délicieusement accomplie. C’est aussi l’une des principales raisons de l’intérêt si particulier que constitue le projet Mad Season : avoir pu réunir deux interprètes, deux compositeurs aussi talentueux qu’atypiques que Staley et Lanegan. Car on a tendance à oublier que l’une des principales forces de ce mouvement qu’on a nommé le grunge par simplification excessive, était en définitive la qualité de ses chanteurs. Et il faut rendre grâce à ce disque d’avoir offerte la possibilité d’apprécier deux de cette stature ci.
Malheureusement, Above est l’unique trace de ce projet. John Baker Saunders meurt d’une overdose d’héroïne en 1999, Layne Staley en 2002. De temps à autre, il avait été question d’une réunion du projet autour de Lanegan et de McCready, mais cette possibilité semble avoir été abandonnée. Reste donc cette œuvre, témoignage d’une époque, peut-être pas d’une scène à proprement parler, mais plus véritablement d’une adjonction sincère et réelle de talents musicaux.
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